Le départ |
Finisher : 7ème Granit Ultime terminée, 100% de réussite mais pas toujours dans la facilité ! |
Un peu sale à l'arrivée |
Descente , pas si facile ... |
C'est beau non ? |
Dallounnette pas osé passer ... |
Ravito 2 |
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Bienvenue au pays des singles |
Ravito 1 |
Départ du 83 |
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Départ du 104, respect les gars , faut oser ! |
JP Stephan avec le futur vainqueur |
Essai du maillot Granit |
Les parcours 2019 |
Il est où le plat ? Y'en a pas ici ... |
Pour cette année 2019, nous nous sommes votés un week-end club le 30 juin en Belgique pour découvrir le Raid des Penitents. Du coup, je n'avais pas inscrit la Granit au programme , 2 gros raids en 1 semaine, ça me semblait beaucoup. Agenda chargé en 2019 avec un changement de fonction qui me demande beaucoup d'investissement. Et puis, je n'avais pas des supers sensations à VTT depuis le début de l'année .
Oui mais, voilà que JM met les bouchées doubles pour la Granit, et il évoque souvent cet objectif dans ses commentaires Strava. Je finis par aller jeter un oeil sur le site de nos amis d'Ambazac et je réalise que ce sont les 10 ans anniversaire de l'épreuve. Et il y a une superbe tenue collector en vente sur place .
Notre voyage Gravel de 5 jours a été excellent pour les jambes et je me suis aussi amusé à remonter mon ancien semi-rigide chinois avec lequel j'ai retrouvé de très bonnes sensations sur le VTT. Bon , allez , c'est décidé , je m'inscris et pour le fun je prendrai le SR . Richard décide de m'accompagner mais préfère se limiter au 60km alors que je m'inscris au raid ultime 83 km / 3200 D+ . Version rando, car le chrono part à 6h30, je préfère dormir 20 minutes de plus et partir à 6h50, on ne se refait pas :-) .
Nous partons donc samedi en début d'après-midi avec Richard, et après un trajet rapide, nous arrivons sur place peu avant 17h. On croise Mary & JM , Mary sur son vélo, c'est bon signe même si elle n'est pas encore complétement remise de son accident.
On a aussi la chance de voir arriver Jean-Paul Stephan, accompagné par un jeune compétiteur de sa région. On ne le sait pas encore, mais il s'agit du futur vainqueur !
Cette année, il y a une Pasta Party organisée sur le site. Après avoir acheté ma tenue Granit ( trop belle !!! ) et salué l'ami Pascal , co-organisateur en chef , nous dinons d'un bon appétit en discutant avec les amis. Je fais remarquer à Pascal que les portes horaires semblent facile sur 83 km . Il me répond qu'il a été gentil cette année, avec un petit sourire machiavélique . 2 portes sur le 83 : km 61 à 16h15 et km 73 à 18h00. Facile ... . Evidemment, retrospectivement, j'aurais du me douter qu'il y avait une autre explication ...
Couché à 22h, il faut se lever tôt le lendemain. J'ai préparé un gateau sportif maison pour le petit dej . Levé 5h ( pfuiii.. ) , j'englouti un bon tiers du gateau, un café, du jus d'orange et on file au départ. Nouveau parking cette année, à 2km ( mais en descente ) du départ.
Aligné à 6h50, je me mets en 2ème ligne pour partir dans les premiers et éviter d'eventuels bouchons. Richard comme toujours pas stressé pour un poil, se fait prendre en photos par d'autres concurrents. Allez top départ, je m'élance et rentre dans le premier sentier dans les 10 premiers. Je me fait un peu doubler, je n'essaie pas de forcer, ma position me convient.
Le parcours est complètement changé cette année . On fait une boucle en direction de Saint-Sylvestre où nous attend le premier ravito au bout de 20 km. En gros, on commence par la fin des anciens parcours avec 1100m de D+ sur les 20 premiers kms. Les 6 premiers km en montée ne sont pas trop raides. Je monte en rythme en regardant de temps en temps si je vois revenir Richard. Pas en vue pour l'instant .
Le vendredi soir, il y a eu un énorme orage avec 40mm d'eau tombés en quelques heures. Même avec deux jours de soleil, les chemins sont encore très humides sur certaines portions. Et la première descente est littéralement ravagée par le passage des concurrents précédents. Il y a des sillons de tourbe boueuse partout. D'un coup, je me dis que mon option semi-rigide n'était surement pas la meilleure pour le parcours du jour. Trop tard, je me lance dans le descente. Ca glissouille pas mal quand même ... Et surtout, c'est assez trialisant. Cela va être la marque de fabrique de l'édition 2019.
Le parcours était réputé difficile pour le 10ème anniversaire. Au bout de 6 granits terminées, j'avais pris la chose à la légère, me disant que les petits gars d'Ambazac avaient bien fait monter la pression. Erreur, fatale erreur ! Le parcours est extrême cette année. Du jamais vu sur la Granit !
Au bout de 10km , Richard me rejoint à la faveur d'un ralentissement involontaire de ma part , un arbre sauvage mal éduqué ayant traversé devant le vélo. Faut se méfier des arbres du coin, ça traverse sans prevenir et paf le JP ! Donc c'est allongé dans la tourbe que je vois Richard et repart derrière lui.
On zigzague sur des sentiers dont la Granit a le secret : pas 2m de ligne de droite, pas 5m de plat , des paves de Granit en veux-tu en voilà, des toboggans vertigineux, des buttes, des trous, de tout en fait, chaque mètre se mérite, tout le temps, sans répit , sans aucun répit , et puis ça monte, ça monte, souvent , très souvent , à croire que ça monte tout le temps . En fait, ça ne se raconte pas. Seuls ceux qui l'ont fait peuvent imaginer. On entend toujours la même réflexion pour ceux qui découvrent "on m'avait dit que c'était dur, mais jamais je n'aurais imaginé que c'était à ce point" . Oui, une Granit, ça se vit, ça ne peut pas se raconter à la hauteur de la réalité de ces tracés uniques
Bref, on progresse avec Richard, en inversant les positions à la faveur des aléas du parcours.
On descend Castor, je salue l'arbre qui a un jour embrassé David :-) C'est assez périlleux avec l'état du terrain. Bon, j'arrive en bas en un seul morceau et on attaque la célèbre bosse de "Ouff" , qui était l'arrivée des premières éditions. Ca fait du bien de reconnaître, je sais que celle-là, je la monte sans trop de mal à part les 10 premiers mètres plein de cailloux.
On passe l'ancienne aire d'arrivée, ça monte raide sur la route et on arrive au ravito 1.
Un oeil au compteur : tiens , je n'ai que 14km . On devrait être à 20 . Pourtant je ne me suis pas trompé. Richard a bien les 20 km. Mince, j'ai un souci avec le GPS . La bonne nouvelle, c'est qu'on a mis 1h40 , c'était pas si dur ... Ouuupps : je réalisé que j'ai un vrai souci . 1h40 de roulage compté par le GPS mais 2h50 de temps écoulé. Or je ne me suis pas arrêté . Presque 3h pour faire 20 km !!! Les autres années c'était 1h15 . Je réalise que mon objectif de 8h30 ( + 30 minutes qu'en 2017 parce-que le parcours est plus long ) va être très très dur à tenir !
On repart sans tarder, le couteau entre les dents. Richard s'inquiète pour les portes horaires ( déjà ) , je le rassure, on a le temps . Quoique ... Ayant étudié le parcours, je sais qu'il y a moins de dénivelé sur ce 2ème tronçon. C'est le moment de foncer.
On fonce donc . Pas longtemps ... c'est reparti pour du trialisant. On passe des flaques de 30 cm de profondeur. Un chantier je vous dit.
Km 28 séparation 60/83 . J'ai passé Richard dans la bosse, je le vois au loin, lui fait signe et file sur le 83. Km 30 on me colle une pastille rouge sur la plaque . J'arrive sur un toboggan qui génère un attroupement, tout le monde hésite à se lancer. Les toboggans, ça ne me pose pas de pb. Je baisse la tige de selle et je m'élance. Juste avant le replat, le vélo fait une embardée inexplicable. Aaaaahhhh l'aaaaaaarbbbrrre ! Un coup de guidon désespéré et je fais une nouvelle embardée à 90° . Aaaahhhhhh le mur de Granit ! J'entends des cris d'horreurs plus haut , ça ne me rassure pas et je me dis " là , je casse le vélo ou je me casse un truc, ou les deux " et paf le granit . Tout s'arrête, j'ai le souffle coupé, mais je n'ai pas entendu de crac, et pas ressenti de douleur. Je ne sais pas trop comment j'ai évité le choc frontal, le camel a tout pris et j'ai cassé une des bretelles. Attroupement autour de moi . Ca va ? Tu veux qu'on appelle les secours ? "Non, non, tout va bien" .
Je relève le vélo, et me pose en sécurité pour faire le bilan. Un noeud et j'ai à nouveau 2 bretelles fonctionnelles. Par contre, faut comprendre ce qui s'est passé avec le vélo. Et là , je réalise que la roue arrière est désaxée . Je m'étais pris dans une liane et ça a du dévisser le serrage arrière. Voilà l'explication de l'embardée. Et des passages de vitesses difficile sur les 3 derniers kms. Une vis de la patte de dérailleur s'est fait la malle ... 1/4h de bricolage pour sécuriser l'ensemble . Je trouve un bout de bois bien dur qui permettra d'éviter de trop forcer sur la vis restante en prenant la place de celle perdue. Je resserre bien tout . Dégonfle les pneus qui avec la chaleur sont montés en pression . Et je ralentis le rebond de la fourche. Bricolage efficace: le FM056 va parfaitement fonctionner jusqu'à la fin, et passera toutes les descentes (enfin, à l'exception des quelques dalles glissantes quasi verticales infaisables pour moi ) . Ceci dit, j'aurais été beaucoup plus vite avec mon tout suspendu, mais bon, voilà , c'est fait faut aller au bout.
Me voilà reparti. Il me faut 30 bonnes minutes pour me remettre dans le truc . Un toboggan de plus , tiens voilà Mary qui nous prend en photo et nous filme . "Allez JP , on y va" . Le JP a encore la tête qui tourne un peu après la chute, mais bon j'y vais , ça passe .
Ravito 2, 41 km . 6 h ! Il est situé à l'endroit où se trouvait le premier les autres années . Pas gagné cette affaire à ce rythme d'escargot . Je commence à penser à la porte horaire. Pourtant, physiquement ça va, mais c'est vraiment dur d'avancer sur ce terrain, l'humidité générale multiplie encore la difficulté du parcours.
Allez zoup, on y va . Tiens c'est plus facile cette partie . Ah ouf, on va foncer maintenant .
Et puis ... attroupement . Double dalle vertigineuse. On réfléchit comment passer. Même à pied, ça ne coule pas de source . Finalement , on fait la chaîne, il y en a un qui descend en glissant sur les fesses puis attrape le vélo du suivant etc ... Comprend pas comment les premiers ont pu passé ça .
Même sur les fesses, ça part en couille et je me rape le bras droit en essayer de m'arréter. Le téléphone tombe de ma poche, mais les gars derrière s'en apercoivent et je le récupère.
On va serpenter autour du lit d'un ruisseau pendant 5km . Quasi inroulable . Des gués de 40cm de profondeur. Vu la chaleur ( ah oui, j'ai oublié de le dire : il faut chaud pour corser encore le parcours ) , ça fait du bien de se mouiller, donc je me lance sans hésitations. Je me dis juste que ça va finir en mode plongée sous-marine car ils sont de plus en plus profonds. Ca remonte à chaque fois droit dans le pente dans la terre grasse. Je porte le vélo et j'ai du mal à avancer à pieds. On se motive en maudissant les traceurs. Bon on finit par arriver à un arbre où il y a marqué "Ouff" . Fin de l'épisode portage. Je remonte sur le vélo et ... crampes . Le passage à pied/vélo ne plait pas à mes quadriceps. Je découvre qu'en forçant sur un gros développement ça passe . J'aurai plusieurs alertes jusqu'à l'arrivée, toujours lors de transitions à pieds/pédalage. Je bois . Et ... plus d'eau dans le camel . Oulala ... pourvu que la ravito arrive vite.
Cette fois, c'est roulable. On passe dans des chemins qu'on empruntait en milieu de parcours et que je reconnais . Je sais que c'est la partie un peu plus facile et me rend compte que la porte horaire de cette année, bien que plus loin sur le parcours, est située au même endroit que d'habitude.
Arrêt rapide au ravito 3 , km 53. Je siffle une bouteille de Saint-Yorre et attaque le Coca pour ne pas faire de bouteilles jalouses. Je sais que cette fois, il faut pousser sur les pédales pour passer avant 16h30. Alors je pousse . Mais heureusement, on est maintenant dans un parcours Granti "classique". Ca monte, ça descend, ça tourne, mais c'est fluide. Plus de trialisant. Je sais que je vais y arriver. Ca me booste. Je me concentre sur des pensées positives. Les jambes vont bien, mais il y a de la lassitude mentale à avoir cette impression de ne pas avancer.
Je reconnais les descentes, les chemins .J'atteins des vitesses hallucinantes : plus de 10 km/h après 8h entre 6 et 7 ... de moyenne .
16h02 ; j'ai passé la porte, je reconnais bien le chemin et je sais que ça va tourner à droite et monter .
Un peu plus loin, nouvelle pastille agrafée sur la plaque. A droite pour le 83 ! Je vois pas mal de blessés entourés de secouristes. Bon , restons prudents . Mais ça va, je reste lucide dans les descentes , malgré la fatigue générale. Un gars devant moi finit dans un arbre, dans un passage pourant ( relativemnt ) facile : la fatigue est bien présente. Pas de bobo pour lui heureusement.
17h45 ravito 4. Un gars fait une crise d'hypo avec les secouristes autour. Décidemment ... Moi je fait pit stop F1 : j'avale 5 rondelles de saucisson, 2 pates de fruits, rempli le camel et je file . Devinez ce qui se profile : le mythique ruisseau de Noueix pour les connaisseurs. Ahhhh , c'est pas là qu'on va rouler vite . J'écrase les pédales, dans 10 cm d'eau et ça passe . Je dépasse du monde dans la bosse qui suit, je monte sur le 42x40 en danseuse, faut choper la porte horaire ! Moins de 3km mais il ne me reste que 20 minutes ...
Porte horaire N°2 : je passe à 18h14 pour 18h15 ! Ouf .... On me demande si je veux raccourcir : ah non, surtout pas . Je veux finir ma 7ème Granit . 7/7 c'est un score sympa non ?
Encore une montée raide, je monte à pieds, j'ai besoin de récupérer. Puis ça descend . Mais ... c'est incroyable . C'est un chemin lisse ! Le vélo roule, 20 km/h, 30 km/h . Je passe le plateau de 42 . Et en quelques kms les toxines disparaissent. Les jambes sont là, ça répond . Je double un gars, il s'accroche, je tombe les dents , relance tout ce que je peux, Je vole, je file, j'ai des frissons dans le dos. On fait le tour de l'étang par l'autre coté . C'est rigolo, il y a plein de passerelles en bois partout. Le FM056 vole, saute , tourne , plus rien ne peut m’arrêter. Et voilà, j'ai passé la ligne . Finisher . Voilà l'autocollant . 7/7 c'est gagné . Je l'ai fait, encore une fois, la plus dure, et de très très loin . Comme toujours, je me dis : jamais plus ! 83 km / 3500 D+ ! 12h21 au total pour 9H50 de roulage ( faux sans doute, car GPS mal paramétré , je me suis peu arrêté en dehors de la chute ) .
Richard est là, il a explosé sa roue arrière quelques centaines de mètres après que l'on se soit quittés, dommage, il est maudit sur la Granit.
Cette édition était hors norme. Un niveau de difficulté vraiment un gros cran au-dessus. Personnellement j'ai trouvé ça un peu too much . Trop de passages trialisants , je préfère quand c'est plus fluide. Ca n'a pas empêché le jeune qui accompagnait JP Stephan de terminer 1er en 6h24. Incroyable . J'aimerais le voir passer dans les zones qui me semblaient impossible pour comprendre comment il a fait.
Un grand merci aux organisateurs. Toujours cette ambiance conviviale unique comme l'épreuve , tout aussi unique comme l'a redit JP Stephan à l'arrivée . C'est la plus dure et la plus belle . Vive la Granit . J'ai déjà oublié les moments difficiles et il me ne reste que les souvenirs incroyables que seule la Granit sait générer. !