Résumé des épisodes précédents pour ceux qui les auraient manqués+
: 4 crevaisons dans les 20 derniers kms samedi à Namur . En rentrant, j'ai réparé mon pneu tubeless, sans trouver de trou ou autre souci . Donc bien rempli de préventif, regonflé , nickel , validé par le traditionnel tour du quartier. Problème réglé, crevaisons inexpliquées, on va dire que c'était la loi des séries.
Lors d'une sortie récente, Yann m'avait dit " ça te tenterait JP un 200 ? On va à Mantes le jeudi 10 Mai" . L'idée tombait bien, ayant prévu de longue date de poser toute ma semaine. Les conditions sont favorables, la météo aussi et je n'ai jamais passé la barre de 170 km. Et surtout, c'est toujours un vrai bonheur de rouler avec la joyeuse bande de Wissous. Au hasard d'un apéro, je demande à Marco à quelle heure est prévu le rendez-vous : 6H45 me dit-il. Oula ! Moi qui ne suit pas du matin ... J'adopte donc une technique pour maximiser le temps de sommeil : je trouve un très beau gite pas cher à proximité du départ. Soirée sympa dans un beau cadre . Je me couche pas trop tard et je dors exceptionnellement bien pour la veille d'un événement de ma carrière cycliste. Le réveil me fait sursauter à 5h15.
6h30 ; pour une fois, j'ai le parking pour moi tout seul ou presque . Je me gare à 10m des inscriptions. Inscrit contre 5€ + 4€ pour avoir un sandwich + boisson au ravito de midi . 6h45 , pas de AAOC en vue . Bizarre. 7h : SMS de Franck : tu viens ? RDV à 7h45 . AAAAAHHHHH !! J'ai 1h d'avance !! Bon pas grave, je sirote quelques cafés en profile pour lire les centaines de mails du boulot arrivés pendant mes 2 jours de congés .
7h45 : tout le monde est là . Je fais la connaissance d'une légende de l'AAOC . FranckXXXL . Aussi sympa qu'il est costaud dans tous les sens du terme, attention c'est un sacré palmarès qui nous accompagne. Je suis moyennement rassuré. Je fais aussi la connaissance de Charles , du VTT de l'Yvette, un voisin en quelque sorte. Ce sera aussi son premier 200. Franck ( version miniature "L" du Franck ) , Marco, Yann, Michel, Mathieu sont aussi de la partie.
Nous voilà partis, sous quelques rayons de soleil timides et une vraie fraîcheur. Manchette et coupe vent de rigueur. On tournicote un peu dans Mantes la Ville, avant de traverser la Seine, direction les côteaux au-dessus de la Roche Guyon. Je reconnais, les paysages de feu la Garennoise , une super rando VTT , mais aussi des lieux que je survole souvent depuis Saint-Cyr.
Une première bosse nous réchauffe bien, avec un final à plus de 11% qui fait mail aux jambes à froid. Je suis pas du matin, je vous rappelle. J'ai beaucoup roulé ces derniers jours, donc sans être particulièrement fatigué, j'ai un peu mal aux jambes et du mal à accélérer.
Nous adoptons la config standard bosse : Franck ( version L ) fait le tempo au pied, en forme le Franck . FranckXXXL en pleine reprise, heureusement pour nous, gueule qu'on veut l'assassiner et crie "relax, relax". Yann ne lâche pas la roue de Mathieu qui de son côté médite de lâcher Marco . A l'approche du sommet, les trois lascars se font la malle, Mathieu attaque, Marco contre-attaque et passe en tête en tombant deux dents comme si c'était naturel et sans effort apparent. Répétez autant de fois qu'il y a de bosses sur le parcours, et donc un nombre incalculable de fois !!
Avec Charles on adopte une tactique prudente correspondant à rester dans le ventre mou du peloton avec Franck version L , et la version XXXL qui grogne proportionnellement au pourcentage.
C'est à ce moment qu'un bruit de roulement caractéristique se fait entendre : pneu arrière à plat . NOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNN!!!!!!!!!
Ca recommence, j'y crois pas ! Installation d'une chambre à air, moment désagréable au possible avec un pneu plein de préventif. J'en ai partout, les blagues fusent sur la nature du liquide blanc qui me tâche de partout ( censuré ) . Franck L me prête une pompe qui à l'air de gonfler fort, je gonfle à bloc pour être tranquille. J'en peut plus des crevaisons.
Nous voilà donc repartis, pour une loooongue bosse. Au sommet je me retrouve intercalé entre Franck et les trois voltigeurs habituels. Nous approchons du ravito situé au km 53. Dans une ligne droite soudain "BANG!" . Le pneu arrière explose .... . Il y a forcément un truc : 6 ème crevaison depuis les 20 derniers kms de Namur. J'avais prévu 2 chambres . Et zoup, on s'y colle pour le nouveau démontage tout comme le préventif qui lui colle les doigts. Je suis rejoint par le reste de l'équipe . Extraction, inondation de préventif résiduel, moqueries , scénario bien maîtrisé, pompe , on gonfle ... et EUREKA !!
Bonne nouvelle : la cause de tous les ennuis est enfin trouvée : la tringle du pneu est HS sur quelques cms, et dans certaines conditions, la chambre passe à travers et boum !
Mauvaise nouvelle : irréparable !
Moi, Jean-Pierre, finisher devant l'éternel, je vis un grand instant de solitude : là c'est cuit ... Je visualise le taxi qui va me reconduire. Ah non, c'est vrai j'ai l'appli Uber. Enfin bon, c'est la cata. Faut trouver une solution. Michel Mac Gyver improvise avec un bout de chambre une réparation de fortune . Ca semble pas si mal fonctionner, la chambre est maintenue dans le pneu . Je regonfle . Pas trop fort me dit Franck . Je l'écoute à moitié , obsédé à l'idée de ne plus crever.
On repart . 2 km . BOUM ! Plus de chambre, rien à faire, pneu irréparable, l'horreur, foutu , c'est foutu . "Ils ont des pneus au ravito" dit Franck . Hein ? Vraiment ? Faut y aller sur la jante dit FranckXXXL . Hein ? Vraiment ?
S'en suivent 2 km de descente technique à plat : au delà de 20km/h c'est du suicide, vélo quasi incontrôlable. Crispé sur les freins, j'arrive enfin en bas. Et je vois Yann et Franck qui reviennent avec un pneu ! Yaoouh ! Un gentil organisateur a fait don d'un pneu usé certes , mais en état de rouler. L'espoir revient . FranckXXXL et ses 30 ans de carrière cycliste s'emparent du pneu , d'une chambre et j'ai droit à un mécano de luxe. Sauvé . Je lui ferai bien la bise, mais bon, hein , il est grand et costaud on sait jamais sur un malentendu il pourrait m'étaler pour le compte.
Il y a même une pompe à pied. Me voilà sauvé bien que traumatisé. J'avale trois madeleines et on repart. J'entends des pshiiiit et des boum virtuels dans ma tête, il me faudra une bonne heure pour retrouver confiance. Le parcours est superbe, vraiment. Je n'avais jamais roulé dans ce coin. Petites routes dans les forêts, paysages magnifiques avec les Coteaux de Seine ( cf Garennoise ) et des bosses, des bosses, des longues, des raides, des roulantes, de tout quoi .
Michel opte pour le 156, il nous quitte, RDV au ravito. On fait la grande boucle. Il y a un sacré vent de face dès qu'on est à découvert. Heureusement, le groupe tourne bien et les relais nous permettent de maintenir un bon rythme même si c'est un peu usant pour le moral. On y va chacun à notre tour d'un "putain de vent" . C'est l'occasion de travailler les relais . FranckXXXL explique à Charles le principe des bordures. On s'ennuie jamais :-)
Juste avant le ravito, petite pause point de vue au dessus des boucles de la Seine à proximité d'Elboeuf. MAGNIFIQUE ( cf photos ) !
Puis on arrive au ravito. Un bon gros sandwich et une compote de pomme me font le plus grand bien , tout comme les lavabos pour enlever les traces de preventif :-)
Un gars a pété son câble de dérailleur. D'abord optimistes pour l'aider, je réalise que changer un cable de dérailleur sur une manette Shimano ne s'improvise pas. Rien à faire ! FrancXXXL règle la vis de butée au max pour que notre pauvre concurrent malchanceux ( je suis solidaire ! ) puisse rouler au milieu de la cassette et rentrer.
J'avais oublié de vous parler d'un truc : les pancartes ! Un truc qui échappe toujours un peu au vététiste que je suis : mettez une pancarte devant Franck L et il sprinte comme un dératé poursuivi par Mathieu, Marco et Yann . A la fin c'est en général Yann qui gagne . Et vous rejouez le truc autant de fois qu'il y a de pancartes sur une route. Je vous laisse faire le compte. Alors on se dit ' il y a 200 bornes, il vont se calmer" . Et ben non, pas du tout . Enfin si , à la fin , Franck était calmé mais pas Yann ni Mathieu .
Au fur et à mesure de notre progression, on rencontre quelques cyclistes. Un cri de Tarzan moderne, compromis entre le rugissement d'un ours et le barissement d'un éléphant retenti pour prévenir de notre arrivée. C'est FranckXXXL qui se manifeste. Très efficace, les obstacles se jettent immédiatement dans le champ le plus proche :-)
Pour ma part, les jambes vont de mieux en mieux. Je me sens vraiment bien en repartant du ravito. On discute avec Charles , son record est de 160 km , le mien de 168, on célèbre le moment où nous franchissons chacun notre score respectif. Ben oui, je suis pas du matin, je vous l'avais dit . Du coup, je fais un truc parfaitement incroyable. Pris d'une soudaine frénésie, je sprinte comme un malade à la poursuite de Yann et Marco à l'approche ... d'une pancarte. Pfuiiii , ça devient grave, je vous le dit .
Il y a une variante à la pancarte : le sommet des ponts. Allez , j'en fait un aussi, effet de surprise surement, je me retrouve tout seul au sommet ! Et voilà comment vous reveillez le diable : voilà notre petit peloton transformé en meute assoiffée de km qui appuie soudain comme c'est pas permis. Le GPS s'affole , 45 km/h , oula !
Allez, dernier ravito km 174 , on se calme et on se restaure . FranckXXXL a fini sa reprise, il s'y met aussi maintenant . Les 35 derniers km seront abattus en une heure en file indienne derrière Super Marco. Je voyais pas tout à fait comme ça la fin d'un 200 :-) . Dans une grande descente, le GPS indique 65 km/h, mais ça suffit pas , je me retrouve 200m derrière à me demander ce qu'ils avaient mis dans le pain d'épice au ravito.
Regroupement général après que la meute ait décidé d'attendre le petit homme vert, et c'est reparti jusqu'à la fin.
Arrivée rejointe après 207 km, 7h30 de roulage , 2200m de D+ .
Et voilà : premier 200 pour Charles et moi, premier pneu offert à un ravito, fin d'une série de 7 crevaisons, mais surtout une super journée avec une super bande de copains, 7h30 de rigolade et de bonne humeur, du soleil, du vent, des bosses et des descentes, bref une bien belle journée de vélo, qui donne envie de recommencer et ... de racheter des pneus neufs :-)
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