Le premier à m'en avoir parlé, c'est justement David, toujours en quête de défis à la hauteur de ses capacités hors norme. Depuis, j'ai lu les compte-rendus des participants, tous passionnants, et découvert une aventure humaine et sportive exceptionnelle. Pour tout vous dire, c'est ce qui a fait germer l'idée du Gravel en moi. Et l'idée est tentante, à un rythme plus humain que le challenge "moins de 9 jours" que David s'était fixé.
Parti avec quelques autres concurrents dans la vague du dimanche, il avait déjà un jour de retard à rattraper.Grâce au tracking temps réel de tous les participants, nous avons suivi sa progression. Les "orange" , couleur des partants du dimanche on vite rattrapé les "bleus" du samedi, du moins les moins rapides d'entre eux . Philippe B. , parti le samedi est resté 5 jours en tête avant de se faire doubler par l'avant-garde orange. Il a fallu que je regarde les CV des participants sur le site, pour prendre conscience d'un autre exploit. Une jeune américaine figure depuis le départ dans le top 10, j'avais à l'origine attribué son prénom peu commun , "Lael" à un homme.
Notre David a donc grignoté places après places , jusqu'à s'installer ... en 2ème position, à quelques encablures d'Harold d'un concurrent anglais, mais l'écart restera stable jusqu'à l'arrivée, les deux concurrents étant manifestement sur le même rythme.
Etant en vacances à Hendaye, à 60km du lieu d'arrivée, un charmant petit village Basque nommé "Mendionde", je ne pouvais pas manquer d'aller saluer David.
Initialement, j'avais prévu de faire le trajet à vélo mais de grosses averses toute la soirée m'en dissuadent. Je mets donc le vélo dans la voiture et file à Mendionde. Je demande s'il est permis d'aller à la rencontre d'un concurrent, apparemment aucun souci. Lucie est là avec la voiture pour accueillir le champion. Je file à la voiture et ... je découvre le pneu arrière du vélo à plat. Incroyable ! Je me dépêche de mettre une chambre, David ne chôme pas et n'est plus qu'à 10km. Le temps de réparer, il est à 7km ! Tous feux allumés, je file dans la nuit Basque. La route est absolument déserte, miraculeusement il ne pleut plus. L'atmosphère est moite, je suis vraiment heureux d'être là, l'ambiance est un peu irréelle. Je regarde le GPS , ayant récupéré le parcours sur le site "Montainpass", je ne peux pas louper David.
15km/h au GPS , il ne marche plus ou je n'avance pas ? En fait ... ça monte ! J'arrive à Macaye, 3,5 km au GPS , David ne doit plus être loin. Je décide de stopper sur la place du village. A peine arrêté, je vois en sens inverse une lumière tremblotante. Ce ne peut être que lui ...
La route monte, la lumière se précise doucement. Je reconnais le pédalage caractéristique de David. Le temps de prendre une photo au vol ... David me reconnait . "C'est toi JP? " . Frêle silhouette qui émerge de la nuit calme pour un exploit majuscule.
Je lui demande s'il accepte que je roule à ses côtés et David accepte volontiers, il en est à 17h de vélo aujourd'hui . Nous voilà donc en route pour les 3 derniers km. David me raconte un peu son parcours et les difficultés , mais je n'en dirai pas plus, c'est son aventure et je lui laisse la primeur de nous la raconter.
Je le rassure : ça descend presque jusqu'à l'arrivée . Nos vélos filent c'est un moment magique, hors du temps. Quel exploit de David, ça me semble irréel, 15 à 17h de vélo pendant 8 jours 17 heures et 48 minutes ...
Le temps de prendre une petite photo et je m'éclipse, laissant David en compagnie de Lucie et du comité d'organisation qui l'attend pour un bon repas.
Cette épreuve est de la folie ... mais pour avoir touché quelques instants l'ambiance qui l'entoure, c'est une aventure qui mérite sans aucun doute d'être vécue
.
Une pensée pour David lorsque j'arrive sur les petites routes locales : ça n'arrête pas de monter et descendre avec des passages bien raides, il avait remarqué aussi cette caractéristique Basque. Me voilà dans le début de la montée, que je reconnais bien. Un gars me passe comme une fusée en danseuse. Soit c'est Alaphilippe qui s'entraîne incognito, soit le gars est fou. Ni l'un , ni l'autre, il doit faire du fractionné sur les 200 premiers mètres de l'ascension et fait demi-tour quand je le rejoins. Me voilà lancé sur cette longue bosse, sans personne pour servir de lièvre, les routes sont désertes ce matin . J'ai mon "JP virtuel" sur le GPS. L'année dernière , je l'avais monté à bon rythme avec Yann et un autre cycliste rencontré sur la route. Le JP virtuel prend un peu d'avance, 20s à mi-pente. Je me dis que j'ai largement le temps de les combler. Erreur, je n'y arriverai jamais et l'écart restera constant jusqu'au sommet ! Pas mal néanmoins avec le Gravel.
Le sommet est dans les nuages, obligé d'enlever mes lunettes, tout juste si je vois encore la roue avant ! Mais ça se dégage pile au moment où je passe la pancarte "711m" .
La descente est trempée et plein de terre dans les virages avec les trombes d'eau de la nuit. Mode prudence, j'en profite pour prendre des photos.
Retour à Hendaye par les chemins pour changer et profiter que j'ai le vélo pour le faire.
Riche idée !
Je tombe sur un chemin en partie bétonné , je dis bien bétonné pas bitumé. Et ça change tout ! Avec l'humidité, le béton est super glissant. Comme la pente se dresse soudain à 25% , ma roue arrière se met à décrocher par endroit. Ca tient tout juste et en usant de réflexes de vététiste pour doser savamment le poids sur la roue. Ca monte d'enfer pendant un petit bout de temps. Je commence à maudire mon idée de passer par ce chemin !
Au moins c'est joli . Paysages magnifiques .
Je gagne 10km/h en passant devant une ferme. Cause : chien féroce qui semble vouloir me bouffer . Ca motive !
Un truc auquel j'aurais du penser : vu que ça montait très raide, ça descend forcément pareil . Et à nouveau le chemin est bétonné . Avec des énormes rigoles bien profondes pour évacuer l'eau . Je ne vois pas bien la profondeur de la profondeur, le vélo si : gros choc à l'avant, je freine machinalement, mauvaise idée, adhérence nulle, me voilà en crabe les deux roues en glissade. Mode vététiste on, on gère avec le poids du corps et en dosant les freins, merci les disques. A la 6ème méga rigole, le chemin débouche sur une route, ça redevient plus praticable.
Je file sur Hendaye sans autre surprise, belle sortie encore.
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