lundi 14 avril 2014

Dimanche 13/04/14 : Le Roc Trespouzien

Courant janvier, Patrick nous envoie un mail pour nous proposer de participer au Roc Trespouzien le 13 avril. Mais d'où diable lui sort cette idée ? Je n'ai jamais entendu parler de cette rando. Et Trespoux se situe à côté de Cahors, autant dire que ce n'est pas tout près. Je cherche donc sur internet pour en savoir un peu plus. Me voilà en train de lire les comptes-rendus de Pedalator et de Yves. Bigre, c'est du sérieux cette affaire. Du D+ et du single à gogo. Voilà ma curiosité éveillée et la réflexion lancée. Je me garde d'une réponse trop hâtive. Pas évident avec mon travail de m'entraîner un peu sérieusement à cette époque de l'année, mais un bel objectif est toujours motivant. Finalement, lors d'une sortie dominicale, je promets à Patrick de l'accompagner. Benoit décide de suivre son coach, Sebastien y voit une opportunité d'un test avant la Granit qui l'inquiète un tout petit peu sans qu'on comprenne bien pourquoi d'ailleurs. Bastien a opté pour la JR, oui mais ... à la réflexion l'appel du single et des belles descentes est le plus fort. Alain qui connait l'endroit nous en vante les mérites et décide de venir aussi. Une bien belle équipe se dessine ! Difficile de jauger la difficulté de l'épreuve à la lecture des CR , prudemment, je décide de profiter des avantages de travailler pour un grand constructeur automobile et je troque ma voiture de fonction pour un Jumpy Multispace version longue. On pourra se se relayer à plusieurs au retour en cas de grande fatigue. Jean-Marc et Mary seront aussi de la partie, et dans la semaine qui précède,
c'est une avalanche de messages qui s'échangent au sein de notre petit groupe. Des questions stratégiques sont à résoudre, comme le choix du restaurant, la monte pneumatique ou même le type de vélo à choisir. Vous imaginez les débats ! La casse du bras arrière du Cube me met dans l'embarras. Comment est le terrain ? Après moult hésitations et quelques traîtres tentatives visant à déstabiliser Patrick, j'opte pour le Gaea semi-rigide, privilégiant le D+ et pariant sur un terrain comparable aux Cadoles où je n'avais pas spécialement été secoué avec ce cadre éprouvé sur plusieurs grands raids. Option sécurité :-) . Pour le resto, on s'oriente vers le Bergougnoux, recommandé par un collègue connaissant le coin. Mary s'occupe de la réservation avec un nombre de convives en augmentation constante puisque Dominique et Corinne, des amis de la famille Pedalator se joindront à nous. Nous voilà à 10 à table. La météo s'annonçant magnifique, on a tous hâte d'y être. Voyage sans histoire à Cahors, nous sommes à quatre dans le Jumpy, Patrick et Bastien ont pris leur voiture, ils enchaînent derrière sur des vacances. Après avoir posé nos affaires au Kyriad où on apprend avec plaisir que le petit-déjeuner est servi à 6h30, on rejoint Bastien, JM, Mary au F1 où Dominique et Corinne arrivent peu après. Ce sont des multi-raideurs qui ont profité du samedi pour un petit raid histoire de s'échauffer avant le Roc Trespouzien. Oulà ! On ne joue pas dans la même catégorie. Le temps de constater que la roue de Corinne frotte sur l'étrier et que les plaquettes sont mortes,sans solution évidente faute de matériel de rechange, nous filons sur le centre ville de Cahors. La soirée sera très agréable. L'adresse était plus que bonne. Un chef vraiment sympathique et passionné qui chouchoute ses clients avec une cuisine maison absolument divine. Un véritable régal débuté par un apéritif local et ponctué par un feu d'artifice de pâtisseries maison en dessert. Benoit fait la démonstration de son légendaire coup de fourchette mais l'esprit de compétition de Jean-Marc est bien présent et l'affrontement du Benoilator et du Pedalator fera des victimes : les clafoutis maison n'y résisteront pas :-) . Une bonne nuit de sommeil et nous voilà d'attaque pour la matinée. Premier aléa du jour, Alain s'est rendu compte qu'il avait perdu ses papiers. Aie ! Recherche infructueuse. Nous perdons un peu de temps à nous préparer, Jean-Marc, Mary, Dominique et Corinne partent avant 8h pendant que nous démarrons 1/4h plus tard après avoir rapidement récupéré nos plaques de cadre.  Nous avons le plaisir de discuter avec Stef_mtb, l'organisateur de la Granit qui nous parle des modifications du parcours 2014. Miam :-) . Il nous recommande au passage les Démons de Gueret, une épreuve qui a lieu 15 jours avant et vaut le déplacement nous dit-il. Décidément, tout le monde m'en parle ces jours-ci. Le beau soleil annoncé n'est pas encore là, au contraire, un épais brouillard recouvre le site. Dans les premiers kilomètres, la visibilité sera parfois délicate avec l'humidité qui se dépose sur les lunettes. On est tout de suite dans le vif du sujet, après quelques centaines de mètres, les singles sont déjà là. Ça tournicote dans tous les sens, voilà qui augure bien de la journée. Mode plaisir enclenché. J'essaie de remonter les vététistes devant moi pour ne pas être gêné. A ma grande surprise, nombreux sont ceux qui semblent en difficulté technique, pourtant la majorité des participants est du coin.
Séance hésitation sur un grand chemin où des concurrents ont fait demi-tour. En bons moutons de panurge on en fait autant, pourtant le balisage me semble clair. Finalement, je rameute Benoit et le reste de la troupe et on reprend l'itinéraire initial qui était bien la bonne option. Difficile de savoir ce qui a créé ce mouvement de panique, le balisage ne souffrira d'aucune critique tout au long du parcours avec toujours une flèche ou une rubalise au meilleur endroit possible. On entame une première grosse montée. Je profite du Gaea pour accélérer et remonter un maximum de concurrents, je vois Alain un peu plus haut. Le sentier est en balcon et juste au moment où je reviens sur lui, le gars devant moi bascule dans le trou sans raison évidente. Je m'arrête, tout va bien mais le suivant heurte ma roue et ouvre le serrage rapide. Petite séance de mécanique pour tout remettre en place, je repars mais ne vois plus Alain ni Bastien. La luminosité s'améliore un peu, très beau passage à flanc de coteaux avec vue sur la vallée sur un magnifique sentier qui tourne dans tous les sens. Les premières belles descentes arrivent. Il y a de la pente, mais c'est fluide et super ludique, je prends beaucoup de plaisir sur ces passages. On enchaîne sur ce qui constituera le thème de la journée : de la monotrace qui tourne entre les arbres, qui monte et qui descend avec des pierriers tous les 50m. Un terrain qui n'est pas sans rappeler le Raid des Cadoles, mais dans un paysage plus sauvage. Un concurrent dépassé en montée me promet de me faire ma fête en descente. Ils sont susceptibles dans le coin ! Terrorisé par cette redoutable menace, je ferme les yeux et lâche les freins en priant pour ma survie sous les yeux d'un photographe. Prière entendue, je ne reverrai jamais mon agresseur finalement pas si rapide que ça :-) . Lol . Arrivée au premier ravito au bout de 20km. Benoit, Sebastien puis Patrick arrivent peu après. Patrick tombe juste avant le ravito, genou écorché. Il discutait avec un concurrent et a chuté par inattention. Au ravito, nous découvrons un vélo improbable, vélo de ville modifié dont je me dis que c'est une blague de l'organisation.
Un participant, pensant que Benoit est le propriétaire le sermonne en lui disant que c'est une aberration mécanique et qu'il court au suicide. Notre Benoilator joue le jeu et défend avec fermeté et conviction sa supposée monture au grand dam du quidam vert de rage . Nous sommes pliés de rire avec Patrick :-) . Direction le ravito 2, situé au km 38. Le ton du parcours ne change pas : ça monte , ça descend, ça tourne, 100% de singles, et pas un seul instant de répit. Certaine zones sont ouvertes pour l'occasion, on roule sur des traces presque invisbiles seulement marquées par les passages précédents. Les relances permanentes consomment de l'énergie et les descentes fluides et ludiques ne laissent finalement pas beaucoup de temps de récupération car on les dévale à toute vitesse. Pas de doute, ce coin est un paradis à vététistes, une bénédiction de dame nature. Peu avant le ravito se présente une des plus rudes bosses du parcours. Ca monte longtemps. Nous roulons de concert avec Benoit lorsqu'il me semble reconnaître le maillot de la concurrente que nous rattrapons. Et oui, pas de doute, c'est Corinne. On est étonnés de la voir là. En fait, le repas a laissé des traces, mauvaise nuit et pas de jambes. "J'agonise, mais j'irai au bout, ne vous inquietez pas". On s'inquiète quand même mais la détermination de cette guerrière ne fait aucun doute, je sais qu'elle va y arriver. On continue, et dans le passage raide, je chope un point de côté qui ne va plus le lâcher . C'est la 2ème fois que ça m'arrive cette année après Larchant. Je laisse filer Benoit et Sebastien et ralentit le rythme. On arrive rapidement au ravito, regroupement général. Patrick, qui est en proie pour la énième fois à des problèmes de dérailleur arrive peu après puis Corinne. Cette fois, Pat, il va falloir vraiment foutre à la poubelle ce X0 ensorcelé qui fait passer la chaîne entre le galet et la chape.
Nous repartons tous les cinq, avec une grosse descente à la clef. De la pente, des passages plus engagés que dans les précédentes. Je regrette mon Cube, car l'arrière du Gaea sautille sur ce type de terrain rendant le contrôle plus difficile mais ça passe bien quand même, merci le travail technique à Bleau. Alors que ça devient facile, je vois tout le monde à pied devant. Bizarre, pas de raison apparente. Et là, je découvre le drame qui s'est joué quelques instants plus tôt. Mary a chuté et s'est fait très mal à la cheville. Elle peut a peine clopiner en se tenant au vélo, ça fait vraiment mal au coeur pour elle. Gros coup de pas de chance. Jean-Marc l'aide, les secours sont prévenus et arrivent. On descend sur la route pour découvrir Bastien sans vélo. Décidément, rien ne va plus. Bastien attend en fait la voiture qui doit ramener la blessée.  Mary en sécurité, nous reprenons le parcours et Bastien son vélo , maintenant nous sommes six. Scénario atypique que ce regroupement progressif. Nous voilà encore dans un autre environnement.
On traverse des passages étonnants dans une sorte de jungle mousseuse avec des lianes toutes vertes qui pendouillent. Décors peu banal qu'on croirait tout droit sorti d'un film de science-fiction. Heureusement, aucun monstre vert venu d'ailleurs ne surgit, sans doute effrayé par Bastien qui ouvre la route tambour battant. Je n'ai jamais rencontré un endroit similaire, immortalisé sur la vidéo de la caméra embarquée. Le D+ augmente régulièrement et nous repartons pour une séance de tournicotage sur des singles émaillés de pierriers. Je suis moins vaillant, les jambes tournent toujours bien, mais la douleur lancinante sur le coté droit m'empêche de forcer et les prémices de crampes apparaissent. La chaleur et les relances permanentes me font souvent ce genre d'effet. Rien de dramatique, je m'accroche tant bien que mal. Sebastien est en pleine forme et ne lâche pas la roue de Bastien. Sacrés progrès pour notre dernière recrue, fin prêt pour la Granit, Seb, c'est ton coach qui le dit :-) . Les secousses permanentes sur le vélo me font regretter la suspension arrière, vivement le retour du bras réparé, c'est mon dos qui me le dit ! Le paysage reste superbe et sauvage et les descentes toujours aussi ludiques. Je viendrais bien m'installer ici, c'est un magnifique terrain de jeu. Dernier ravito au km 55, on nous annonce un super descente et une ultime belle montée. On attend tout le monde et nous repartons groupés. La descente est effectivement un grand moment de plaisir. Benoit qui s'est employé la veille à convaincre Dominique qu'il n'aimait pas descendre, file bon train comme dans tous les passages précédents. Ca me fait sourire intérieurement, quel farceur ce Benoit. Je rigole moins dans la bosse qui arrive. Dès les premières pentes, je sens la crampe monter et ma cuisse gauche tétanise. Arrêt d'urgence, heureusement ça ne dure pas et je peux repartir, crampes définitivement passées, plus aucun souci ensuite. Corinne et Benoit attendaient un peu haut. Elle nous fait promettre de lui envoyer les vidéos ce que nous acceptons avec plaisir. Derniers sentiers avant l'arrivée, toujours sur le même modèle : virolos, arbres et pierriers. Je rattrape un concurrent en jaune et bleu qui me semble bien fatigué. A ma grande inquiétude, en voulant s'écarter il fonce dans un arbre et passe par dessus le vélo. Pas de bobo, heureusement. Puis on débouche sur une route en légère montée avant de voir un panneau stop et "Hourra!" sur la route. Nous voilà arrivés après 65,3 km, 5h50 de roulage et 1910m de D+ au GPS. Corinne nous rejoint quelques instants plus tard, sacré guerrière.  Waouh ! Quel week-end riche en aventures et émotions, beaux moments de vélo et d'amitié. Un parcours exceptionnel, à refaire avec le Cube pour en profiter encore plus. Merci à Patrick pour cette idée géniale, merci au chef du Bergougnoux pour sa cuisine et sa passion qui font plaisir à voir et encore plus à manger, et enfin, une pensée pour Mary ( et Jean-Marc )  à qui on souhaite un rétablissement rapide. Et en repartant, nous voyons le fameux vélo que je prenais pour une blague sur le coffre d'une Clio. Incroyable, il appartenait donc bien à un concurrent !! .

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci JP
pour tes CR toujours aussi enlevés comme ne pas aimer le VTT en te lisant et de rouler sur tes traces.

Super partie de manivelle en tous les cas et entre nous, les 3 derniers kilomètres j'étais rincé, chaques montées, chaques relances faisaient s'envoler le Cardio et la récup était difficile, j'ai été obligé de laissé filer Bast et Seb.

Pat en vacances en stage pour la GMU (l'ultime ?)des klm et du D+ en perspective

PS : promis je change le dérailleur

Anonyme a dit…

Bonjour et bravo pour ce CR
Pour info, le VTC appartient bien à un concurrent,excellent descendeur qui a perdu l'usage de sa main sur une chute en descente.Il a bricolé ce vélo avec frein couplé pour pouvoir continuer à vivre sa passion (mais d'une seule main)

bast92 a dit…

Merci pour ces précisions.
Faire le Roc Trespouzien avec une seule main et un VTC, ça force le respect !!!
Bravo à lui et à l'an prochain.

JP bravo pour ce magnifique CR qui rend bien l'ambiance et la joie éprouvée par nous tous lors de ce super WE. On en redemande :-)
Vivement la Granit !