Il y a des épreuves qui sortent de l'ordinaire par leur parcours ludique, d'autres par leur ambiance, certaines sont techniques ou demandent d'avaler du D+. La Granit, c'est tout à la fois, avec en plus une convivialité unique. Je ne peux donc commencer ce CR qu'en saluant d'abord l'extraordinaire travail de l'équipe d'organisation qui a su tracer des parcours de rêve en y ajoutant un accueil formidable qui donne une envie irrépressible de revenir pour l'édition suivante. Dans ce petit village de Saint-Sylvestre, on se sent chez nous, à la maison et c'est avec regret qu'il faut reprendre le chemin du retour lorsqu'enfin, on passe la ligne sous l'arche d'arrivée après des heures d'effort et de plaisir. La première fois, c'était il y a 2 ans. Un souvenir inoubliable après avoir lutté pendant presque 10 heures pour voir cette arche qui semblait si lointaine. Dernier classé et invité par l'organisation à revenir l'année suivante après avoir grimpé l'interminable montée finale encouragé par des dizaines de spectateurs. Cette année là, des circonstances personnelles bien douloureuses avaient rendu l'entraînement difficile et c'est la volonté de donner à des proches gravement malades l'énergie de se battre qui m'avait porté jusqu'au terme de l'épreuve. L'année dernière, la préparation s'était bien passée mais la grosse chaleur et l'humidité avaient provoqué des crampes terribles passé la bifurcation du grand parcours, c'est donc encore à l'énergie que j'avais atteint le but dans un temps strictement identique à l'année précédente, petite frustration. Mais cette fois, il y avait encore du monde derrière. Surement une explication du durcissement cette année de la porte horaire pour ne pas faire arriver trop de monde à pas d'heure. Malgré les crampes, le plaisir avait comme toujours été bien présent, sur ce parcours physique mais incroyablement ludique avec ses traces serpentant en pleine forêt, ses grimpettes usantes et ses défis tournicotant entre les arbres où l'adrénaline et le plaisir se combinent en sensations uniques. @GranitInside, marque déposée et inimitable. Pour l'édition 2014, cette fois, j'étais bien décidé à améliorer significativement le temps de parcours. Avec toute la bande de copains avec qui nous arpentons les chemins, on a employé les grands moyens . Travail technique à Fontainebleau l'hiver à "sauter les cailloux" comme le dit Benoit pour améliorer le coup de guidon sous l'oeil de maître Xav et de Bastien définitivement tombé amoureux de cette forêt. Puis on a enchaîné ( enfin , pas tous :-) ) sur le foncier, et ne reculant devant rien, il m'est même arrivé de rouler sur la route, histoire de travailler un peu plus la résistance. On a ensuite mis au programme les répétitions de D+, utilisant Bleau, Chevreuse et le Roc Trespouzien dans ce but. Et pour couronner le tout, un petit régime histoire d'alléger le vététiste, car comme le dit l'ami JM, le poids, ça tire en arrière dans les bosses. Dans les trois dernières semaines, la forme arrive, le coup de pédale devient plus léger et je commence à obliger mes petits camarades à appuyer un peu plus fort sur les pédales. Petit clin d'oeil du destin, quelques incidents mécaniques surviennent sur les montures de l'équipe et je me retrouve donc au rang de constructeur engageant trois vélos : le Gaea avec David, l'Intense avec Benoit et le Cube pour moi. Nous prenons la route de Limoges samedi en début d'après-midi, voyage sans histoire pour se retrouver aux inscriptions. David découvre que la roue arrière du Gaea s'est mise à fuir pendant le trajet en voiture, mystère de la mécanique. Il faudra donc rouler en chambre, qu'il surgonfle prudemment. Un petit tour à l'hôtel puis direction un super resto "le Clos des Cèdres" où nous nous retrouvons à 10 avec JM et Mary. Belle soirée amicale à discuter méthodes d'entraînement et vélo. Dimanche 8h, nous nous garons sur le parking sous le départ. Patrick entreprend son rituel de préparation : montage du vélo, gonflage des pneus, heureusement, pas d'incident à noter susceptible de le contrarier. Notre Pat est un peu stressé, victime d'une chute malheureuse à l'arrêt l'an passé, il n'avait pas pu finir, et il a une revanche à prendre cette année. Benoit est serein comme d'habitude, malgré une préparation plutôt light, mais bon, bah c'est pas grave, "il y a beaucoup de montées où je pourrai récupérer des descentes" nous dit-il. Et oui, cette homme n'est pas construit comme le commun des mortels. Seb est inscrit sur le 55km alors qu'il a parcouru plus de kilomètres que tout le groupe réuni, mais c'est son premier grand raid, il veut assurer le coup. Hervé est venu après avoir été séduit par les récits de David, lui aussi est un peu stressé, comme Benoit il préfère les montées aux descentes techniques. David attend avec impatience de tester le Gaea et de voir s'il suivra Bastien, tout juste remis d'une piqure de tique mais il en faut plus pour abattre son énergie et sa passion pour les sentiers techniques, tout comme Alain qui se plaint d'une bronchite tenace mais sourit déjà des descentes où il pourra faire parler sa virtuosité. 8h30, c'est le départ !
Ah, ben non en fait. Sebastien Clavier vient de briser ... sa patte de dérailleur. Etonnant alors qu'on n'a pas encore roulé. Les organisateurs lui accordent un petit temps de répit, et nous voilà partis 5 minutes plus tard. Devant moi Bastien et David partent comme des fusées, pendant que je remonte le plus possible pour éviter les bouchons dans les premiers passages techniques. Un concurrent tombe et se fait mal dans la descente rapide qui suit. Hervé me rejoint dans la première montée, nous roulons un peu ensemble mais il appuie bien sur les pédales et s'éloigne devant. Peu après, j'entends le cardio de Patrick qui me rattrape "biiip biiip" , je me retourne, et autour du cardio se trouve bien Patrick et son vélo. Nous allons rouler de concert un bon bout de temps. Ca bouchonne un peu dans les passages techniques, beaucoup de concurrents sont étonnamment peu à l'aise. Le travail de l'hiver paie, on passe sans difficultés dépassant pas mal de monde. Sur un passage bien raide avec des signaleurs au bout, le vététiste devant moi plante l'avant réalisant un incroyable salto qui l'expédie dans le fossé en passant au-dessus des gens ! Espérons qu'il ne se soit pas fait trop mal. On avance sur un bon tempo mais sans forcer, prenant beaucoup de plaisir à retrouver ce terrain unique. On tente tout sur le vélo, sur un passage délicat, je regarde le photographe au lieu de regarder où je veux aller, ce qui me vaut un bel OTB où je perds au passage mon "GPSPhone". Il a des trous et des feuilles partout, impossible de le retrouver, je me résigne à l'abandonner priant pour que quelqu'un le ramasse. On arrive au premier ravito pour une pause éclair où je sors un collier rilsan pour refixer la plaque de cadre dont une attache a lâché sur ma cabriole.Le temps de compléter le camel et nous voilà repartis, la porte horaire est plus tôt que l'année dernière, il ne faut pas trop traîner en chemin. Patrick passe devant et imprime un tempo dynamique. Il virevolte dans les passages techniques, je suis épaté, lui qui hésitait il encore quelques temps sur ce genre de difficultés passe sans se poser de question. Chapeau Pat ! Je reconnais certains passages où j'avais mis pied à terre les autres années, désormais aucune frayeur mais beaucoup de plaisir à tout franchir à vélo. Le terrain est super sec, du coup le sol est un peu fuyant et il faut vraiment éviter de toucher au frein avant et tout contrôler de l'arrière. Mes plaquettes finiront bien usées à l'arrivée. Mais quel pied de sentir le vélo virevolter en glissade sur ces descentes incroyables posées au milieu de nulle part et dessinées par des sorciers de la trace VTT. Quelques concurrents nous rattrapent sur un tempo impressionnant, mais d'où sortent-ils ? Ah oui, bien sûr, c'est la tête du 55. Petit souci, je me rends compte que la commande de la tige de selle télescopique ne fonctionne plus . Zut, c'est quand même bien utile sur ce parcours. Bon, tant pis, on fera sans. Puis je me souviens qu'il y a un réglage de tension, ouf, ça remarche. A part le 55, personne n'est revenu sur nous, c'est bon signe, on est sur un rythme correct. Une descente anodine, je ripe sur une racine et m'étale sur le côté. J'ai toujours les pieds clipsé sur les pédales et ça m'étire un mollet dans la chute ce qui provoque une crampe terrible. Je vais rester trois minutes sur le coté avant de pouvoir remonter sur le vélo. Je perds Pat dans l'affaire. Faute idiote de déconcentration. Je repars, et retrouve Pat au ravito 2 situé au km 34. Je le laisse repartir, mon étrier de frein a bougé dans la chute et ça freine la roue, inutile de rajouter de la difficulté au parcours et on est largement dans les temps, donc je me lance dans une séance de réglage ce qui me permet de saluer Benoit qui arrive au moment où je repartais. Je suis content, vu l'heure, c'est gagné pour lui, il va passer la porte horaire sans souci, youpi, pronostic 100% de finishers dans la team. Je passe la porte vers 12h30 pour un horaire limite à 13h. La moyenne descend doucement, le parcours devenant de plus en plus difficile. C'est le truc à savoir sur la Granit : le plus dur, c'est la boucle spécifique du 75km avec 1000m de D+ annoncé en 20km. Je discute avec un concurrent sympa à l'accent chantant, il en est à sa 4ème édition. Je reconnais des passages mythiques, comme Sanglier Land, puis ça monte, ça monte, pour arriver au ravito 3 en haut des pistes de DH au Puit de Sauvagnac.
Accueil toujours aussi charmant à ce ravito non moins mythique. Remplissage du camel, je m'étire pour éviter les crampes et justement, ce sont les étirements qui en provoquent une. Du coup, j'avale deux verres de Saint-Yorre, priant pour que ça passe. Me voilà dans la DH Kaolin, super vue au départ puis une belle descente fluide et ludique, un vrai plaisir avec un panneau à chaque virage. Ce tronçon entre les ravitos 3 et 4 est le plus dur. Plusieurs montées qui semblent interminables, pour déboucher sur la descente A-Line, nettement plus délicate que la précédente. C'est là qu'on met à profit les séances de "saut de cailloux", parce-qu'il y a justement des gros cailloux à passer. Je me fais pas mal secouer, au point que mes lunettes finissent par me tomber sur le nez. Argghl, j'y vois plus rien, machinalement je freine, très mauvaise idée, je plante l'avant et me voilà expédié la tête la première dans un buisson de ronces ! Pas évident du tout de s'extraire du truc , j'ai l'air malin :-) . Pas de bobo à part des épines un peu partout et des griffures qui donnent l'impression que je viens d'affronter un régiment d'ours des cavernes qui observait la course. Je repars, doucement, l'incident m'a un peu déstabilisé et je mets quelques minutes à revenir dans le rythme et rejoindre deux concurrents qui m'avait passé traîtreusement alors que je battais des jambes à la recherche d'un point d'appui :-) . Un nouvelle longue remontée pendant laquelle une équipe me colle une pastille sur la plaque. Me voilà rassuré car je n'avais vu personne à la porte horaire et pas plus après un panneau qui marquait "pastille 50m". J'ai donc enfin ma pastille officielle, youpi ! Le ravito 4 se présente au km 64, et à ma grande surprise voilà que j'y retrouve Hervé. Il a les bras tétanisés avec les descentes sur son SR 26". Il repart devant moi, je le rattrape quelques minutes plus tard. On arrive sur une nouvelle descente sur un terrain qui semble être un parcours de motocross. Pente et rochers, j'y vais prudemment, quelques épingles me semblent difficile à négocier. La fin se termine sur un talus raide, et je manque de me prendre le mur en face. Du coup, je tourne à gauche sans voir la flèche qui disait d'aller à droite. Ca me vaut donc un bon km supplémentaire où j'entraîne plusieurs concurrents avant qu'on réalise notre erreur. Voilà les panneaux arrivée 5km. Je sais que le dur est fait. Les jambes vont super bien à ce moment, j'accélère autant que possible pour rattraper à nouveau Hervé que je rejoins finalement dans la descente du Castor. J'attaque la dernière montée, j'entends un vélo derrière, un gars est revenu dans la descente. Je monte aussi vite que possible pour franchir la ligne devant lui au bout de 8h18 d'efforts. 1h46 de moins qu'en 2013 ! Yaoooouhhhhh ! Trop content. Pour la première fois j'ai profité du parcours à 100% sans jamais être à l'agonie. Quel pied ! Patrick est arrivé depuis 20 minutes, Bastien en 6h54 et David en 6h58 puis Alain en 7h30. Hervé arrive 2 minutes après moi, suivi par Benoit 1/2h plus tard. Seb quant à lui est déjà douché après avoir bouclé le 55km en 5h, il regretterait presque de n'avoir pas fait le 75 :-) . Toute l'équipe est à l'arrivée et mes trois vélos aussi. Le tout sous un temps idéal, du soleil mais pas trop chaud et du vent pour rafraîchir, un parcours de rêve , une équipe d'organisation géniale et aux petits soins. On refait la course tous ensemble devant notre plateau repas. Puis c'est l'heure de rentrer. Déjà ... . Un an à attendre avant de revenir rejouer au paradis des VTT. Sur le chemin du retour, on entend l'équipe de France gagner à la radio, et je reçois un mail des organisateurs : il ont retrouvé mon GPS. Une de ces journées parfaites où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Une petite larme coule sur mes joues, je pense très fort à Yolande et Robert qui nous ont quitté il y a 2 ans après ma première Granit. Je vous dédie ce récit et j'espère que vous le lirez à travers mes pensées. Ah, j'oubliais : avec mon petit détour, 76,3 km au GPS, 7h40 de roulage, 8h18 au total et 3240m de D+ .
Beau CR
RépondreSupprimerj'étais avec le gars de l'orga qui a retrouvé ton GPS (dernière descente avant le ravito 1)
belle perf.
cette année je me suis également bien mieux préparé. J'ai fini mon 55 en 5h50 (sans jouer le chrono et en attendant mon pote)100% de plaisir aucune crampes, tout descendu sur le vélo. Ma base sur le 75 aurait été aux alentours 8h30. L'année prochaine je recommence mon entrainement spécifique et je fais le 75.
je t'ai vu dans la grille de départ mais j'ai pas voulu te déconcentrer.
Hervé Dubourdieu (N.R.V. sur forum VV)
Hello Hervé,
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire sympa. On est arrivé un peu tard pour la mise en grille, pas eu le temps de te chercher pour te saluer. J'ai pensé à toi en passant dans le virage à 3km de l'arrivée où tu avais cassé ta chaîne l'année dernière. Pas de boue à cet endroit cette année :-) . Rendez-vous en 2015.
Trop cool ton récit jp.
RépondreSupprimerJe pense rouler avec la saison prochaine.
Je mets un peu de côté le triathlon et retour au vtt.
A bientôt