Long voyage samedi en direction du Pays Basque. Malgré l'itinéraire optimisé via Limoges, j'arrive bien fatigué en fin d'après-midi. Mais le beau soleil qui brille sur le Jaizbikel dimanche matin me donne la force de tomber du lit où je serais bien resté plus longtemps. La fatigue s'efface dès les premiers coups de pédale. J'adore ce coin, mais ça vous le saviez déjà. Sur le plat avant la montée, j'avance sans forcer pour chauffer les jambes. Un petit groupe de quatre me double, ils discutent en anglais. Euh vous ne vous appelez pas Chris quand même ? Un petit coup de jarret et me voilà bien au chaud dans les roues. J'espère secrètement qu'ils vont au même endroit que moi histoire de mettre un peu d'animation dans l'ascension. C'est bien le cas, nous voilà au pied de la première partie de la montée. La caractéristique du Jaizkibel sur son versant Nord est qu'il y a une petite descente à mi-pente qui coupe donc la montée en deux. Damned, voilà mes anglais qui ralentissent sous les conseils de leur leader " slow down a bit!" . Du coup , je les double ayant pour objectif, comme chaque année d'améliorer mon score sur Strava, il ne faut pas perdre des secondes bêtement. Je pense les avoir largué pour le compte, mais non, que nenni ! It was a british smart trap ! Me voilà avec les 4 maillots blancs dans ma roue. J'entends le bruit des pneus, le son des chaînes, j'ai un peu la pression là. Surtout ne pas trop en faire, je décide de monter à mon rythme , surveillant le cardio et la cadence de pédalage que je veux maintenir autour de 80 tours/min, il parait que c'est la zone de rendement optimal. On dépasse pas mal de monde, je suis dans le bon tempo, ni trop rapide, ni trop lent, je bats mon meilleur score dans cette première partie. Je fais la descente tranquille, la partie la plus raide est juste après. C'est là que les Anglais attaquent ! Diantre, ils avaient de la réserve. Ils s'envolent dans la première ligne droite raide. Soit ils sont beaucoup plus forts que je ne pensais, sois ils vont souffrir pour la suite. Je me force à rester sur mon tempo, la stratégie est simple, faire la partie raide sans trop tirer sur la machine pour pouvoir envoyer du braquet sur les 2 derniers kms plus roulants. Au détour d'un lacet, j'aperçois un maillot blanc. Eh , eh, les rosbifs plafonnent. Petit à petit je réduis l'écart, et arrivé sur la partie plus roulante, je repasse la plaque, me dresse sur les pédales pour relancer la machine en force. Je repasse un par un mes adversaires, pour franchir le sommet en tête et avec le sourire. Je dévale ensuite en direction du port de Pasaia pour la suite de ma boucle qui m'emmène à Oiartzun. Un peu pressé par le temps pour faire à manger à Nico à midi, je grimpe quelques kms du plus long col de la région, le Bianditz, avant de faire demi-tour pour filer sur Hendaye. La route du retour est typiquement Basque : un vrai grand huit en montagnes russes avec quelques sévères coup de cul. Soudain, un truc m'intrigue : la route est étrangement déserte. Dans le village suivant, c'est encore plus étrange : il y foule le long de la route et ... ils m'applaudissent. Quel sens de l'accueil ces Basques. Tiens maintenant il y a des signaleurs au carrefours qui me font des grands signes. Oups ... je réalise soudain que je suis sur le parcours d'une course cycliste et que tout le monde pense que je suis échappé en tête. Enorme ! Etrangement, alors que la police stoppe toutes les voitures, ils ne me demandent pas de m'arrêter et au contraire m'encouragent à rouler plus vite. Manifestement , on aime le vélo et les cyclistes dans cette région. Puis des motards me doublent suivis par une voiture tous gyrophares allumés. La course approche ! Faut absolument que je dégage de là , je donne tout ce que je peux, atomisant au passage mon score dans la bosse à 10% d'un km que je connais bien. Je sais qu'au sommet je vais tourner à droite vers la France et surement m'éloigner du parcours. La motivation aidant, je grimpe tout en danseuse sur un gros braquet, arrivant en haut avec au moins un poumon de moins. Ouf, sauvé. Je m'arrête quelques instants pour immortaliser le passage des coureurs. Je repars, il me faut quelques minutes pour récupérer de l'effort violent que je viens d'accomplir. Retour tranquille à la maison, ou presque, cette année, on a un magnifique appart tout neuf mais situé sur les hauteurs de la ville, 100m de D+ obligatoire pour terminer la sortie. 60km et 1400m de D+ pour 2h40 de roulage.
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