La Granit Ultime .... une course à part qui ne ressemble à aucune autre . Une motivation pour notre petit groupe de copains pour s'entraîner toute l'année, afin de pouvoir profiter de cette épreuve qui ne pardonne aucune faiblesse. Et pour moi, un événement très particulier. Depuis 5 ans que j'y participe, une sorte de malédiction veut que des soucis personnels viennent se greffer dans la préparation. j'y affronte donc le parcours et mes propres démons ( rien à voir avec Guéret :-) ) , finir est alors une double satisfaction, thérapie de choc à ne pas conseiller à tout le monde !
L'édition 2015 m'avait laissé un sacré souvenir . Plus de 10h sur le parcours terminé sous des trombes d'eau avec une préparation un peu limite qui ne m'avait pas trop permis de profiter du terrain de jeu exceptionnel de nos amis de l'Ambazac Sprinter Club. J'étais donc bien décidé à revoir la copie pour 2016. A commencer par le vélo, mon Cube ne me satisfaisant pas dans les descentes techniques, question de géométrie avec un avant pas assez chargé ne donnant pas vraiment confiance dans les "défis" qui constellent le tracé. Juillet 2015, je trouve un cadre Spé Stumpjumper 29 d'occasion à un tarif très compétitif, pas d'hésitation, le voilà dans le garage puis bientôt monté . Je vais me régaler avec ce vélo au Pays Basque pendant les grandes vacances, je me projette déjà sur la Granit. Oui mais il faut monter quand même, comment l'alléger ? Pour Noël , je commande donc une paire de roues carbones solides mais light. Oui ... mais ... une série d'avatars fait que les roues n'arriveront finalement qu'en avril. Le Cube décède entre temps d'un mal imprévu : tige de selle soudée dans le cadre ( alu/carbone ) par réaction chimique et impossible à sortir après 2 mois d'effort. Je réfléchis à remplacer le cadre et commande un cadre carbone Chinois doté d'une géométrie similaire au Stump. Les roues arrivent en même temps , et me voilà avec une "Arme Fatale", 5ème du nom, qui se révèle très performante, d'autant que l'entraînement porte ses fruits et que je fais tomber mes records sur tous mes parcours de référence. Motivé à bloc . Sauf que vendredi soir, l'AF5 disparaît du garage, emporté par un voleur. Le drame ... moral à zéro . Mais je ne vais pas renoncer à tout cet entraînement. Le Stump a été miraculeusement epargné, peut-être a-t-il lui même commandité l'attentat, vexé de ne pas participer à LA course. Plus trop d'hésitations, ce sera donc lui qui me servira de monture.
Bast nous fait faux bon, prétextant un déficit de roulage pour aller rouler ... 3 jours dans le sud . Il se pourrait bien que la météo pas trop optimiste ait pesé dans la balance. Météo qui inquiète notre Pat qui surveille avec une pointe de pessimisme des prévisions très changeantes. Ce ne sera pas la canicule, mais en ce qui me concerne, je préfère , parce-que la Granit Ultime sous 30° à l'ombre, pas sûr que ce soit une bonne idée. Pour ma part, c'est l'autoroute A10 qui m'inquiète, ce serait bien de ne pas devoir se coltiner un détour d'une heure pour arriver à Limoges . Finalement, elle rouvre le vendredi , ouf tout va bien , enfin , jusqu'au vol du vélo ....
Mauvaise nuit de vendredi à samedi, où je me repasse le film du vol en boucle, même si je sais que ça ne sert à rien, reste plus qu'à espérer que la police le retrouve mais de tout façon il faudra faire sans. Je monte les ZTR du Cube sur le Stump et le plateau de 26 samedi matin, puis nous partons avec Pat en direction d'Ambazac en début d'après-midi. Déluge avant Orléans puis le temps s'améliore et il fait beau à l'arrivée , ouf ! On retrouve Mary et JM , je fais le circuit de départ pour vérifier que le vélo est bien réglé et me préparer à un départ canon, j'ai des revanches à prendre, motivé à bloc le JP , et je ne veux pas me faire bouchonner dans les premiers passages techniques.
Diner sympa dans une pizzeria le soir, où nous faisons la connaissance de Nathalie "Pichotte" et de Franck, venu des Pyrénées profiter du rallye du samedi et de l'Ultime le dimanche. On est courageux ou fou , dans les Pyrénées ! On discute VTT, puis direction le dodo pour arriver frais et dispos .
Bonne nuit pour moi, j'ai du retard à rattraper, on est descendu à l'Ibis Limoges Nord comme d'habitude, à recommander, confortable et pas bruyant, et situé à 15 minutes du départ, donc pas de stress. Pat a même pensé à prendre un maillot cette année.
8h15, on est déjà en grille de départ, je me suis placé aux avant-postes. Je vois avec plaisir David, qui malade pendant la semaine, n'a finalement fait le trajet que tôt ce matin. Un autre fou ! Pat est sur la droite avec Mary, JM devant aussi. Et voilà la rubalise qui tombe, je pousse à mort sur les pédales, ça fuse de partout, la chaîne saute, caramba c'est quoi ce souci, je monte un pignon et me retrouve au milieu du paquet, David est juste devant moi, puis Mary et Pichotte qui passent comme des fusées, z'ont mangé quoi les filles ? Je pense à Bast qui nous a annoncé que Pichotte allait mettre à mal nos égos masculins, et ben , ça se confirme . Je les suis , ça bouchonne un peu au premier virage à gauche sur le petit single avant de revenir au bord de l'étang où je lâche les chevaux, passe Mary puis Pichotte histoire de calmer mon égo :-) . Je me sens tout bizarre, jambes un peu en coton, effet du stress , voir mon introduction et la signification de cette course dans ma mythologie personnelle. Le cardio est haut, faut se calmer il y en a pour 8h , je ralentis, Pichotte repasse, je prends sa roue et guette le retour de Pat que je ne vois pas. J'ai une sorte de limiteur de régime, mon influx nerveux est pour l'instant plus actif dans ma tête que dans mes jambes, mais bon, je connais le principe, faut pédaler et ça va passer. Voilà que maintenant c'est le pignon de 42 qui saute, je règle la tension, un peu trop , ça déraille, obligé de stopper pour remettre la chaîne. Mary repasse, Pat arrive, je repars, le pignon de 42 me fera des misères tout le parcours, pourtant c'est pas une cassette bricolée , explication pas encore connue , mais finalement, ça ne me gênera pas , les jambes arrivent à tirer le 26x36 sans souci. Je reviens sur Mary avec Pat, on la passe , coucou et bon courage pour la suite. Il parait qu'on a doublé aussi Pichotte, je n'ai pas bien vu où . Pat me dit qu'il a sa roue libre qui déconne et patinait au départ. Oups, pas bon ça . Il est resté planté au départ puis a bourriné pour revenir, cardio au taquet , il est un peu cuit me dit-il. Effectivement, il a un peu de mal quand ça monte, et ici , ben ça monte tout le temps ! Je le passe en lui demandant comment il se sent, pas top me dit-il , cardio et roue libre capricieuse. Je m'inquiète pas plus que ça, notre Pat, il est parfois gagné par le doute et puis ça passe. Petit à petit je me mets dans ma bulle, grimper aussi vite que possible, descendre pareil tout en restant sur le vélo . On arrive à la descente où j'avais percuté un arbre en 2015, avec mes lunettes pleines de buées. Cette fois, j'ai des nouvelles lunettes avec des verres traités, ça marche, je vois les arbres :-) . Et surtout, dès la première descente, je réalise que le destin a bien fait les choses. Le Stump est dans son élément, la fourche avec son hydraulique réglable garde bien l'assiette, aucune appréhension, que du plaisir, il se faufile dans les épingles, il faudrait en mettre plus des épingles en tourbe, je me régale ! Pensée pour Bast et ses ateliers "épingles". Les marches sont effacées sans y penser, cette fois, je suis dans le truc, l'influx revient dans les jambes, et je rattrape des concurrents qui m'avaient doublé dans la première heure. La moyenne est bien meilleure que l'année dernière où j'avais lutté à la minute près pour la porte horaire. Cette fois, je calcule qu'elle devrait être atteinte vers midi, ça se présente bien. Arrêt éclair au premier ravito, je retends la chaîne pour tenter de résoudre le problème du 42, mais ça ne fera rien, pas plus que le changement de maillon rapide au ravito 2. Cassette et chaîne neuve, mystère total. Allez, on s'en fiche, faut continuer. Mais où est Pat ? On monte, on descend, on virevolte, le parcours est top et cette première partie me semble assez différente des années précédentes entre les ravito 1 et 2. Je reconnais pas mal de passages, mais il y en a aussi beaucoup de nouveaux. On forme un petit groupe de même niveau, je reste en arrière, histoire d'avoir des poissons pilotes pour m'éviter une de mes légendaires erreurs de parcours. Une belle descente qui débouche sur une route et ... y'a Pat en plein milieux qui me crie "JP donne moi les clefs de la voiture". Freinage d'urgence, je m'arrête. Roue libre cassée . Pauvre Pat !! Un an de préparation pour 6 km , avec une roue quasi neuve . Vraiment pas de bol, presque pire que le vélo volé car au moins moi , je peux participer. Je lui laisse les clefs et repart à la poursuite de mon petit groupe que je rattrape sans difficulté, et oui , cette année , j'ai de la marge en descente, à la réflexion j'aurais certainement pu aller beaucoup plus vite , mais je me suis méfié des racines mouillées, surtout avec la petite pluie à partir de midi. Le granit par contre, c'est top, ça grippe même quand c'est mouillé. Ravito 2 , 32km , pit stop express + changement de maillon ( aucun effet non plus ) . Reste 4 km avant la porte horaire, toujours située au même endroit, passée à 12h10, waouh, ben ça se présente mieux que l'année dernière. On tourne rapidement à droite, on ne prend pas le même chemin qu'en 2015. Passage sympa, mais à partir de maintenant, on passe un cran de difficulté physique. Et d'une année sur l'autre, j'oublie tout le temps que si le pourcentage des montées n'est pas hyper raide, elle sont semées d'une ribambelle de rochers et racines qui ne facilitent pas la progression. C'est là que les 130 mm du Stump trouvent tout leur sens. Et en ouvrant l'amorto, le grip est au top lorsque le terrain devient trop mouvementé. J'ai la banane, je suis dans mon rythme, je profite du paysage et du parcours. Je reconnais la piste de descente que nous prenons en montée pour rejoindre la cabane du ravito au sommet, avec la charmante dame aux yeux bleus pour nous réconforter. 13h10, youpi, l'année dernière je venais juste de passer la porte horaire. Arrêt sandwich, on remplit le camel que je m'applique depuis le début à vider régulièrement pour éviter mes sempiternelles crampes. Je repars rapidement, direction la descente Kaolin. La végétation a bien repoussé ces derniers temps. Elle cache quelques gros cailloux qui secouent un peu le vélo, et même une grosse marche que je découvre ... quand le vélo la survole par inadvertance, merci les suspensions. En bas je rattrape deux concurrents avec qui je vais rouler quelques temps. Je suis un peu plus rapide en descente, mais ça repose de rouler à plusieurs, donc lorsqu'ils me proposent de passer, je leur dit que je suis bien derrière. On fait donc l'enchaînement des traditionnelles bosses de la mort qui tue pour profiter des trois pistes de DH consécutives. Ma préférée c'est la Ragondin, tout en tourbe et en virages où le Stump décrit de belles trajectoires fluides, çà donnerait presque envie de la remonter, mais bon, hein, faut pas abuser non plus :-) . Je finis par passer mes acolytes dans la A-Line où les rochers du départ ne les inspirent pas plus que ça. Elle tabasse bien celle là et la petite pluie rend les racines bien luisantes, du mal à lâcher les freins. Ensuite, ça monte, ça monte, ça monte .... Au Puy de la Garde, on est carrément dans les nuages. Humidité à 100% , je remonte les manchettes, fait pas si chaud que ça ici. Il y a quand même quelques sacré bourbiers par endroit, presque de quoi engloutir le vélo, mais qui a dit que c'était sec ? Et puis ça monte, ça n'en finit pas de monter. Enfoirés d'organisateurs va, des tortionnaires plutôt. Les petits demons dans la tête commencent à s'agiter. Mais qu'est-ce que tu fous là . Course de malade. Mal aux jambes. Serait mieux chez moi . Ca doit être bien un vélo électrique. Putain de caillou là , saleté de racines, temps de merde, année pourrie, ah si j'avais mon autre vélo ... Ah mais c'est quoi ces pensées négatives?? J'écrase pédales et demons dans un même élan, couchés les bestioles, allez à l'attaque . Le terrain humide est roulable sans problème mais ça pompe de l'énergie aux rares endroits où on peut récupérer. A partir du km 50, je me mets à rattraper des paquets entiers de concurrents. Super top pour le moral ! Je reconnais quelques-uns qui m'avaient dépassé en pleine bourre dans les premiers kms. A la Granit, le clef c'est de garder le tempo sur la fin. Du coup, ça me motive, et je m'applique à remonter la moyenne qui comme d'habitude a sacrement chuté à partir du ravito 3 . 7,9 entre le km 36 et 55 avec toutes les bosses qui s'enchaînent et qui finissent par faire penser que le parcours ne fait que monter. D'un coup les jambes redeviennent légères, le regard devient acéré, celui du tueur qui va bouffer tous ceux qui sont devant, l'adrénaline coule à flots. La Granit, on a beau vous la raconter, le jour où vous viendrez la faire , vous serez surpris. Nulle part ailleurs on ne retrouve ces enchaînements incroyables de montées et de descentes tournicotantes dans la tourbe, avec de la pente raide, des sapins, plein de sapins, des racines, plein de racines, du granit, plein de granit, et des mélanges selon toutes les proportions imaginables de ces trois ingrédients constitutifs d'une recette ultra épicée . Me voilà au ravito 4 , je sais que le plus dur est fait. Et là je découvre qu'une partie ceux que j'ai passé sont sur le ... 55 . Je n'en reviens pas, c'est la première année où je vois des concurrents du 55 aussi attardés sur le parcours. Etonnant. La fin est plus facile, sauf la descente de Pouyaud, un peu ravagée et glissante qui m'oblige à faire quelques passages à pieds. Je continue de me régaler dans les descentes, peuplées de vététistes à pieds accrochés aux arbres. Ensuite, tout se passe pour le mieux, le final me parait bien plus sympa qu'en 2015, j'ai encore les watts pour pédaler et me faire plaisir sur ces derniers kms à profil descendant. J'adore la descente du "Defi du Guetteur" , pense à David dans celle du Castor avec sa chute de 2015 mais elle passe bien cette année, je la trouve moins ravinée . On traverse la route et on file sur le final en évitant la "Bosse de Ouff" qui menait à Saint-Sylvestre. Reste 5km . Peu après , "arrivée à 3km" me dit un signaleur . Je me demande si l'infernal sentier en devers du final 2015 est au programme. Réponse : le voilà ! Mais beaucoup moins ravagé que l'année dernière où j'étais tombé au moins 5 fois en 1 km. Ou alors c'est moi qui était ravagé en 2015, hypothèse crédible aussi :-) . Cette fois ça passe, hormis une traître racine qui me fait coucher le vélo, seul mini chute que la journée. Et voilà l'étang, les clameurs du public, parcours bouclé en environ 8h30, avec de bonnes sensations et beaucoup de plaisir. Sticker "finisher" collé sur la plaque de cadre. Pat m'attend à l'arrivée, JM et David sont là aussi. Mary a réussi à passer la porte horaire, super content pour elle, je sais qu'elle ne lâchera pas et va donc remporter la course, les autres filles ayant abandonné. Je me change, mange mon repas, on voit arriver des concurrents du 55 ce qui semble assez incroyable puis Mary arrive sous les applaudissements. Elle aussi a vaincu sa frustration de 2015. Bravo à notre championne qui gagne un bisous ( même plusieurs ) de JM et le traditionnel bloc de granit du vainqueur. 72km, 2800m de D+, pour environ 8h30 de temps total. Pas de chute, pas de crampes, pas de point de coté. Presque pas de pluie jusqu'à mon arrivée, encore un beau souvenir gravé pour longtemps compte-tenu des circonstances de cette année 2016. Et toujours un immense bravo et merci à l'équipe d'organisation pour tout le travail réalisé et leur bonne humeur, qui est le plus bel éclat de soleil de cette course mythique. Coté classement, ça bouge tous les jours , 115ème à la dernière version et 12ème Master3 .
8 commentaires:
Sacré Granit : elle te maltraite, mais tu la combats toujours à chaque fois. Et j'ai la sensation que le plaisir est de plus en plus présent maintenant ! Bravo, car je sais que ce genre d'épreuve avec un vélo monté au déboté ajoute une difficulté supplémentaire.
Ah oui : je te décerne directement l'award du meilleur CR 2016, sans hésitation !
Excellent :-)
Et bravo pour ta perf 2016 et la gnac pour rien lâcher
Bravo JP !
Finisher de la Granit avec encore du jus dans les chaussettes, ça veut dire qu'il faut passer au cran supérieur...
Bast
Euh ... c'est quoi le cran supérieur ??
Bravo JP. Comparé aux CR de tes précédentes Granit, celle-ci semble avoir été la plus "facile" pour toi. Tu es prêt pour le challenge, samedi et dimanche, pour double plaisir.
Hervé
Bravo JP, super course malgré tes soucis personnels.
Notre entrainement a été payant, dommage pour moi , encore une nouvelle frustration, cette granit se refuse à moi.
Pat déprimé ou la Granit Maudite
Comme quoi ...malheureux avec la mécanique, heureux aux exploits granitiques !!!!
Encore bravo ��
Ric
Bravo JP!
J'espère pouvoir la mettre à mon tableau de chasse un jour!
Shussss
OliVTTiste
Enregistrer un commentaire