lundi 29 septembre 2025

Vendredi 26/09/2025 : La Gravel Fever ultra 540


Troisième édition de la Gravel Fever cette année . L'évenement prend de plus en plus d'ampleur puisque les premiers championnats de France Gravel avaient lieu à Chatellerault dans le cadre de cette manifestation le dimanche 27 septembre. 


De mon côté , j'étais inscrit avec Yann, Richard et Benjamin à la version ultra qui partait de Meudon comme en 2024 . Mais cette année la distance était encore une fois rallongée . Après avoir fait 400 km la première année, 500 en 2024 , c'est 540 km qui nous attendaient cette fois avec une boucle en plus dans les Alpes Mancelles après le CP1. 


L'année dernière , j'étais arrivé un peu cassé avec les secousses du parcours. C'est d'ailleurs le point qui me pose problème depuis que je me suis mis au gravel. La France n'est pas les US , et chez nous les épreuves gravel empruntent souvent des sentiers VTT. Et j'ai toujours regretté le confort du VTT comparé à un gravel tout rigide. Du coup , après essayé la potence suspendue de Vecnum , très efficace mais loin d'une fourche VTT , puis fait l'ultra Gravel de la Babybel en VTT semi-rigide ( quel confort ! ) , je me décide à monter sur mon "Arme Fatale Gravel" , une fourche suspendue Gravel Fox 32 TC.  


Les premiers tests sont plus que concluants : ce n'est plus le même vélo. L'efficacité en tout terrain est bien meilleure . Fini les vibrations, la roue reste en plus collée au sol et les montées caillouteuses sont bien plus faciles, le vélo ne perdant plus de vitesse en buttant sur les gros cailloux. 


J'ajoute mon montage de roues maison, et le vélo n'a jamais mieux mérité son nom d'arme fatale. Les conditions s'annonçant un peu humides , je monte des pneus Schwalbe RX Pro en 45. J'ai aussi passé la transmission en mono plateau , avec un plateau de 36 devant et une cassette VTT 9-46 derrière. Le mono-plateau facilite les changements de vitesse rapide en tout terrain. Le pignon de 9 dents me permet de conserver un développement adapté descente, pendant que le grand pignon de 46 me permettra de grimper les raidars de la forêt de Chinon. 




Vendredi 8h30, toute l'équipe est réunie à Meudon où l'organisation nous offre comme en 2024 un café à la Loggia au pied de l'observatoire de Meudon. Organisation toujours au top, c'est la raison qui fait que je reviens chaque année, Jean-Christophe Savignoni et son équipe sont aux petits soins pour nous, et cela fait vraiment plaisir 😀. 


Signe que l'épruve devient très connue, nous avons l'honneur d'accueillir le meilleur coureur ultra du moment , le jeune français Victor Bosoni qui a 23 ans vient de remporter la Trans Continental Race qui reliait cette année Saint-Jacques de Compostelle à la Roumanie. Autant dire qu'on ne va pas le suivre longtemps !. 


Note aux lecteurs : j'ai privégié ma camera embarquée cette année , peu de photos donc , mais la vidéo est ici : 





Après avoir récupéré dossard et balise GPS de suivi , JC nous fait un court briefing et nous voilà partis. 

Richard a dit qu'il roulerait doucement,  donc il disparait rapidement devant 😂 . Je suis avec Yann et Benjamin. Pour Benjamin, c'est sa plus longue épreuve qui s'annonce avec l'excitation et la pointe d'inquiétude qui va avec ,  il est décidé à rouler à son rythme. 

Les 150 premiers kms ne comportent pas de difficultés notables.  On roule dans un petit groupe quand il me semble entendre Yann crier derrière. Effectivement, Yann et Benjamin ne sont plus là. Je m'arrête et je vois avec inquiétude Yann pousser son vélo. Ca sent le problème mécanique. 

Son pneu arrière est à plat et semble bien déchiré sur la bande de roulement. Gros coup de malchance, car le terrain n'était pas agressif du tout. Sans doute un tesson caché sous les feuilles. On tente de mettre une mèche dans le pneu, et je suis plein d'espoir quand on arrive à regonfler. Mais au roulage , la mèche ne tient pas , la déchirure est trop grande. 

Yann est dépité et décide de trovuer un magasin de vélo. Je sens qu'il est proche de l'abandon, on tente de l'encourager comme on peu, tout comme les copains sur notre groupe WhatsApp. 


Bien dépité pour lui, je continue avec Benjamin ... qui crève 5 km plus loin. Les Dieux ne sont pas avec nous ! Heureusement , cette fois , le trou n'est pas trop gros et le produit préventif arrive à colmater. 

Nous voilà repartis, bon derniers sur les 80 participants. Pas grave il reste 520 km à faire, les écarts à l'arrivée se compteront en heures et pas en minutes. 

Nous continuons avec Benjamin rattrapant quelques concurrents mais pas tant que ça malgré un bon rythme, ce qui m'étonne d'ailleurs,  je m'attendais à reprendre beaucoup plus de monde ! 


Nous stoppns à Tréon pour déjeuner avec quelques difficultés à trouver le Carrefour Contact que j'avais repéré à l'avance, la carte Google Maps étant fausse à cet endroit ( une première ! ) . Il y a un coin pique nique dans le magasin, c'est bien agréable car il ne fait plus de 12 degrés dehors et on se serait gelés à l'arrêt. 


Après une pause de 40 minutes avec même un café chaud offert par Benjamin, nous voilà repartis en direction du CP1 à Bellème.  Je continue sur un bon rythme et Benjamin préfère continuer à son rythme , je le distance petit à petit. Je rattrape du monde mais pas tant que ça , du moins jusqu'au début du Perche où les premières vraies bosses arrivent et avec elles les concurrents en difficulté qui ont trop poussé au départ. Je commence enfin à reprendre des places. Il semble que beaucoup sont partis très fort cette année mais commencent à le payer. Sans doute un manque d'expérience de la distance. 


CP1 atteint un peu avant 20h , à peu près en ligne avec mon tableau de marche . Accueil toujours aussi top , hamburgers , soupe , sandwichs , gâteaux , boissons , on a tout ce qu'il faut , y compris une salle de repos pour ceux qui veulent dormir. 




Richard est déjà reparti. Je profite de la nourriture chaude, il fait frais et humide dehors, ça fait du bien de manger chaud et toujours la délicieuse soupe aux vermicelles qui chaque année me redonne plein de forces 😀

Benjamin arrive alors que je commence à me préparter pour repartir. Il se restaure et prévoit de dormir un peu en attendant Yann qui est reparti bon dernier après 1h30 perdue à changer le pneu chez un vélociste à Versailles. 

Cette année, nous avons le droit à un "drop bag" , un sac qui est déposé au CP1 en plus de celui qui va à Chatellerault. J'y ai mis de quoi recharger les réserves de barres et de gel ainsi qu'un maillot thermique pour la nuit. Je me change avant de repartir et ce n'est pas de trop vu le temps dehors. Mais la tenue fera parfaitement l'affaire, contrairement à 2024 , je n'aurai pas froid durant la nuit. 

Me voilà donc reparti après un peu moins d'1h de pause. La partie entre le CP1 et le CP2 est la plus difficile , dans le Perche puis les Alpes Mancelles, avec de longues montées dont celle du Belvédère de Perseigne. 


La configuration du vélo se revèle idéale, je ne butte pas sur les cailloux et les montées me semblent bien plus faciles qu'en 2024. L'entrainement de la RAF joue forcément aussi. Malheureusement, il fait nuit , donc une fois de plus , je ne vois que le panneau et pas la vue du Belvédère 😢 




Après être sortis de la forêt de Perseigne, nous filons sur la nouvelle boucle dans les Alpes Mancelles. Je rattrape pas mal de monde, les jambes sont toujours opérationnelles, depuis le départ je. tiens le rythme que je commence à maitriser et dont je sais que je peux le tenir et même accélérer jusqu'à la fin. 


Après avoir dépassé quelques concurents erndormis sur la terrasse d'une maison, me voilà devant la Sarthe pour une des nouveautés de l'année : la traversée en bac à chaîne. Dans la nuit, je ne vois pas le bac qui est sur l'autre berge. Pendant quelques minutes, je cherche le chemin pensant être devant un étang à contourner avant de voir la pancarte "Bac le Passage" . Un autre concurrent me rejoint et nous traversons ensembles. En fait ce n'est pas du tout physique, il suffit de tirer la chaine et le bac avance sans gros effort. 



Quelques minutes et une belle montée plus tard , nous arrivons à Saint Leonard des Bois . J'ai prévu de m'y arrêter quelques minutes pour remplir ma poche à eau ( l'eau est un sujet délicat de nuit quand tout est fermé ) . Mais je découvre un distributeur automatique de nourriture et de boisson au premier rond point, j'en profite pour un stop plus long qui fait office de petit déjeuner. 


Puis full gaz  en direction de la Bazoge km 320 où se situe le CP2 où je retrouve Richard . J'ai retrouvé 3 autres concurrents et nous roulons ensemble , c'est plus sympa que tout seul ! 




Pause relativement rapide ( trop sans doute ) au CP2 .  J'ai jeté un oeil au suivi et j'ai remonté au moins 40 places dans la nuit , du coup me voilà bien motivé ! Accueil encore une fois fantastique et impossible de manger tout ce qui est proposé.  Je n'ai pas sommeil donc je ne prends pas le temps d'une petite sieste. Je repars à l'aube, pour la partie la plus facile du parcours, relativement plate jusqu'à Bourgueil. La traversée du Mans est bien mieux qu'en 2024 , on est tout le temps sur des voies vertes ou sur les berges. Sur les berges justement, sans doute la digestion, je commence à avoir du mal à garder les yeux ouverts. Au point que je finis par faire une courte sieste de 15 minutes sur un banc au bord de l'eau. 


Incroyable à quel point il suffit de quelques minutes pour se sentir bien mieux. Je redemarre en forme,  alors que le soleil pointe enfin son nez après une journée de vendredi dans la grisaille et l'humidité. Rapidement la température remonte et j'enlève la veste gore tex. 


Nous filons sur de belles allées roulantes, c'est du vrai gravel sur cette partie très agréable à rouler avec des paysages de vallées et de collines dans les champs. Un concurrent me rattrape, il envoie du lourd . Je le suis 10 km , mais je suis à 200W , ce n'est pas raisonnable , je le laisse filer. Puis les vignes artrivent à l'approche de Bourgueil. 


Je salue Richard et un autre concurrent attablés à la patisserie à Bourgueil où nous nous étions arrêtés l'année dernière. J'ai envie de viande et de frites , direction un kebab repéré sur Google Maps ... que je ne trouverai jamais , décidemment ! . Je me rabats sur le Mc Do . 

Pause de 30 minutes, avant d'attaquer les 95 derniers km que je sais plus difficiles , en particulier le passage dans la forêt à Chinon où c'est technique et truffé de raidars à 30% . Mais j'ai le vélo qu'il faut ! 

Mon "AFG" se joue des raidars tous grimpés sur le vélo en 36x46 , réputation de JP oblige 😀. Je reconnais qu'il y en a un , sur des plaques de beton entre deux maisons,  qui me demandera deux tentatives sous les yeux médusés de promeneurs 😂 . 


L'objectif est d'arriver avant la nuit , et à 30 km de l'arrivée , une fois sorti de la zone difficle , j'enlève le limiteur de puissance pour laisser le moteur s'exprimer à plein régime. Les jambes vont super bien , pour la première fois , j'utilise le blocage de la fourche pour monter les côtes en puissance et en danseuse puis je dévale les descentes caillouteuses à pleine vitesse profitant de l'amortissement remarquable de ma Fox : 4 cm de débattement seulement mais on croirait avoir une fourche VTT. 


C'est presque avec regret que je vois se profiler Chatelleraut. J'ai pris tellement de plaisir à rouler sur ce parcours ! . Dans la dernière ligne droiet il me semble entendre mon mom . Richard ? Non, c'est Eric et son épouse en week-end à Chatellerault et qui sont venus m'accueillir . Trop sympa ! Merci 😍 .  

Arrivée à 20h juste à la tombée de la nuit.  Objectif moins de 36h atteint en 34h pile , 40 minutes de moins qu'en 2024 malgré les 33 km de plus. Je n'ai pas roulé plus vite mais beaucoup mieux géré les temps d'arrêts ayant beaucoup appris lors des derniers Gravelman et de la RAF . 








Un grand bravo une nouvelle fois à Jean-Christophe et son équipe , organisation vraiment parfaite et conviviale. 


Je m'inquiéte (le mot est faible )  pour Yann et Benjamin encore au CP2 au moment de mon arrivée. Il faudrait rouler toute la nuit, deux nuits de suite. Ca semble très compliqué !  Mais il vont le faire ! Rouler toute la nuit pour arriver à 7h , dans les délais de 48h maxi . Et ce malgré la casse la roue libre de Yann à 16 km de l'arrivée, roue libre qui tiendra par miracle jusqu'à l'arrivée en laissant en permanence le vélo en prise. 


Cela nous permettra de déjeuner ensembles le lendemain sur le salon de la Gravel Fever et d'assister à l'arrivée des premiers championnats de France de Gravel , remportés au sprint par Hugo Drechou devant Romain Bardet pendant que Richard est sur la route , à vélo, pour prendre un train à Tours ( il est fou cet homme ! ) 

Les 3 derniers arrivants de l'ultra 540 franchiront la ligne entre 15h et 16h , hors délais pour être classés mais l'organisation leur réserve l'emouvante surprise de les faire monter sur le podium des championnats de France devant les centaines de spectateurs réunis pour l'occasion. J'ai trouvé ce moment génial, décidemment l'état d'esprit sur la Gravel Fever est vraiment fantastique. 



lundi 8 septembre 2025

Samedi 06/09/2025 : l'Echappée Michelin


 Au mois d'Avril , l'ami Franck me pousse un lien pour s'inscrire à une nouvelle course Ultra organisée par Michelin ... au départ de Brétigny et en direction de Clermont-Ferrand. Je me dis que je ne peux pas la manquer . Une grande épreuve avec un départ à 200m de la maison c'est un luxe incroyable ! 


Cette course est un morceau d'histoire . Elle a été créee en 1890 par Michelin qui venait d'inventer les pneus demontables et voulait en faire la publicité. Pour la première édition ils avaient d'ailleurs semé des clous sur la route ce qui vaudra à l'épreuve le surnom de "la course aux clous" . En pleine relance de son activité pneus vélo,  et à l'initiative d'Emilien un ingénieur de Michelin , l'épreuve est donc recréée cette année. Franck , bien que méfiant vis à vis des longues distances, est prêt à s'inscrire sur cette épreuve de 400km. L'erreur a été de ne pas s'inscrire tout de suite. En pleine préparation pour la Race Across France à l'époque , je garde le sujet dans un coin de ma tête avec l'idée de m'inscrire fin Juin. 


Mauvaise surprise : l'épreuve a eu un succès fou et c'est complet fin Juin. Par chance, l'organisation décide finalement d'ajouter des places . Je.parviens à m'inscrire avec Richard , préviens Franck mais le temps qu'il rentre chez lui c'est déjà trop tard. Il reste des places sous forme de quatuor et Benjamin, Yann , Nicolas et Eric parviennent à s'inscrire in extremis. 


Le réglement est inhabituel , un mix d'ultra et de BRM 400, on aura d'ailleurs une carte de route pour faire valider le BRM . On verra plus loin que cela rendra l'épreuve spéciale , avec une population de concurrents différente de celle qu'on croise habituellement en ultra distance. 

5 Septembre, veille de la course . Je me sens en pleine forme , ayant bien profité des vacances pour un entrainement spécifique en Bretagne visant à améliorer la FTP.  Pour le quatuor , c'est toutefois le début des événements improbables. Eric découvre que ses pneus ( on taira la marque ) se sont soudains déformés , la chape semble décollée de la carcasse par endroits. Rarissime ! Yann se retrouve avec un oeil à moitié fermé qui l'oblige à consulter. Benjamin oublie sont téléphone dans un taxi au Danemark et pour finir , Nicolas que j'ai proposé d'heberger pour la nuit car il vient de Lyon, m'informe que son TGV est bloqué suite à ce qu'on appelle malheureusement "un accident de personne" 😰 . Ca lui vaudra 2h de retard et une arrivée en gare de Juvisy au lien de Massy ! . Alors qu'on pourrait penser que c'est déjà beaucoup , le fils de Yann tombe dans les escaliers , direction les urgences en pleine nuit !


J'avoue qu'à ce moment , j'ai douté que notre quatuor d'amis puisse prendre le départ . Mais tout est bien qui finit bien, il seront bien là le matin , certes déjà un peu fatigués pour certains. 




La veille nous participons au briefing à 19h , c'est vraiment bien pratique d'être à deux pas de la maison . Le briefing avec la présence du maire de Brétigny est de très bonne qualité , tout comme le buffet d'accueil , cela respire l'organisation sérieuse, nous avons même la vice-présidente de Michelin en charge des activités vélo qui est venue avec quelques caisses ... de pneus 😀





Réveil à 5h30 , petit déjeuner solide avant de rejoindre le départ avec Nicolas où nous retrouvons tout le monde. 


Comme sur la Race Across France, les départs sont individuels toutes les 30s , je pars à 7h11 et le quatuor à 7h30 . Olivier un copain du club est là aussi et va m'accompagner sur les 80 premiers kms , bien sympa à lui c'était cool de bavarder tout en pédalant sous un soleil magnifique. 



Le vent sera favorable jusqu'à la traversée de la Loire à Saint-Denis de l'Hôtel , donc on en profite pour bien rouler dans la Vallée de la Juine puis la Beauce. Les 100 derniers kilomètres concentrant 80% du dénivelé , il est certain que la moyenne chutera sur le final. 


Contrairement aux courses ultra distance classiques, il est autorisé de rouler en peloton ce qui va s'avérer très utile pour tenir une moyenne élevée . 

Petit à petit un groupe se constitue et malgré l'arrêt d'Olivier au km 80 pour repartir dans l'autre sens, je me retrouve avec une bonne dizaine de concurrents . Comme nous sommes partis dans l'ordre des dossards , ordre défini par la date d'inscription , je regarde autour de moi pour voir où je me situe . On double déjà des concurrents avec des dossards inférieurs à 100 ce qui signifie que je remonte assez vite sur ceux partis devant moi. Le GPS indique 30 de moyenne , l'objectif est de la tenir le plus longtemps possible sans pour autant me mettre dans le rouge. Pour l'instant tout va bien, le vent + le peloton permettent de rouler vite sans avoir besoin de déployer une puissance trop importante. 




La Beauce fait place à la Sologne. Toujours des lignes droites sans dénivelé mais cette fois , c'est un paysage d'étangs et de forêts . Une découverte pour moi , je n'avais jamais roulé dans cette région. C'est joli , mais un peu monotone. Heureusement, le fait de rouler en peloton maintient la vigilance. Je prends quelques relais appuyés lorsque la vitesse baisse. J'avais initialement décidé de déjeuner au km 120 , mais on va bien plus vite que prévu , je modifie mon plan pour viser un déjeuner au Check Point 1 , à l'usine Michelin de Bourges. Cela m'évitera de perdre le groupe qui s'est formé est donc le ryhtme me convient parfaitement. J'ai largement de quoi faire en terme d'alimentation dans les sacoches du vélo. 



Arrivée au CP1 à 13h45 . On est en fait dans la cantine de l'usine Michelin , et le ravito est parfait , largement au dessus des standards . Il manque juste du coca et de l'eau gazeuse mais je fais avec . Riz au curry , sandwichs, une montagne de flans ( clin d'oeil pour Franck ) , fromage , crêmes Mont Blanc, fruits , bref de quoi refaire les niveaux. 


Je repars au bout de 45 minutes, non sans avoir regardé sur le logiciel de suivi live ( on a tous un tracker GPS fourni par l'organisation ) où se situe le quatuor. Ils roulent fort aussi , et ne sont plus très loin du CP1 également. 


Je repars tout seul , jole traversée de Bourges, mais à la sortie , je réalise que le vent est monté et désormais pleine face. C'était prévu , mais il est plus sensible qu'attendu . C'est beaucoup moins plat désormains , et j'ai du mal à dépasser les 25 km/h dans les faux plats qui se succédent. Heureusement un groupe me rattrape. Je saute dans les roues, ouf , c'est pile poil ce que j'espérais pour lutter contre le vent. 


Ce groupe est plutôt rapide. Je regarde les numéros , on a même le 24 avec nous , on continue de se rapprocher des premiers qui sont partis à 6h du matin, donc 1h10 avant moi. Le défaut de ce groupe c'est que certains donnent des à coups assez violents qui m'obligent à faire un effort. Je réalise qu'il y plusieurs concurrents qui font partie du même club et se tirent parfois la bourre . Rien d'extrême mais ca risque de peser à longue. 


En observant de plus près , il y a truc etonnant : tous les membres de ce club n'ont absolument RIEN sur les vélos , même pas une gourde ! Il y a un truc qui cloche. J'ai vite la réponse lorsqu'un des concurrents lêve le bras et qu'une camionnette vient à nos cotés pour lui tendre une gourde.  Assistance formellement interdite dit le réglement ... no comment ! 


Dans la série des gags , il y a aussi un concurrent que je rattrape régulièrement depuis le départ , mais qui repasse ... dans la voiture de sa femme avec le vélo à l'arrière de la voiture . Jamais vu autant de triche mais le plus drôle c'est que tous les tricheurs finiront loin derrière malgré tout. 

Vers le km 250 , nos soi-disant "pros" sont victime d'une crevaison : ils font demi tour pour rejoindre le camion d'assistance 😂 . Je réalise que j'étais en fait tout seul avec eux. Comme les changements de rythme commençaient à me faire mal aux jambes, je décide de continuer en solo sans les attendre , ils finiront probablement par me rattraper me dis-je . Je baisse le rythme , car on approche des montagnes et d'ici un peu plus de 2h , il faudra avoir des watts en réserve pour passer les deux cols qui nous attendent . La majorité du dénivelé est sur les 100 derniers km. 

Nous voilà dans l'Allier. Autre région que je découvre . Jolis routes qui serpentent en forêt le long de la rivière. C'est nettement plus vallonné et avec la chaleur, je sens que l'energie baisse . Il va falloir faire un bon stop reconstituant pour le dîner. 



Un peu avant le km 300 , je m'arrête au Carrefour Market de Cosne d'Allier , pour m'acheter un bon sandwich , des petits saucissons, un gros yaourt à boire , du perrier, du coca et remplir ma réserve d'eau 

Je vois passer une quinzaine de concurrents pendant que je me restaure sans me presser , mais je suis confiant de les récupérer dans les deux cols à venir. 


Me voila reparti pour les 120 derniers km . Le jour commence à baisser 




Le premier col arrive km 330 , bien nommé "La Bosse" . Je discute avec un concurrent rattrapé , il est du coin comme beaucoup d'autres personnes. Clermont, c'est vraiment Michelin city , et l'épreuve semble avoir eu un succès fou , notamment auprès des salariés de Michelin . Je suppose que beaucoup n'ont pas l'habitude ce qui explique surement les quelques "tricheurs" essayant de rallier l'arrivée par tous les moyens. 

Je suis content d'avoir bien géré mon effort , car avec la température qui baisse , je sens que mes jambes sont encore bien opérationnelles et je peux monter à une bonne puissance . Du coup je rattrape comme je l'espérais un nombre important de concurrents en perdition. J'avoue que plusieurs fois , j'ai été "méchant" en m'amusant à monter à plus de 300W au moment du dépassement juste pour démoraliser mes adversaires en les dépassant comme un missile. Bon, j'ai honte , je suis un monstre 😇. 





Les cols ne sont pas très durs , 10 km mais avec des pourcentages moyens autour de 5% , c'est donc roulant . j'ai d'ailleurs vu quelques vélos équipées de roues de 88 en mode triathlon ce qui pouvait tout à fait fonctionner sur cette épreuve. Et c'est un tri-athlète de l'équipe de France paralympique qui gagnera.


Il fait nuit , je me sens bien, j'ai mis la veste en haut du premier col car il y a des zones bien fraîches par endroit et je ne veux pas me geler dans la longue descente qui suit. 


Dans le second col , la difficulté sera le vent avec des rafales à 50km/h par moment qui arrêtent presque le vélo . Pas prévu , la météo annonçait que le vent devait être quasi nul après 22h , manifestement c'es tout le contraire ! . Un concurrent devant moi part droit dans le talus sous une rafale heureusement sans tomber. 

Je rejoins deux concurrents dans la descente du second col et vu le vent , on reste ensembles pour se relayer sur les 30 km qui doivent nous amener au CP2 , l'usine Michelin de Clermont . Un mythe ! Un de mes compagnons est entouré de bandelettes suite à une chute. Sacrémment courageux d'avoir continué , chapeau bas ! 

L'usine est immense , plus de 10 km pour en faire le tour sur les pistes d'essais . Pas forcement une super expérience cyliste mais je comprends que c'était incontournable. Je vois que je suis entouré de concurrents qui travaillent pour Michelin car ils commentent en live " et là c'est la piste pour les pneus camion et là c'est le circuit etc ... Bon moi j'ai surtout hâte de ressortir de l'usine et d'arriver , il commence à se faire tard ! 

Reste 10 km pour rejoindre le centre de Clermont à 1h30 du matin, passer sous l'arche d'arrivée , répondre à l'interview du speaker, faire tamponner le carnet BRM 400 , rendre le tracker GPS , partager la bière d'arrivée avec d'autres concurrents, recupérer le sac à dos avec les affaires pour la nuit . 




Tout cela prend du temps et c'est à 2h30 que je rejoins le Airbnb loué avec les copains . Super accueil de l'épouse d'Eric qui nous a préparé de quoi nous restaurer et boire, quelle super bonne idée ça fait un bien fou ! 

Reste à prendre une douche et dodo. Je n'entendrai même pas les copains arriver deux heures plus tard . On se retrouve tous pour le petit dej le lendemain matin . Comme toujours , ils ont eu plein d'aventures mais n'ont rien lâché et toute l'équipe est finisher ! 





Reste plus qu'à rentrer à la maison en train, voyage retour sans histoire , il semble que j'ai transféré ma malédiction des transports à quelqu'un d'autre 😀