Début mars lors de la rando de Chevannes, Ludovic nous avait parlé du Merrell Oxygen Challenge, organisé par ASO dans la station du Lioran avec un Marathon VTT de 80km et 3620m de D+ (!) au programme. Nous décidons de nous inscrire avec Ludovic et Benoit. S'en suivent deux mois consacrés à préparer l'évenement. Et le jour J arrive avec un départ prévu jeudi 21 pour le Cantal. Un début de semaine passé à scruter la météo avec inquiétude. Fera-t-il beau ? Comment sera le terrain ? Les prévisions sont inquiétantes pendant la semaine avec un temps froid et pluvieux au programme jusqu'à que cela change in extremis pour annoncer un temps agréable avec quelques éclaircies. Se pose aussi la question de l'équipement : maillot court ou long ? Kway ou pas ? Chaussures rigides ou plus souples pour les portages ? Hilght Titane ou Prophet pour le vélo ? Dans le doute, j'emmène toutes les combinaisons et opte pour le Hilight, les 9kg du vélo étant un avantage pour le D+ et les portages. S'agissant d'une course marathon internationale, je présume que le parcours est relativement roulant ( il faut se méfier des réputations...)
Jeudi 11h, je pars de la maison pour aller chercher Benoit et nous partons récupérer Ludovic. 1/4h de perdu sur l'horaire au passage car le GPS veut absolument nous faire passer par une rue qui est barrée du fait de travaux SNCF. Nous prenons la direction du Lioran peu avant 12h, prenant l'option de déjeuner sur la route. Il y a du monde, ce sont les départ de l'Ascension. Rien de trop gênant toutefois. Arrêt dans une cafétéria pour manger une salade de pâtes, diététique à défaut d'avoir du goût. Nous arrivons à la station du Lioran à 18h. On descend de la voiture et Benoit me fait remarquer que mon pneu avant est à plat. Incompréhensible, puisque je n'ai pas roulé depuis 3jours et que tout était ok au départ. Je regonfle. On prend la direction du village de tentes pour y récupérer nos dossards en échange d'un certificat médical, notre licence FFCT n'étant pas reconnue en compétition. N° 3548, 3549 et 3550, cool, les dossards se suivent. En plus du dossard, nous recevons une plaque de cadre et un bracelet de chronomètrage à accrocher sur la cheville gauche. De charmantes jeunes filles nous remettent un sac un dos et un tee-shirt, cadeau de l'organisation en échange des 42€ du droit d'inscription. Nous avons aussi droit à une pasta party pour les concurrents, servie gratuitement sur des tables dressées dans la patinoire. Nous faisons un petit tour dans le village où nous découvrons un système d'hydratation original : le tuyau comporte un module sur lequel on vient fixer une cartouche de produit énergétique, ce qui évite de le mélanger avec l'eau. Idée intéressante. On se rend ensuite à la patinoire pour avaler la ration de pâtes indispensable à tout marathonien. Puis nous prenons la direction de la citée médiévale de Murat, au pied de la station, où j'ai réservé deux chambres à l'hôtel des Messageries. Accueil super sympa du patron, qui nous propose de mettre les vélos dans le garage à motos, et voyant que nous ne sommes que trois, nous réduit le prix des chambres en remplaçant une des chambres à deux lits par une chambre individuelle. Puis il avance l'heure officielle du petit déj pour qu'on puisse être à l'heure au départ. Bravo ! Une petite bière au café du coin puis au dodo pour un lever à 6h. Au réveil, le temps est au beau fixe. Ce sera donc tenue courte, et chaussures adaptées à la marche au cas où ( choix qui se révelera plus que pertinent ... ) Pendant la nuit, Ludo a eu une illumination et décidé d'intervertir pneus avant et arrière après avoir constaté que le pneu arrière ne tournait pas rond et frottait sur une base. On se lance dans l'opération à 7h30, le départ est à 8h15 à la station avec 10min de route, c'est chaud. Pendant ce temps je regonfle une nouvelle fois ce damné pneu avant qui s'est encore dégonflé ! Bon , nous arrivons quand même in extrémis à la station, et on rejoint l'aire d'arrivée à H-5min pendant que le speaker fait son briefing. Le temps est bien plus beau que prévu. Il fait déjà bon et il n'y a pas le moindre début de nuage. Grand ciel bleu. Le top ! Il y a du beau monde dans les participants : Kohei Yamamoto, champion du Japon, Olivier Maignan, Thibaut Vassal, Pierre-Yves Facomprez .... Une petite photo souvenir et c'est parti. On a bien fait de reconnaître le parcours de départ la veille au soir vu qu'on part exactement à l'opposé ! Ouarf ! En fait on a reconnu l'arrivée ... Ca monte tout de suite sur la piste de ski, le bec de selle est déjà de sortie. On monte sur quelques centaines de mètres avant de basculer dans une descente qui va durer plusieurs kms en direction de Murat. Beaucoup de ruisseaux sur le parcours, ça mouille et c'est gras. On alterne des passages roulants avec des passages bien techniques. Comparé à la région du Puy de Dome que je connais bien, le terrain est ici beaucoup plus caillouteux. Ça secoue sévère dans les descentes. J'apprécie le Mountain King 2.4 devant mais il aurait été encore mieux sur le Prophet. Impossible de suivre Ludo qui pilote comme un pro et dépasse tout ce qui roule, suivi par Benoit. Je les perds de vue tout en me concentrant sur mes trajectoires, d'autant que j'ai un doute sur le pneu avant à cause des dégonflages mystérieux. Mais finalement, je n'aurai pas le moindre souci mécanique sur tout le parcours.. Un joli passage dans les pins avec des racines, puis une partie bien raide où je constate que la fourche Manitou R7 fonctionne bien et que je peux y aller franchement dans la caillasse. Il y a de nombreux photographes sur le parcours qui immortalisent les passages les plus chauds. Et un nombre incalculable de commissaires à toutes les intersections, bifurcations etc ... Du jamais vu. 20/20 pour l'organisation et le balisage. Comme il fallait s'y attendre, après la descente, il faut bien remonter. Ce sera la seule montée roulante du parcours. Je remonte de nombreux concurrents et franchi le sommet sous les "hop hop hop" des spectateurs pour déboucher sur le premier ravito au km 16 où Benoit me guettait avec l'appareil photo. Super ravito avec sucre, salé ( saucisson, miam ! ) et barres et gel énergétiques. L'organisation est au-dessus de tout soupçon, ravitos, balisage, surveillance des croisements, parfait, impossible de faire mieux. On profite de l'arrêt pour mettre un petit coup d'huile sur les transmissions bien encrassées par cette première partie humide. On repart en descente, avec des beaux passages à flanc de montagne et un single qui tabasse bien avec des cailloux partout, avant de monter au col de la Molède avec des passages raides et caillouteux qui obligent à porter le vélo. Puis on alterne montées et descentes pour arriver au ravito 2 situé au km 32. On quitte le ravito et se profile une première grosse difficulté avec la montée du col de Prat de Bouc. En monte droit dans l'herbe. La pente augmente progressivement, il fait super chaud, le terrain rend mal avec l'herbe et les cailloux. Benoit s'envole petit à petit, suivi par Ludovic. Nous avons à peine fait le tiers du dénivelé, donc je prends l'option de ne pas forcer. Après une longue ascension, on roule à flanc de versant. Le terrain est super cahotique, difficile de dépasser le 10km/h même sur cette partie "plate". Puis une descente assez roulante mais toujours technique avec les cailloux. J'ai l'impression d'avoir un marteau piqueur ( bien amorti quand même ) dans les mains. Arrivée au ravito 3 après 45km. Gros ravito avec un stand Mavic pour réparer les pépins mécaniques. Il fait de plus en plus chaud, nous sommes au pied du Plomb du Cantal. Il y a du monde, avec pas mal de randonneurs qui sont venus observer la course. Excellente ambiance, tout le monde nous encourage. Très sympa. On repart, un commissaire nous annonce 30 minutes de montée. Les jambes vont toujours bien, on part sur un bon rythme. Arrivée au tiers de la montée, je commence à avoir de plus en plus chaud. Et soudain, mon mollet gauche commence à tétaniser. J'ai pourtant avalé des litres d'eau depuis le départ. Je me sens nettement moins bien. A la réflexion, je pense que j'ai du être victime d'un coup de chaud, mais sur le coup, je n'ai pas le réflexe d'essayer de me rafraichir la tête avec de l'eau. Je pousse un peu le vélo avant de remonter dessus . J'arrive tant bien que mal à rejoindre le sommet après une montée qui nous amène à 1800m d'altitude au milieu de la neige. Il fait 35°C au thermomètre. Je lirai plus tard sur le CR de PYF qui a longtemps été en tête avant de chuter, qu'il lui est arrivé la même mésaventure mais qu'il s'est est sorti en se frottant la nuque avec de la neige. A noter pour la prochaine fois. Vue magnifique au sommet, surtout lorsqu'on bascule sur le sentier des crêtes, très sauvage. On est en pleine montagne. Grandiose ! . Le sentier en question est impraticable sur les premières centaines de mètres avec des cailloux et rochers partout. Cela s'arrange ensuite et on finit par déboucher sur la descente de la voie romaine. On descend dans l'herbe, mais gare aux passages rocheux, il faut garder la vitesse et tenir le guidon, ça secoue sévèrement. Au loin, on voit un nuage de fumée et quelques bangs supersoniques qui permettent de localiser Ludovic qui descend à Mach2 en survolant les obstacles. Chapeau pour le pilotage ! Arrivée au ravito 4 situé au km 55. J'avale un stock de gel énergétique et deux sandwhichs au saucisson. Je me sens bien entamé et pas rassuré sachant que la grosse difficulté annoncée se situe au km 61 avec presque 1000m de D+ à enquiller d'une traite et des zones de portage annoncées. On repart, avec une nouvelle descente technique où Ludo disparait rapidement de ma vue. Benoit m'attend gentiment. On descend jusqu'à 750m. Gloups, il va falloir tout remonter ! La remontée commence par une portion de route ( très rare sur ce parcours, qui ne comportait quasiment pas de route ) . C'est raide et j'ai du mal à forcer sous peine de crampe immédiate au mollet. Je mouline donc sur le 22x34. Après quelques centaines de mètres, on arrive sur un chemin qui se fait de plus en plus raide. Il faut bientôt se rendre à l'évidence : impossible de pédaler. On est parti pour plus d'1h30(!!) de portage/poussage qui vont nous mener à 1500m jusqu'au Puy de la Poche et au col du Pertus. 95% du parcours est inroulable. On passe donc du mode VTT au mode Trail. Sincèrement, en dehors du défi physique, je ne vois pas l'intérêt pour une course de VTT d'un passage pareil. La seule partie du parcours à revoir. Je suis vidé, mais mes pensées sont verrouillées sur un seul objectif : finir dans les temps , finir dans les temps, finir dans les temps. En poussant, en marchant, en rampant s'il faut, mais finir !!!! La montée est interminable et psychologiquement éprouvante. Il fait toujours très chaud, malgré trois gouttes qui tombent aux 2/3 de l'ascension. Benoit tape la discute avec un troupeau de vaches Salers pendant que je fait une petite pause. Il y a des commissaires postés aux endroits les plus improbables en pleine pampa pour nous encourager et noter les passages. L'organisation de laisse rien au hasard. Pour finir on monte droit dans la pente sur l'herbe des alpages. Pfuii... je commence à m'inquiéter pour les délais de passage mais on est encore dans les temps. Et nous voici en haut. Un commissaire nous annonce la descente. Ah ouf ! Ouais ... mais bon, la descente commence dans la neige ( ça passe ) puis se continue dans le lit d'un torrent avec de gros rochers. Il faut déjà redescendre du vélo et pousser en descente après avoir poussé en montée. Clairement le parcours le plus technique que j'ai jamais fait. On nous annonce le dernier ravito à 1km. Le km parait bien long, puis la descente se fait plus roulante mais toujours technique avec racines et rochers. Et voilà le dernier ravito. Il reste 1/4h de marge sur l'horaire d'élimination, c'était juste. Certains concurrents épuisés abandonnent et prennent la navette pour rentrer. Un commissaire nous annonce 3km de faux plat, 3km de légère montée et 4km de descente puis l'arrivée. On repart rapidement, car il ne faut pas trainer, l'arrivée ferme à 19h et il est 18h. On fait 500m et il faut déjà pousser le vélo. Les faux plats sont à 30% dans le coin ... Un passage plus roulant, où on alterne montées roulables et descentes. La moyenne n'est pas très élevée. Je commence à craindre le pire. Je compose de mon mieux avec ce fichu mollet gauche à crampes pour avancer le plus vite possible. Ah enfin, on descend sur la station. Courte joie, une nouvelle montée se profile. La descente de 4km n'existait pas . Heureusement, j'ai deux concurrents en ligne de mire, cela me motive. J'arrive à revenir à 10m . Un bout de route en descente, puis un chemin ... qui remonte. Encore 5m, un raidillon, je lâche tout, mais le mollet recoince et je reperds 200m. Et enfin l'aire d'arrivée que je franchis en 119ème position sous les encouragements du speaker à 18h55 après 10h45 de VTT et 9h31 de roulage. Benoit fini 113ème et Ludovic 101ème ( en arrivant 40 minutes avant moi, c'est dire les écarts ) . 82 km et 3200m de D+ mesurés au GPS pour 80km/3600m de D+ annoncé, mais quel D+ ! Quasiment aucune zone de récupération possible sur tout le parcours : pas de passages roulants et les descentes étaient aussi éprouvantes que les montées.De loin, l'épreuve la plus difficile qu'il m'ait été donné de faire. Un temps superbe, des paysages magnifiques, un parcours extraordinaire alliant physique et technique. Du vrai VTT. Seule fausse note, le portage interminable à remplacer par une montée faisable sur le vélo. Mais un grand bravo pour cette excellente organisation, et pour l'esprit ultra convivial qui régnait sur l'épreuve avec notamment une grande solidarité entre compagnons de galère parmi les concurrents. A refaire, mais cette fois , avec un tout suspendu. Les descentes sont très techniques et il y a moyen d'y perdre beaucoup de temps. Les suspensions et la selle télescopique du Prophet auraient été bien utiles sur ce parcours qui m'a surpris par sa difficulté et sa technicité bien supérieure à ce que j'imaginais. Quand je pense que le jeudi soir, on se disait que les délais d'élimination étaient calculés large. Au final, il s'en est fallu de 4 minutes. Enfin, pas vraiment, car devant le nombres de concurrents encore sur le parcours, le stand d'arrivée est resté ouvert jusqu'à plus de 20heures. On a d'ailleurs entendu les clameurs saluant l'arrivée du dernier vers 20h30 juste avant de repartir de la station.
Le temps de charger les vélos sur la voiture, il est donc 20h passées. On opte pour un bon repas dans un resto de Murat. C'est plein mais le patron nous dresse une table dans le bar. Décidément, ils ont le sens de l'accueil à Murat! . Une bonne salade auvergnate et une truffade et voilà l'énergie revenue pour assurer le retour en RP où nous arrivons à 3h du matin après une journée qui restera gravée dans nos souvenirs.
- Les photos sont ici
- Les photos de Benoit ( superbes ! )
- Le CR de Benoit
- Interview de Pierre-Yves Facomprez sur velo101
- Le CR sur le blog de Pierre-Yves Facomprez
- L'interview d'Aurelien Collet, 3ème
- Compte-rendu du Marathon sur velo101
4 commentaires:
salut les gars,
un marathon + une truffade dans la foulée!!il a du être dur le retour sur paris.je suis du club de ponthierry et j'étais également présent sur l'oxygène.j'ai même échangé qques mots avec l'un d'entre vous à propos de la mazaryvette je crois.super CR !!et
super photos.ça tombe bien,j'avais oublié l'appareil!rien qu'en vous lisant,j'en transpire encore!c'était vraiment raide et sur l'interminable montée,j'ai bien failli jeté l'éponge!!!j'ai fini avant avant dernier,mais j'ai fini,moi non plus j'en avais jamais autant bavé!!!
au plaisir sur les randos parisiennes.
christophe.
Hello Christophe,
Merci pour ce commentaire bien sympathique. C'était vraiment une belle aventure, surtout quand on arrive au bout. A refaire en 2009! Ce sera un plaisir d'en reparler ensemble si nous nous croisons sur une prochaine rando.
Salut,
Très sympa de lire ton résumé et de revoir les photos de cette superbe journée !
Et surtout de se reconnaitre dans "j'ai deux concurrents en ligne de mire" ... Je pense que c'était mon pote Laurent et moi même qui te précédions ...
Nous finissons 116 et 117ième : rien de glorieux, mais heureux d'être allés jusqu'au bout !
A l'année prochaine ?
Hervé
La date est déjà inscrite dans mon agenda pour 2010. Une journée mémorable qui donne envie de recommencer mais cette fois avec le tout suspendu que j'ai quand même bien regretté dans les descentes caillouteuses.
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