Après un début de semaine ensoleillé , la météo devient plus changeante ces derniers jours . L'air est plus frais ce qui est bien agréable après des semaines caniculaires, mais le terrain est aussi plus humide. Je guettais le jour idéal pour le tour du Jaizkibel, la sortie majeure à VTT que j'ai programmé pour ce séjour. Je décide que la météo de ce vendredi suffira à mon bonheur et me voilà sur le Stump. Je l'ai monté en mode "montagne" pour l'occasion : tige de selle télescopique, transmission 2x10 ( ok Bast, on arrête de rigoler :-) ) , freins passés en 180 et pneus renforcés avec un Mountain King 2.4 protection à l'avant et un Ikon Exo TLR à l'arrière. Le vélo a pris un bon kg dans l'affaire, ça se sent, surtout après avoir roulé ces derniers jours sur le Viper qui a lui aussi sa tenue montagnarde avec des roues à 1,3kg , du coup ça fait 6kg de différence entre les deux vélos ! J'ai déjà plusieurs fois parcouru le Jaizkibel, mais sans jamais boucler le tour complet : pb de militaires, de toros, de temps , de trace , .... . Bref cette fois, j'ai bien préparé mon coup , ça doit le faire . Départ par Irun , où je prends un itinéraire bien connu pour la montée. Un peu mal aux jambes à froid, la montée initiale va servir d'échauffement, et vu la pente et le terrain, ça chauffe vite :-) . Je butte sur la première montée raide, je n'arrive pas à bien diriger l'avant, que se passe-t-il ? Arrêt contrôle, la selle était mal serrée et a complètement reculé en butée, ce qui déleste trop l'avant. Je la remets à sa place et serre bien fort, ça va beaucoup mieux, à moi les montées impossibles. Un petit nuage couronnait le Jaizkibel au départ, je parie qu'il sera passé une fois au sommet. Je débouche enfin sur les alpages, au milieu d'un troupeau de moutons et de ... vaches qui me semble avoir de bien grosses cornes . Hum ... souvenir de toros, je ne m'attarde pas et m'éloigne prudemment en me disant qu'il n'est pas possible qu'il y ait un toro sur le GR. Mais bon, dans le doute ... Un nouveau troupeau de moutons qui me regarde passer, et me diriger droit dans les nuages. Le petit nuage n'est pas parti, et il a été rejoint par des camarades, le sommet est totalement dans le brouillard. Au point que je ne reconnais rien, et fini par réaliser que les grandes antennes qui servent de point de repère immanquables sont à peine à 10m de moi, on le devine à peine tellement le brouillard est dense. Mais il ne fait pas froid heureusement. Cette partie est technique, avec des passages en balcons et pas mal de rochers sur le chemin, la météo m'oblige à mettre pied à terre plusieurs fois, je ne suis pas en confiance avec le manque de visibilité.
Séquence portage et escalade pour contourner l'enceinte des antennes, le sentier n'est pas roulable à cet endroit et assez impressionnant. Me voilà dans la descente vers le coté sud , le début est super trialisant. Tout est faisable sur le vélo, mais je passe prudemment quelques passages chauds à pied, je suis tout seul dans le brouillard, donc ce n'est pas le moment de prendre le risque de me faire mal. La visibilité revient et la descente devient plus roulante, freins lâchés , l'efficacité des suspensions est bluffante, le vélo survole les obstacles, séquence plaisir. Je croise quelques promeneurs qui montent en sens inverse. Je me souviens m'être bien perdu il y a quelques années, juste après un petit donjon en pierres. Justement le voilà, mais ma trace part cette fois à droite, dans un petit sentier pentu avec pleins d'épingles. Une pensée pour Bast, comme je ne suis pas un pro du nose turn, je me contente d'enrouler les passages bien aidé par le vélo super stable et maniable. Joli passage sur ce sentier, qui débouche finalement sur un talus ultra pentu qui me ramène sur la route pour aller prendre un chemin de l'autre côté pour un des musts de la sortie : le sentier en crête qui descend sur le petit port de pêche de Pasaia.
A gauche, une grande crique creusée dans la roche, à droite des falaises qui se jettent dans l'océan. Un endroit magique entre ciel et mer , où il vaut mieux ne pas tomber. Petite pause pour profiter du magnifique panorama. Demi tour, pour revenir sur la route et prendre la suite de la trace qui descend sur le versant ouest pour un retour surplombant la mer. Au passage, je croise une famille de petits ânes, tous mignons, belle rencontre Le sentier se transforme en piste, la moyenne de 7km/h depuis le départ en profite pour remonter. Tiens, que vois-je au loin ? Deux jeeps militaires. Ouh là ! Souvenirs, il y a quelques années, je me suis retrouvé au milieu d'un champ de tir improvisé, méfiance ! Mais les véhicules disparaissent devant moi et je n'aurai pas de mauvaise surprise. D'un coup, un virage et la piste devient un sentier escarpé et étroit. Imprévisible, car rien de particulier n'est visible sur la carte à cet endroit. Mais le chemin passe de facile à quasi impraticable : il fait 20cm de large avec des buissons épineux qui me lacèrent les bras et jambes. La végétation est si dense que j'ai du mal à voir devant la roue et bute souvent sur des gros cailloux. Ca manque de place pour pousser le vélo, surtout avec le guidon de 740 qui pose problème sur ce passage. Un torrent à traverser, ça gliiiissse , je m'étale sur les rochers, séquence rafraichissement.
Je suis obligé de pousser le vélo, rochers partout , ça ne roule pas. Le sentier est en balcon au-dessus de la gorge du torrent, soudain mon pied gauche s'enfonce dans le vide, il y a un gros trou dans le bord du sentier. Je bascule dans le trou, grosse frayeur, heureusement, je ne lâche pas le vélo qui me donne un point d'appui en se couchant. Je suis coincé dans une forêt de buissons épineux et ma jambe gauche ne trouve pas d'appui. Je remonte à la force des bras, merci le vélo, le coeur battant, super dangereux ce sentier, à virer de la trace. Je suis griffé de partout mais pas de bobo. Je repars très prudemment, me disant qu'à ce rythme j'en ai pour des heures à boucler la suite du parcours.
Quelques centaines de mètres plus loin, le sentier redevient roulable sans prévenir, me voilà maintenant dans une prairie, et j'ai le plaisir de croiser une famille de pottocks. On se croirait en Ecosse , étonnant la diversité des lieux . Le sentier redevient une piste, je passe de 2 à 20 km/h, ça fait du bien de rouler sans se faire griffer de partout. Je sais que j'arrive sur l'autre must de la trace : le sentier côtier qui revient sur Hondarribia. Après avoir longé les lignes de niveau , me voilà dans une belle descente, qui se termine droit dans l'océan, enfin, je m'arrête un peu avant quand même. Waouh, ça valait le coup de souffrir pour voir ça. Séquence comtemplation, le lieu inspire la sérénité, me voilà bien loin de la pression de ces derniers mois au travail. J'envisage une reconversion comme guide VTT sur la Jaizkibel mais décide quand même de retourner vers la civilisation. Le sentier côtier est superbe, chaque virage découvre un nouveau site exceptionnel. Mais il faut le mériter, cela n'arrête pas de remonter sur 50m de D+ bien raides pour replonger vers la mer ensuite, sur un terrain très minéral avec des dalles à n'en plus compter. Les jambes sont parfaites et seule l'adhérence arrête mes tentatives d'ascension. Avec en plus les encouragements du public, le site étant très prisé par les randonneurs qui semblent tous apprécier de voir un vététiste. Il faudrait en importer quelques-uns à Bleau :-) . Je rejoins la civilisation au niveau du phare d'Hondarribia. Retour rapide à la maison ensuite. Magnifique sortie . 50km , 1750m de D+ et 5h27 de roulage .