dimanche 26 juin 2022

Vendredi 24/06/22 : Gravel of Legend Ultra 300

 

J'avais initialement prévu de tenter le Tour du Mont Blanc en 2022 en vélo de route mais le manque de temps pour m'entraîner suffisamment m'incite à renouveler la bonne expérience de la Gravel of Legend 2021 dont nous avions bien apprécié la première édition. 

La Gravel of Legend est organisée dans le cadre du salon Gravel Nature is Bike à Angers et relie Arromanches les Bains ( Gold Beach d'où le nom de l'épreuve : Gravel Of LegenD = GOLD ) 

Me voilà donc inscrit, tout seul sur la version Ultra Distance 320 km car mes copains de club ont cette année opté pour la version bikepacking qui se fait en 2 jours avec bivouac le premier soir. Pas fan ( du tout ) des bivouacs sous la tente, je préfère rester sur la version en un jour, dont le coté extrême me plait bien. 

L'entraînement, limité en temps, mais efficace en qualité se passe bien , et les indicateurs de forme sont au vert les 2 dernières semaines avant l'épreuve avec de bonnes performances sur mes segments Strava favoris. Je suis donc plutôt confiant et pas stressé par l"évenement. 

L'année dernière, j'étais allé en voiture à Angers pour rejoindre Arromanches en train via le Mans et Caen , mais cette année , il est possible de revenir d'Angers en TGV sans démonter le vélo , qui plus est avec un train qui arrive à Massy pas loin de la maison . Adjugé donc , départ en TER avec Yann jusqu'à Bayeux le jeudi matin et retour TGV le samedi depuis Angers . Oliv et le reste de la troupe adopte mon scénario 2021 avec voiture déposée à Angers et train jusqu'à Caen. 

Lever à 8h jeudi matin pour rejoindre la gare Saint Lazare , départ à 11h . Arrivés à Bayeux nous retrouvons les copains en provenance de la gare de Caen pour un déjeuner sympa au café en face de la Gare où le chef ne lésine pas sur les quantités . 



Nous arrivons à Arromanches vers 16h30 . Contrôle technique des vélos puis chacun va déposer ses affaires au gite . Le mien est en haut de la fameuse côte d'Arromanches à l'entrée du petit village de Saint Côme de Laisné . Le gite est top , il y a juste 100m de D+ à faire pour le rejoindre 😱 . A faire deux fois puisqu'on boira une bonne petite bière sur notre terrasse préférée en bord de mer avant le briefing prévu à 19h30 


Second orage , j'attends une accalmie pour rejoindre le site du briefing ( différent de celui de 2021 ) heureusement sité à 100m du café . 

Il y a un monde fou cette année ( 400 ultra 300 + 100 bikepacking sur 2 jours ) . Le briefing comme l'année dernière insite sur la sécurité . Briefing néanmoins à revoir car la position des ravitaillements indiqués et les horaires de passage donnés sont un peu fantaisistes ( Porte horaire annoncée à 10h30 à Bagnoles de L'Orne ) soit 133 km de Gravel et 2000 de D+ à faire en 4h30 !!! On est plusieurs à poser la question sans que l'organisation n'y fasse beaucoup attention , à revoir pour 2023  . Pas inquiet pour les portes horaires, on était passés plus que large en 2021 . 

Diner super à la Créperie Recto-Verso à recommander chaudement, patronne A-D-O-R-A-B-L-E . 




Une bonne nuit , un peu courte , lever 4h30 pour un petit déjeuner à base de "Sport Dej" , je n'aime qu'à moitié le gout mais cela avait bien fonctionné en 2021 , on ne change pas les choses qui marchent sur ce genre d'épreuve. 

5h30 , sac déposé à la consigne pour le récupérer à Angers . 5h45 , je suis sur le site de départ . 

On fera le départ en deux fois cette année : nous sommes à marée haute , donc impossible de partir de la plage GOLD . Donc l'organisation à prévu un 2ème départ massif ( télévisions mobilisées ) sur une autre plage 3 km plus loin . On nous explique bien que la bande de roulement sera étroite ( rappel : marée haute ) et qu'il faut rouler à la limite de l'eau sous peine de resté bloqué dans le sable mou . 

Conclusion : faut etre dans les premiers ! 

Le départ se fait derrière moto pour ces 3 km de liaison 





Cette fois c'est parti , je reste bien à gauche au bord de l'eau , le virage à droite en bout de plage se fait en poussant le vélo , c'est quand même bien mou . 

Enfin nous voilà en action . Comme souvent le matin , je suis à moitié réveillé et sans grandes sensations . Je ne vois plus mes camarades de St Michel , accompagnés de Eric et David . Je connaissais déjà Eric , un copain de Stephane , mais bien content d'avoir fait la connaissance de David , un nouveau venu dans la bande qui sait mettre de l'ambiance. 

On nous a annoncé un terrain miné pendant le briefing ce qui m'étonnait quand même : deux gros orages , mais secheresse depuis quelques semaines . Effectivement , c'est un peu humide par endroit mais rien de bien méchant. J'etrenne de nouvelles lunettes achetées à l'InterSport de Bayeux , mes lunettes habituelles étant tombées du sac dans le train quand je l'ai ouvert pour récupérer le chargeur du téléphone. 

Lunettes bien sombres, en arrivant dans la première forêt, c'est tout juste si je distingue ce qui se passe devant ma roue. Pour le coup , il y a une petite couche de boue liquide bien glissante et paf , je ne vois pas une racine , le vélo part en sucette et je m'étale sur le coté gauche . Pas de bobo , si ce n'est l'amour propre. 

Me voilà reparti , je fais environ 1 km , re-racine, repaf , cette fois à droite . Toujours pas de bobo , mais je repars doucement , l'entrée en matière ne se passe pas idéalement , petit coup au moral. 

Quelques minutes plus loin, le support du GPS s'affaisse d'un coup . La vis du support à cassé , ayant sans doute subit une contrainte dans une des chutes . Gros souci : pas de balisage , impossible de rouler sans le GPS . 

Heureusement, j'ai des colliers rilsan ( la force de l'expérience 😀 ) et cela me permet de bricoler une solution de fortune en attachant le GPS à la potence 



Je n'ai pas la place de mettre plus d'un seul rilsan . Je serre fort , mais j'ai un doute pour les descentes qui tabassent. Pendant la réparation, je vois passer les copains qui m'ont rejoint . 

Je repars, rattrape la bande "bikepacking" , bien sympa d'entendre leurs encouragements , aller faut pousser sur les pédales , j'ai 300 km à faire ! 

Première descente qui tabasse , arrivé en bas ... plus de GPS ! Aaaarrrrggghhh ! La catastrophe ! Je suis dégouté , je freine pour faire demi tour et en freinant je vois le GPS pendouiller suspendu à sa dragonne . Toujours fixer le GPS à la dragonne ! Ouf , sauvé . Bon il va falloir faire gaffe dans les descentes , j'ai une petite pince sur moi, je serre le rilsan autant que possible et miraculeusement, cela tiendra jusqu'à l'arrivée ( du moins ... la fixation mais on en reparle ) 

On roule à 90% sur des sentiers plus ou moins larges, peu de route , sauf pour une montée de 2km à 20% qui va bien faire mal aux jambes , elle est nouvelle pour cette année et bien costaud , je benis le pignon de 40 à l'arrière et remonte un grand nombre de concurrents en train de zigzaguer . 

Arrivée au ravito 1 au bout de 56 km , juste après avoir rejoint la première voie verte qui ne durera que quelques kms . Le nombre de kms sur voie verte est divisé par deux par rapport à 2021 , cela change tout sur la difficulté du parcours . 

Ravito 1 


Remplissage des gourdes, vidange du cycliste , je grignote banane, compote , chips et barre energétiques et c'est reparti . 

Prochain ravito km 133 à Bagnoles de l'Orne . 

Entre les deux : du D+ , du chemin, du single , parfois technique avec racines . La luminosité augmente et je vois enfin ce qu'il y a devant mes roues , plus de chute à craindre , le GPS tient . 

Les sensations arrivent petit à petit  . 

Nouveau passage sur voie verte à la sortie de Flers . Cette année , toutes les villes sont contournées . Sympa pour la qualité du parcours , mais du coup , on ne croise quasiment aucun commerce. J'ai reperé une boulangerie pas loin du parcours au km 101 à Messei . C'est mon objectif pour la pause déjeuner, il est presque midi . 

Arrivée à la boulangerie : vendue, fermée 😢

Heureusement, il y a un CocciMarket juste à coté , ouf ! 




J'achète deux sandwichs, un coca , un yaourt à boire et je m'installe sur un banc de la place du village pour dévorer tout ça . 

Avant de repartir, je regarde le site de la course : http://course.solustop.com 

Quoi !! Je suis 248 ??? Oulala mais ça craint, je pensais être plus devant ! 

Je repars le couteau entre les dents , et dès que je rejoins la voie verte, j'enclenche le turbo. 

A partir de ce moment, je ne vais faire que dépasser des concurrents . Je les compte 1 par 1 😀 . Les jambes répondent super bien, je me sens en pleine forme comme souvent l'après-midi. Et ce petit jeu du "allez encore un de dépassé" me motive bien . 

On arrive au joli site des buttes rouges, pour une longue montée vers Bagnoles . 



Enfin c'est l'arrivée au ravito 2 , près du chateau . 



Ravitaillement rapide , j'ai des places à remonter moi ! 

Le départ du ravito est un chantier . Je doute de mon GPS quand il m'indique un petit sentier rocheux improbable à droite mais on est plusieurs et nos GPS nous disent tous la même chose. 

Bon je descends le truc à vélo histoire d'impressioner la concurrence , mais là , le GPS dit à gauche , et à gauche , cà monte à pic , improbable . Quelle idée de nous faire passer par là . Séance escalade à Gravel . Puis ça redescend sur des rochers glissants . Je me rappelle une histoire de pierrier au briefing , on doit y être . 

Le gars devant moi met un pied sur le rocher et paf , il finit 3 m plus bas avec le vélo sur la tête heureusement sans bobo . 

Hum ... descente ... prudente ... 

On finit par arriver en bas mais franchement, je ne vois pas l'intérêt d'avoir mis ça sur le parcours . 

C'est reparti , on traverse la campagne , c'est joli, vallonné mais il y a un vent de face de fou ! . Je ne pense qu'à une chose, voir et dépasser des gars devant moi . Un vrai obsédé le JP . Ce n'est pas la foule , et je peux compter les gens que je passe . 

Arrivée finalement assez rapide dans la "zone des chateaux" . Chateau du Bois Thibaud puis Chateau de Lassay où il y a un ravito ... surprise ( je ne l'avais pas en tête celui là ) . Joli passage, entièrement en single entre les deux châteaux, avec même des passerelles au-dessus des étangs, on regarde bien devant histoire de ne pas aller dire bonjour aux canards . 







Ravito éclair, remplissage des gourdes , car malgré la petite pluie qui nous arrose de temps en temps , le vent terrible assèche bien l'organisme et je bois beaucoup . 

Bon après ce ravito, on devrait rejoindre rapidement une voie verte si je me souviens bien . 

En réalité , pas tant que ça , car on roule encore dans les champs et les forêts avec toujours des bosses pendant 20 km avant de rejoindre enfin le velorail . 

Ca y'est je vais pouvoir accélérer . La moyenne est à peine de 19,5 à ce stade . 

Allez zoup , tout droit , on pousse sur les pédales . Les arbres autour de la voie verte protégent à peu près du vent, le compteur grimpe à 30 . 

Soudain, un groupe me dépasse roulant grand train. D'où il sortent ceux là ? "Bon courage" me dit un petit jeune taillé comme un radis en passant . 

Comment ça bon courage ??? Mais il croit parler à qui celui-là ? 

Je saute dans leurs roues , et nous voilà pour un remake d'un passage de l'année dernière : à fond sur la voie verte , "BARRIERE!" , freinage, relance , "BARRIERE!" etc ... 

Curieusement , encore un ravito au km 190 . 30 km à peine depuis le précédent , le suivant est au km 275 , bizarre comme répartition . Je jette un oeil au classement : 190 , 60 places de gagnées , allez ! 

On repart, je me rends compte que je suis de plus en plus facilement mes nouveaux camarades . On approche de Laval , et je me souviens que cette section n'est pas plate même si on contourne cette année la ville par l'est . 

Une bosse se profile : vais-je pouvoir suivre le rythme , ils ont l'air jeunes et forts mes nouveaux copains . Le "Bon Courage" me trotte encore dans les neurones. 



Réponse au milieu de la côte : oui , aucun souci , je dirais même que j'ai l'impression qu'ils fatiguent . 

2 côtes plus loin, je suis tout seul , incroyable , ils ont lâché . 

Frisson dans l'échine, j'accélère un peu plus , l'adrenaline coule à flot , me voilà presque en wheeling avec la fumée qui sort des pneus . Bon, j'exagère un peu , mais à peine hein ! 😀

Les concurrents que je récupère ont l'air de plus en plus fatigués , il y en a qui se trainent , et vont avoir du mal à rejoindre Angers certainement . 

On reprend les voies sur berge et cette fois , c'est tout droit jusqu'à l'arrivée . Le vent de face est de nouveau bien présent . Le GPS indique 22/23 alors que j'ai le sentiment d'appuyer pour rouler à 30 . Je me dis que le GPS buggue ... mais rapidement je me rend compte que non, j'ai de la force mais ça n'avance pas comme je voudrai à cause du vent. Pfuiii ça va être long . 

Un jeune stoppé au bord me demande si j'ai une chambre à air. Je lui file une de mes deux chambres à air de rechange , vive mes pneus tubeless. 

Soudain je réalise que le GPS branché à une batterie externe ne charge plus . Le cable à pris l'eau . Hum , ça va être juste en autonomie . Mais je pense encore que la moyenne va remonter , ça devrait aller. 

Je n'ai plus d'eau . Je stoppe à un resto en bord de rivière pour remplir . Je repars avec un gars qui cherchait à manger mais le resto ne servait pas pour cause de mariage . 

On rejoint le ravito 5 au km 275 . Je suis 168 , yes , les 150 sont jouables . Je tente de secher le cable de la batterie. Aux autres ravitos ils avaient des chargeurs pour les GPS , mais évidemment , pas à celui-là maintenant que j'en ai besoin. Rien à faire avec le cable, je me rends compte qu'il chauffe à mort en court-circuit, donc on oublie la batterie externe... 

Je repars bien motivé et en pleine forme . 

Mais ça n'avance toujours pas . Saloperie de vent de face ! La moyenne stagne depuis 60 km . La nuit s'approche, je passe le GPS en mode eco , l'écran ne s'allume que s'il faut changer de direction . J'aurais du le faire avant pour avoir de la marge . J'estime l'arrivée à 23h , bien plus tard que prévu mais le parcours n'avait rien à voir avec 2021 . Deux fois moins de voies vertes , 1000m de denivelé positif en plus et surtout , le vent pleine face qui souffe à 30/40 km/h en ce début de nuit. 

Il pleut fort , j'ai mis la veste de pluie jaune fluo qui protège super bien , phare allumés . A 15km de l'arrivée après avoir laissé sur place deux gros paquets , je me dis que je dois être dans les 150 . Arrivée 22h50 dit le GPS , je pousse encore plus fort mais je peine à dépasser 25 alors qu'on était 10 km/h plus vite en 2021 à cet endroit. 

Je me dis : bon super les pneus tubeless, je n'aimerais par crever maintenant. 

500m plus loin , sentiment de flou dans la direction . Non , non , non , c'est pas vrai !!!! 

Et si .... j'ai crevé de l'avant . Bon on prie pour le preventif marche . Arrêt regonflage sous la pluie , pas sympa du tout , les deux groupes repassent, fait chier ! 

Reparti, 1km plus loin de nouveau à plat , le préventif n'a pas marché ... 

Extinction du mode course, passage au mode survie , je continue à plat , je me vois pas mettre une chambre à air dans le noir sous la pluie battante.

J'appuie sur le bouton du GPS pour voir où j'en suis : rien , le GPS a rendu l'âme . 😨😨😳😱

Passage au mode survie++ , allumage de la montre GPS pour enregistrer la fin de parcours . Et comme je suis très très malin , j'ai aussi mis le tracé sur la montre . Eh, eh , eh !! 

Yep , mais le tracé est énorme , trop long pour la pauvre montre, pas moyen d'enclencher le guidage 😱😱😪

La galère ... 

Il ne reste qu'à utiliser le téléphone, j'allume Komoot,  jamais vaincu le JP , I'm the Finisher ! 

J'arrive à un carrefour , il y a des signaleurs . Je demande s'ils ont une pompe : yes ! Le temps de laisser plusieurs groupes ( aie, aie , aie mon pauvre classement 😪) , il me filent une pompe à pied . Je tente , gonfle à 4 bars et ça semble tenir .  

Pas évident de rouler avec le téléphone dans la main . Arrivé à un carrefour avec plusieurs chemins, je tourne en rond ... et repart en arrière sans m'en rendre compte . 

Je croise un concurrent , je comprends mon erreur , et je décide de le suivre , il ne reste que cela à faire . 

Le gars roule à une allure très tranquille mais c'est mon sauveur et enfin voilà l'arrivée il est minuit , une heure de perdue sur la fin mais ce n'est pas grave . J'ai passé une super journée , super sensations sur le vélo , plein d'aventures , des paysages magnifiques et des souvenirs pour longtemps . 

Vive la Gravel of Legend ! 





3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo mon JP, toujours de la ressource 😛😉. T’as trop appuyé un moment, t’as fait chauffer la gomme et c’est la raison de cette crevaison 😂😂😂.
Ils sont fous de te provoquer ces petits jeunes 😂, heureusement que t’avais pas faim à ce moment là il leur manquerai une cuisse à chacun 💪💪💪💪.
J’étais en transe en lisant ton aventure, fallait voir : encouragements 📣, cri de déception dans les galères 😢 et applaudissements 👏 au passage de la ligne. Génial 👍🏻

Anonyme a dit…

Comme je l'avais prévu. Avec cette météo typique de la Normandie, seul un JP peut traverser ce genre d'épreuve !!! 😉

Anonyme a dit…

Incroyable cette histoire, le même JP au travail que dans ces passions.
Il ne lâche rien !
Encore Bravo !