Je réserve un appartement pour 6 , tentant jusqu'au bout de convaincre Marco , ce ne sera pas encore pour cette fois, mais ça y était presque. J'avais même commandé une méteo favorable malgré la saison. Avec le changement climatique, désormais il fait mauvais en été en beau en automne : il faisait plus froid la nuit sur la Gravel Fever en septembre que sur le Gravelman de Novembre.
La phase de préparation est fertile en échanges dans l'équipe et c'est déjà une partie sympa de l'aventure. Pour Benjamin , c'est une première sur cette distance et ça compte dans une vie de cycliste.
Je repère sur le parcours les points ravitaillements boulangerie , tout en aidant l'organisation à débugguer la trace qui comportait de curieux aller-retour ajoutant articifiellement 20 km . Finalement le parcours fait 358 km , déjà de quoi s'amuser. Selon les outils utilisés pour analyser la trace , on obtient des prévisions de dénivelé très variables , allant de 2700 à 4000. Sujet toujours difficile à prévoir le dénivelé , on verra bien, mais ça alimente les discussions sur ntore groupe Whatsapp 😀.
Au lieu d'arriver avenue de la Grande Armée , comme pour les précédents Gravelman, l'arrivée sera cette fois au parking du Bois de Boulogne. Je prévois de garer ma voiture en sécurité dans un parking à Puteaux , puis de rejoindre la Gare de l'Est à vélo, un TGV+navette nous amenant à Verdun en moins de 2h.
Arrivé au jour J, le plan se déroule à merveille, et ayant pris 2 jours de RTT, j'arrive le premier à Verdun , avant mes petits camarades qui arrivent par le train du soir. Benjamin vient lui en voiture avec madame comme chauffeur et fait le taxi pour Xavier , un autre participant.
J'en profite pour passer à l'hôtel B&B, lieu de départ, pour récupérer pour toute l'équipe, les balises GPS qui permettent de nous suivre en temps réel via le site Dotvision. Je fais la connaissance de Cecilia et Mickaël qui assurent l'organisation aujourd'hui . Comme toujours, l'équipe est super bienveillante et sympathique, un plaisir .
Contre tout attente, c'est Sam, le frère de Ludo , qui est victime de l'aventure du jour avec un RER stoppé qui lui fait rater le train. Normalement, ça n'arrive qu'à moi ce genre d'aventures 😀 . Aurais-je refilé le virus à Sam ? Bien possible , çar le lendemain c'est son phare avant qui refuse de s'allumer au départ !
Pendant que notre pauvre Sam mange comme il peut dans un fastfood Gare de l'Est en attendant le train suivant, nous dînons dans une adresse très chaudement recommandable à Verdun : le Bistrot d'Elo . Un restaurant qui mérite qu'on lui fasse de la pub ! . Par égard pour Franck qui va surement lire ce compte-rendu, je resterai discret sur la carte , mais on s'est tous RE-GA-LES !
Sam nous rejoint au retour du resto , dernière séance de réglage des vélos
Une courte nuit , et lever à 4h15 pour prendre un petit déjeuner consistant au vu de la journée de 360 km qui nous attend. Mais il nous faut au préalable déposer les sacs que l'organisation transportera jusqu'à l'arrivée.
Nous voilà au départ. Je me sens en pleine forme , bien reveillé et j'ai hâte de savoir si les très bonnes sensations ressenties les deux dernières semaines vont se confirmer sur le vélo.
Un petit briefing de Mickaël et c'est parti !
Une première bosse de 4km nous attend à peine 2km après le départ histoire de bien s'échauffer. On monte au train, dans la nuit , surplombant les lumières de Verdun en direction de Douaumont, haut lieu historique et premier point de contrôle ( CP ) virtuel.
Les jambes tournent toutes seules, on monte au train. Benjamin qui n'aime pas (encore) les bosses s'en sort très bien, il va nous épater en tenant le rythme sur les 200 premiers km . Il a prévu de son coté un stop à Chateau-Thierry pour boucler le parcours en 2 étapes , largement dans les clous des 50h autorisées pour être finisher.
Nous arrivons en haut de cette première montée sans difficulté, nous voilà dans une belle forêt et le terrain se fait plus roulant. Alors on roule ! . Le GPS indisque largement plus de 30km/h. Bien qu'il n'y ait pas de grosse difficulté, il n'y a pas non plus de longues portions plates. On est sur un terrain valloné, ça monte et ça descend, ce qui évite toute monotonie. On s'imaginait le parcours un peu plus plat se dit-on 😀 . La suite confirmera que les estimations de D+ les plus élévées étaient les bonnes !
Pour la première fois depuis longtemps sur une épreuve ultra , nous avons une bonne météo et un léger vent dans le dos. Ca change des 70km/h de vent de face de la Gravel Fever 2023 😰 .
Notre petit groupe file à très bonne vitesse, accompagné par quelques concurrents qui sont venu se joindre à nous. Sur les Gravelman, rouler en groupe est autorisé. Un gars en Bianchi ( notez bien ) , est avec nous , s'échappe parfois , avant qu'on le retrouve au grès des arrêts des uns et des autres lors des photos CP ( une specificité du Gravelman: le jeu est de prendre des photos des CP virtuels bien que pas obligatoire )
La moyenne n'arrête pas de monter et frôle les 28 km/h . Je vois un message de Richard sur mon GPS qui me dit "vous êtes 5ème !" . Ah oui ! Ca motive !
Le parcours est superbe sur des routes désertes et dans de belles forêts aux couleurs d'automne, puis bientôt les premiers côteaux de Champagne.
Je verrai même à un moment un message de Karine mon épouse qui me dit "vous êtes premiers ! " . Mazette . Juste avant la pause boulangerie de midi où on perdra quelques places , certains ayant manifestement décidé de boucler le parcours sans aucun arrêt.
Mais nous ne pouvons pas resister à cette belle et bonne boulangerie, "La Case à Pain" à Verzy . On y découvre un principe jamais vu ( par moi du moins ) : les garnitures de sandwichs sont posées sur de petites lames en plastique . On choisit la garniture et ensuite la boulangère prépare le sandwich dans du pain frais . Genial et délicieux.
On se régale, il ne fait même pas froid et on peut tranquillement manger dehors. Il est temps de repartir, nous sommes au km 137 , il en reste quand même 220 😉.
Ca monte fort pour repartir, et on enchaîne quelques bosses bien plus costaud que celles qu'on a déjà passées , dont une avec un long passage à 17% où la cassette de 34 de mon Axxome trouve tout son intérêt. Benjamin s'arrache et on n'a même pas le temps de faire une pause pipi au sommet qu'il arrive déjà ayant gobé quelques concurrents en difficulté. Chapeau !
On se rapproche des 200km , arrêt prévu pour Benjamin au km 220 à Chateau-Thierry. Sam et Benjamin commencent à gérer un peu, le rythme ayant été très intense jusque là .
Nous alternons passages bucoliques le long des canaux et vallons dans les vignes
Benjamin fait un stop boulangerie , nous laissant filer vers l'arrivée . Les sensations sont toujours excellentes , le moteur n'a pas perdu de puissance et nous montons les bosses ensemble avec Ludo , attendant nos compagnons au sommet.
Il est 16h et temps de faire la pause goûter dans une seconde boulangerie à Nogent l'Arthaud. Encore un très bon etablissement , avec mention spéciale à la baguette tradition gratinée et fourrée aux merguez. Ludo nous en offre une partager. Un régal ! . Quelques viennoisseries achèvent de refaire le plein de glucide du moteur.
La température descend avec la tombée de la nuit, il fait un peu frisquet en sortant de la boulagerie chauffée mais une bosse nous permet de remettre rapidement notre organisme en température de fonctionnement.
Le nombre de côtes restant diminue, le plus dur est fait , mais il en reste 3 ou 4 quand même d'ici à l'arrivée , sachant que les 50 derniers kms sont plats .
On a un peu ralenti le rythme et l'homme au Bianchi ( vous vous souvenenez ) revient sur nous. Il s'appelle Arnaud .
Et voilà qu'Arnaud attaque dans une bosse en danseuse. Je passe en mode Pogacar, et mouline tranquillement derrière. Il insite, je mouline un peu plus. Il insiste toujours, une petite lumière s'allume dans mon cerveau : non mais , il ne va pas me piquer la 5ème place qui me tend les bras ce Bianchi ! L'année ayant été plutôt dure sur un plan professionnel, mon cerveau a besoin de cette petite satisfaction . Je sens comme une frissonnement d'adrénaline dans mon échine. Je tombe 3 dents et ajoute 50W, toujours en mode je mouline assis sur le vélo, je passe devant, j'ai l'impression de pouvoir accélérer autant que je veux ! . Le rascal s'accroche puis j'entends le derailleur qui claque et le bruit de son vélo s'attenuer dans la nuit. Au sommet je ne vois plus personne.
J'ai un peu mauvaise conscience de ne pas attendre les copains, mais d'un autre coté , je n'ai jamais occupé une si bonne position auparavant. Alors je décide de me faire plaisir et d'attendre à l'arrivée. Les jambes sont incroyablement bonnes , je ne ressens pas de fatigue à ma grande surprise. Je me mets sur les prolongateurs et j'appuie comme si j'étais sur un sortie du dimanche avec Marco devant 😀
Je rattrape deux concurrents qui étaient apparemment passés devant, dont un avec un vélo équipé de sacoches à l'arrière et sur la fourche. J'ai beau lui dire bonjour, pas de réponse . Bon je continue .
Soudain dans une bosse, mon GPS me dit de faire demi-tour en plein milieu de la bosse . J'hésite, reviens sur mes pas, le GPS est complétement perdu etr recalcule en boucle. Sans doute un bug que je n'avais pas vu sur la trace. Qui plus est mes lunettes de vélo ont juste la correction de loin et de nuit , j'ai du mal avec le tracé du Garmin qui est trop fin. Alors que je sors le téléphone , un motard arrive à ma hauteur "c'est bon JP , tu es sur le parcours mais dans le mauvais sens !' . C'est Franck XXXL , un copain de vélo , venu à notre rencontre. Ludo et Sam ont même profité de l'apero qu'il avait amené. Pour ma part je décline, vous savez , je vise une place ... 😁. Merci Franck pour le sauvetage !
Je repars dans le bon sens le couteau entre les dents . J'ignore le GPS qui me redemande évidemment de faire demi-tour au même endroit que précedemment et appuie comme un forcené .
Je redouble rapidement le fameux gars avec les sacoches, je retente un bonjour sans plus de résultat .
10 km plus loin , rebug , pas de Franck pour me sauver , je tourne encore en rond 5 min .
Je repars à fond , et ... redouble encore une fois mon concurrent mystère qui doit se demander à quel cinglé il a affaire.
La traversée du 77 est bien moins sympa que le reste du parcours : trop urbaine, trop de voitures . Heureusement on remonte au Nord pour prendre le canal de l'Ourcq pour rentrer dans Paris .
Je me plante à une intersection , retrouve assez vite le bon chemin , ... et redouble pour la 4ème fois vous savez qui 😂.
Le canal de l'Ourcq est beaucoup plus sympa , féerique même par endroit . Faune parfoit un peu suspecte dans les coins sombres, j'appuie sur les pédales !
Le canal nous mène jusqu'à République et là c'est moins cool : on se retrouve en plein trafic du vendredi soir dans Paris . Evidemment, je me plante deux fois , ayant du mal à lire le GPS ebloui par les lumières et les phares. Ce qui a pour conséquence ... deux nouveaux dépassements de notre pauvre concurent qui doit penser que je cherche à le persecuter .
J'ai alors l'idée géniale d'enlever la carte pour laisser juste le tracé qui devient bien plus facile à lire sur le GPS , j'aurais du y penser plus tôt . Il me reste à filer jusqu'au camping du Bois de Boulogne, je regarde un instant le classement sur le tel et voit que je suis en fait 6ème précédé par une féminine .
Traversée du Bois de Boulogne à 23h un peu "chaude" . Je serre les fesses 😰.
A 500 m du camping, je vois la concurrente qui me précède arrêtée et perdue . Elle me demande si elle peut me suivre n'arrivant pas à localiser le camping . Ayant souvent tourné à Longchamp , je le situe bien et du coup , me voilà 5ème in extremis. Never give up !
Il reste à attendre Sam et Ludo qui ne tardent pas , accompagnés d'Arnaud .
Encore une belle aventure avec de très bonnes sensations qui m'encouragent à perséverer dans cette filière ultra qui semble bien me réussir .
Petit bilan de l'épreuve
Ce qui a bien marché
- L'Axxome équipé de sa nouvelle transmisison electronique : vraiment appréciable sur longue distance , ça réduit la fatique.
- Idem pour les pneus de 30, qui faisient presque 32 sur les jantes ICAN de 23mm interne. Super confort, aucune fatigue ou douleur.
- Les vétements techniques : jamais eu froid
- Le Garmin 1040 , sauf pour la lisibilité de nuit , il va falloir trouver une solution
- Le radar Varia qui a tenu toute la sortie en mode radar seulement , avec une lampe en plus dédiée à l'éclairage arrière
- La camera Insta 360 GO3S , par contre , la télécommande n'a tenu que les 2/3 du parcours .
- Les prolongateurs adaptés au cintre carbone, un bonheur sur longue distance
- les jambes !
A revoir
- la batterie fixée sur le support GPS , trop de vibrations avec le Garmin dessus , il est trop grand , j'ai plusieurs fois eu peur que ça casse mais ça a tenu