dimanche 18 septembre 2022

Samedi 17/09/22 : Paris-Le Crotoy

 

En rentrant du CC07, Laurent me parle du Paris-Le Crotoy, qui a remplacé le Paris-Honfleur, célèbre rando. J'en ai souvent entendu parler et je ne l'ai jamais faite , donc je saute sur l'occasion et je m'inscris. Ludo fait de même, voilà une épreuve bien sympa à venir. 

N'ayant pas de bons souvenirs de rappatriement en bus sur des expériences précédentes, je prends un billet de train pour le retour , à la gare de Noyelles pour 18h45. 215 km mais en peloton, je table sur un 28 de moyenne sans forcer , 1h d'arrêts , disons qu'on arrivera à 15h au plus tard , ça permettra de visiter le coin. J'adore la baie de Somme mais pour l'instant, je n'ai fait .... que la survoler en avion, passant systèmatiquement prendre les phoques en photo quand je vais au Touquet. 

Avec l'entrainement des vacances, j'espère pouvoir pleinement profiter du plaisir de rouler avec les copains. 

On se donne tous rendez-vous à 7h30 au départ, Ludo ayant motivé quelques uns de nos amis d'AAOC et je suis tout content de rouler à nouveau avec Franck XXXL que je n'ai pas croisé depuis un petit bout de temps . 

Je décide finalement de prendre une chambre à Colombes pour la veille au soir, beaucoup de travail en cette rentrée et je ne me sens pas de me lever à 4h30 du matin pour venir depuis Bretigny. Je réserve dans un B&B tout neuf qui se révélera un excellent choix, d'autant que le receptionniste m'accorde de laisser la voiture sur le parking pour la journée. 

6h, je me lève après une bonne nuit et je prends un excellent petit déjeuner à l'hotel , pain, croissants, jambon, oeufs , de quoi tenir 215 km sans problème 😀 . 

Manchettes et coupe vent indispensables au départ , les températures se sont effondrées en quelques jours et il fait bien frisquet. J'ai juste à passer le pont sur la Seine pour rejoindre le départ ce qui me prend 5 min. Je m'attends à trouver un village entier grouillant d'animation et je suis assez étonné de ne voir qu'une petite tente noire sous laquelle deux dames congélées et tremblant comme des feuilles me donnent ma plaque de cadre. Je confie mon sac avec mes affaires de rechange et une housse de vélo pour être sur de monter dans le train au cas où il serait envahi de cyclistes. Préparation méticuleuse pour ne rien laisser au hasard, on ne sait jamais, il m'arrive parfois des aventures 😀. 

Ludo arrive 3 minutes plus tard et nous rejoignons toute la bande qui nous attend devant le stade. Franck XXXL et en forme et comme à son habitude, met de l'animation dans le groupe tout en reveillant les différents quartiers traversés avec sa voix tonitruante. 




Bien qu'il fasse frais, il fait un temps magnifique, les jambes tournent bien ce matin, je suis très heureux d'être là et j'ai la banane à l'idée de la bonne journée que je vais passer avec les copains. 

Ludo se porte en tête comme à son habitude et emmène le groupe.  Nous voilà dans un rond point anodin, et soudain à ma plus totale stupéfaction je vois Franck qui n'avait pourtant pas pris plus de 10° d'angle dans le virage perdre la roue avant. Aie ! Le vélo se couche, et pars comme une fusée dépassant Ludo qui ne peut éviter de rouler dessus et chute à son tour, sa main se coinçant entre le guidon et la route . 




Tout cela s'est passé en 2s. Franck a rapé la cuisse et la main de Ludo est bien amochée , surtout un ongle mais rien de grave, le temps que nos blessés reprennent leur esprits , nous pouvons repartir. 

Notre petit groupe roule bien jusqu'au premier ravito situé à Chantilly. Quelques bosses roulantes, mais pour l'instant , ça roule tout seul . On avait rendez-vous avec Laurent au bout de 20km, avec suivi de trace en temps réel pour se retrouver. Mais Laurent a fait une petite erreur d'aiguillage et on se rate. Je profite de l'incident du rond point pour regarder mon téléphone et je lui donne rendez-vous au ravito de Chantilly. 



Le ravito est sur l'hippodrome de Chantilly, nous traversons la ville avec la vue sur le magnifique château et je retrouve le km de pavés que j'avais déjà testé lors d'une sortie dans le coin. Les vibrations sont vraiment terribles, ça fait du bien quand ça s'arrête. 



Le ravito me surprend un peu : petit cubes de jus d'orange comme je n'en avais plus bu depuis ... très longtemps , viennoiseries sous plastique, c'est plus qu'inhabituel, pour faire simple , jamais vu ça . J'aurais préféré de l'eau et du sirop , bananes, abricots sec et chips , bref le menu habituel . 

Laurent nous rejoint, Ludo lave sa main blessée, pas trop de mal sauf un ongle douloureux avec un gros hematome qui va le lancer toute la sortie. 

Nous repartons, direction Neuville en Hez à 33km.  Laurent a des fourmis dans les jambes et prend des relais plus qu'appuyés ce qui lui vaut l'inévitable leçon de relais de maître Franck. Laurent se montre bon élève et ecoute les conseils du Maestro. 

Un nouveau venu fait son apparition dans le groupe : le vent , de face , plutôt bien sensible dès qu'on est un peu à découvert. 

Nous voilà rapidement à Neuville, nouvel arrêt ravito. Ludo découvre que son pneu arrière tubeless a perdu de la pression, sans doute un effet de la chute. 




Même buffet que la première fois, pas sur que ce soit très nutritif ces viennoiseries industrielles. Je vais commencer à taper dans mes réserves de pattes de fruit et gel par la suite. 

Un bénévole propose une pompe à pied à Ludo qui regonfle mais ça produit l'effet inverse escompté et il faut mettre une chambre. 

Tout cela prend un petit bout de temps et on repart du ravito alors que le parc à vélo est quasi vide, plus personne. Laurent s'inquiète pour le repas 'il n'y aura plus de plateaux !" 

Les relais s'organisent plus ou moins correctement, mais on avance pas mal , dans un vent désormais intense . On en a plein les oreilles, on n'entends même plus Franck parler ( ceux qui le connaissent comprendront ) , j'en ai plein la tête, je n'aime pas ça mais les jambes vont toujours bien. Le paysage est plutôt sympa et le parcours vraiment joli, que la France est belle sous le soleil me dis-je. 

Nous sommes sur l'étape la plus longue, 50 km jusqu'au prochain ravito. Jean-Luc a un peu de mal dans les bosses mais Franck veille au grain et le ramène à chaque fois dans le groupe. On roule bien en se relayant face au vent et on remonte un nombre considérable de concurrents et petit groupe . Quelques cyclistes rattrapés sautent dans le groupe qui s'étoffe et améliore sont efficacité globale. A chaque fois , je me dis "allez , encore des plateaux repas dépassés, il devrait rester à manger finalement" . Je les compte en fait : " un plateau , deux plateaux , trois plateaux ..." On en dépasse pas loin de 200 quand même 😀 , un truc à s'endormir ça en les comptant tous 😂

Nous rejoignons enfin Sommereux, lieu du ravito 3 qui est aussi le repas de midi . 

Il est 13h à notre arrivée, dans un clos de ferme très joli, et nous mangeons sur l'herbe au milieu des pommiers. 

Laurent a été malade sur ce tronçon ce que nous ne savions pas , ayant constaté sa disparition du groupe sans trop savoir comment , il arrive 10 minutes plus tard, pas très en forme. Jean-Luc se plaint aussi de maux de ventre. Est-ce les cubes de jus d'orange et les trucs sous cellophane ? 

On mange une espèce de salade en boite pas franchement enthousiasmante, avec une banane en dessert . Bon ce ne sera pas le repas du midi le plus génial que j'ai vu sur une épreuve cyclo ... On explique à Laurent à quoi ressemble les cylcos Belge et leurs ravitos incroyables. 






Finalement , tout le monde repart, il est 14h30 . Hum ... je me dis qu'il ne va plus falloir trainer si on veut choper le train , il reste à peine une heure de marge . 

J'avais lu quelque part cette partie était la plus difficile. Effectivement, après quelques kms sur de belles routes de campagnes en zig-zag, on enchaine une série de bosses dont une avec un bon passage à 13% . Pas mal de concurrents quasi arrêtés ou à pied.  Plusieurs nous félicitent au sommet, pourtant rien de vraiment si difficile. 

Sur le plateau qui suit, un pshiiiiit sonore . Ludo a crevé de l'arrière ! Il n'a plus de chambre mais on lui en donne une , nous voilà reparti. Je commence à regarder l'heure pour le train, arrivée au Crotoy à 18h me dit le GPS. Je me dis qu'il ne faudra pas trainer au prochain ravito . 

Pendant que Ludo répare le long d'une haie, le proprio nous dit qu'on n'en a pas fini avec les bosses, il y en a encore une bonne qui s'annonce. 

Effectivement ... Jean-Luc a vraiment du mal maintenant , n'ayant pas trop roulé ces derniers temps . Franck et Olivier décrochent pour le ramener, on continue, le groupe se réduit . Laurent commence à parler de couper pour attraper le train mais c'est impossible pour Ludo et moi, nous avons nos affaires à l'arrivée dans le sac donné au départ . Il faut rejoindre l'arrivée coute que coute ! 

Au moins, mon vélo fonctionne à la perfection avec ses pneux Vittoria Corsa Next presques neufs ( trois sorties ) et plein de préventif . Vive le tubeless au moins je suis tranquille coté crevaisons. Ca vaut mieux car nous sommes sur de toutes petites routes de campagne plutôt très sales. 

Pshiiiiiiiitttttt  ... dans une descente en un tour de roue mon pneu arrière est à plat . Non ! C'est pas possible ! 

Je préviens les copains devant, je m'arrête et découvre avec horreur que mon pneu s'est déchiré sur 3cm sur le flanc ! On peut passer le doigt au travers . Miséricorde , qu'est-ce qui a bien pu faire ça . La situation n'est pas top car il faut colmater la déchirure sinon la chambre va faire une hernie et éclater. 

Olivier a des rustines , on en colle une dans le pneu . J'ai un petit doute, mais je suis pressé et je décide que ça fera l'affaire . On regonfle, reparti , le GPS dis arrivée à 18h15 ... de plus en plus chaud . 

Et le vent qui est de plus en plus terrible. 

Tout bascule, je ne suis plus dans le plaisir, désormais c'est un combat contre le temps et le vent . Le plaisir s'est éloigné , warrior is back , faut le faire , faut rien lâcher, on a pas eu de chance mais on a payé le tribut , désormais tout droit vers l'arrivée et pas question de s'arrêter au ravito. 

Le groupe éclate entre les bosses, le vent , les incidents . On roule à cinq désormais avec une fille sur un vélo de triathlon en position aéro parfaite qui tient notre rythme. 

Alors qu'on approche du ravito , pshiiiiiiittttt . Ah non , c'est pas vrai ! Plus de chambre, là c'est la galère . Heureusement un gars en noir sympa s'arrête et nous donne un chambre , en plus à valve longue , pile poil parfait pour ma roue de 55 .


 

La rustine a bougé , entrainant une hernie et la crevaison . Je la replace soigneusement. Le reste du groupe avec Franck arrive et décide de nous attendre au ravito , on leur dit de nous rejoindre ensuite car on ne s'arretera pas , sauf Laurent qui désormais annonce qu'il va couper. 

On arrive au ravito, Laurent s'arrête , je me plante de chemin le GPS m'indiquant de tourner car le ravito était sur la trace , bref 5 minutes de perdues . 

Arrivée 18h40 désormais : impossible de récupérer le sac puis se repartir à Noyelles à 5 km en arrière en 5 minutes . Sauf miracle c'est mort mais il reste un espoir si on peut remonter la moyenne. 

Mais justement, j'ai soudain l'impression d'avoir un frein sur le vélo, je me sens fatigué , bref , j'ai du mal à suivre Ludo . Le vent omniprésent me prend la tête, j'en aussi marre de le sentir que de l'entendre mais j'y crois toujours, en tant que spécialiste en galère, je sais que ça se termine toujours bien . Allez on y croit ! Mode survie+ enclenché . Je VEUX rentrer chez moi ce soir et retrouver ma petite femme. Même si je dois rentrer à vélo , je vais y arriver ! 

Laurent nous rattrape , finalement il va prendre le train à Noyelles. Pas d'affaires à récupérer donc c'est possible pour lui. 

Et à 15 km de l'arrivée .... sur une belle route propre ; pshiiiiiiitt .... 




Les bras , non,  les jambes m'en tombent . Pas possible, c'est une malediction, je suis marabouté , ou alors il y un sniper qui m'en veut et tire dans mes pneus. A la réflexion, cette dernière hypothèse est sans doute improbable. Cette fois,  le train c'est mort . Allez on continue sur la jante . Et puis on s'arrête finalement en voyant des vélos arriver. Miracle , un gars équipé comme pour une rando de 5 jours me propose même un pneu . J'ai honte , je refuse , on se contentera de la chambre , heureusement dans une boite en carton. 

Pourquoi heureusement ? Parce-que clairement la rustine n'était pas la bonne idée . La déchirure est trop grande, rustine trop souple, si je crève c'est parce-qu'une hernie finit par se former. 

On met la chambre ( sans le carton , j'ai pas encore tilté ... ) . On gonfle à mort et BOUM ! Explosion sonore qui s'entend à 1km . Heureuement, car devinez qui arrive à la rescousse attiré par le bang : le gars en noir de tout à l'heure qui me redonne encore une chambre à grande valve. 

Cher inconnu , je ne sais pas qui tu es et je regrette de ne pas te l'avoir demandé . J'étais un peu desepéré il faut dire. Mais merci , du fond du coeur pour ta générosité ! 

Cette fois je fabrique un patch en carton pour protéger la déchirure. Je sais que c'est ce qu'il faut faire et j'aurais du le faire dès le début. Honte à moi  . 

Au passage, je réalise que l'étrier arrière frotte à mort sur la roue j'ai mal du la remettre en place , d'où la sensation que je n'avais plus de jambes ! Je recentre l'étrier et ça tourne rond de nouveau. 

On repart pour Nième fois . Entre les explosions et crevaisons, cette fois , le GPS indique 19h20. Le sujet du train est définitement clos . 

Il nous reste une chance : le bus de l'organisation et le camion qui ramène les vélos ... à 19h30 . 

Après une 2x2 voie pas top qui nous fait rallumer nos feux arrière, on finit sur une belle piste cyclable. Le patch en carton fonctionne, le pneu tient . Les jambes reviennent pour le final magnifique au bord de la mer sur la piste cyclable et je me force à croire qu'il y aura de la place dans le bus . 






On demande s'il y a de la place dans le bus : OUI !!! mais il nous reste 3 minutes pour mettre les vélos dans le camion . 

Le camion est fermé , il faut négocier pour le rouvrir, on est une dizaine dans le même cas , allez c'est bon vélo embarqués, le bus part à 20h30. 

Sauvés ! In extremis . Merci ma bonne étoile mais c'est bon , faut pas te sentir obligée de me faire vivre des trucs pareils ! 

On a le temps de boire une bière avec Ian qui a fait le Paris Nice avec Ludo . 

On monte dans le bus 

Arrivées Colombes à 23h . 

Oui mais ... le camion n'est pas arrivé . Il faudra l'attendre 1h15 de plus ! 

Ludo me suggère d'aller récupérer la voiture, très bonne idée , je vais la chercher à pieds, on pourra patienter confortablement. 

Le camion arrive , le temps de tout décharger , dépose de Ludo à Vanves à 1h15 . Qui repart ... avec ma roue avant, dans le noir , j'ai interverti les roues en les rangeant posant la mienne sur son vélo. Bon pas grave, ça attendra la semaine prochaine pour faire l'échange . 

Arrivée maison à 1h45 . 

Sacré journée , mais tout est bien qui finit bien ! 

Laurent a eu son train pour 5 min . 

Si je la refait un jour , ce sera en off , car vraiment pas aimé les ravitos et trop de temps perdu dans ces arrêts . Je préfère le mode autonomie des Classics Challenge . Mais le parcours et la destination valent le détour. Pour les pneus, j'hésite à passer du tubeless aux pneus pleins pour être sur , faut réflechir 😉

Par contre, l'arrivée était magnifique et j'ai retrouvé le plaisir sur les derniers kms. Encore une belle journée de vélo  et plein de souvenirs 😀


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