Les loups de Chabrière |
L'année dernière, nous avions failli avec Bastien , aller faire la 2ème édition d'un nouveau raid dans la Creuse, la Démons de Gueret , sur les toujours avisés conseils de notre ami Pedalator. Cela n'avait pas pu se faire faute d'anticipation suffisante, du coup je l'avais cochée de longue date sur le calendrier au vu des retours élogieux. Cette année, la team KHS est un peu décimée, mais Pat est partant aussi. Départ tardif vers 19h30 pour concilier les obligations familiales en cette veille de fête des mères, nous arrivons vers 22h45 au Campanile où JM & Mary dorment déjà du sommeil des pédaleurs acharnés. Installation rapide, et au dodo. L'édition 2015 s'annonce bien corsée, le raid monte en puissance et c'est plus de 70km et 2800 de D+ qui sont annoncés. Autant dire qu'avec Pat, on a des doutes sur notre monoplateau de 30 dents à l'avant, il parait que c'est plus roulant que la Granit, ça vaudrait mieux ... Une bonne nuit, un bon petit dej où JM & Mary viennent nous faire un petit coucou pendant qu'on bavarde avec deux particpants venant de Bordeaux à qui on révèle le secret du jour : il y a 700m de D+ que l'année précédente. Il y a moins de 10 minutes entre la Chapelle Taillefer, lieu de départ et Gueret, nous y sommes à 8h pour un départ groupé prévu à 8h30. Seul petit bémol d'une organisation parfaite toute la journée, il n'y a pas de file pour les pré-inscrits et du coup on perd un temps incroyable à récupérer les plaques, on arrive sur la ligne in extremis. Un quad nous ouvre la route sur le premier km, puis il nous laisse le champ libre. Devant, quelques fusées dont les traceurs de la Granit s'envolent. Une pensée pour Benoit, la journée s'annonce longue, passage en mode raid :-) . On reste ensembles avec Pat et Mary. Ca monte presque tout de suite, une montée pas trop raide qui permet de chauffer les jambes mais qui dure un bon bout de temps. Bon, le 30 tient le choc , les gambettes aussi. Je sens Mary un peu craintive dans les premières descentes, elle n'a pas encore retrouvée toute sa confiance. J'ai changé la chaîne qui claquait ces derniers temps, elle ne claque plus là, elle saute ! Grrrrrr , ça va être gênant cette affaire, j'aurais du mettre une cassette neuve, pas eu le temps. Je bricole les réglages, mais je serai condamné à passer à pieds les montées > 20% heureusement rares sur le parcours. Cette première partie reste relativement roulante : ça monte et ça descend , mais les chemins sont assez larges, le terrain est identique à la Granit avec une différence notable : tous les deux/trois kms , alors que le terrain est sec voire poussièreux, on trouve des zones ultra molles du fait du ruissellement, marque de fabrique du coin. Les gués, passages de ruisseaux, ou marécages gluants sur 20m ne sont pas rares et font partis du folkore local. On distance un peu Mary à la faveur d'une ou deux descentes un peu plus techniques mais elle nous rejoint au premier ravito situé au km 21. 500m de D+ à ce stade. Amorto de son Spark un peu trop gonflé, elle nous fait peur en tentant de le dégonfler à la main, un truc à finir à plat ça ! C'est reparti, ça monte comme après tout ravito qui se respecte. Nous roulons à nouveau de concert, puis je prends un peu d'avance sur mes camarades. On arrive au km 35, et là, d'un coup , changement de décors. Une descente vertigineuse, granitesque voire plus. Heureusement c'est sec, mais je poserai le pied sur un pente à 40% qui se termine sur deux rochers qui me font douter de pouvoir tourner avec le vélo qui gliiiisssse . On entame une sacrée partie de montagnes russes, et cette fois, ça monte plus raide et dans les cailloux. Je prie pour que les jambes tiennent, le 30 me tire bien dans les pattes. Arrivée au ravito 2, située dans le parc à loups de Chabrières. Super ravito, il y a du saucisson, il ne peut plus rien m'arriver de grave. Pat arrive peu après , suivi à quelque distance par Mary. On fait des photos des loups de l'autre coté de la palissade, beau spectacle inhabituel. Nous voilà repartis; Cette fois, ça ne rigole plus : montées et descentes sont raides et techniques, mode Granit on . A la faveur d'un raidar bien costaud, je prends à nouveau un peu d'avance. Ce passage est top : plein de descentes dans la tourbe avec des épingles, que j'arrive bien mieux à passer avec le Cube qu'avec le Fat à Bleau.
On place les épaules, un coup de frein et ça tourne tout seul, à gauche , à droite, à gauche, à droite, waouh, le pied, j'adore. Puis ça monte ... Plus personne derrière, je décide de continuer jusqu'au ravito 3 prenant beaucoup de plaisir sur les passages techniques qui serpentent entre les arbres et les rochers. Ravito 3 , km 52, arrêt rapide , je croise JM qui sort de la boucle qui nous ramène à ce ravito ensuite. Bigre, il a pas chômé. Pas de Pat ni de Mary, je me lance sur la boucle, qui commence par un sacré toboggan avec une belle descente, longue et rapide , longue, longue ... Donc forcément, va falloir remonter tout ça . Et effectivement c'est le cas : une longue, longue, longue montée , bien raide sur une bonne partie, avec des ruisseaux et des cailloux. Ma fortune contre le plateau de 26 devant. Je ferai une pause de 30s, pas par lassitude physique mais mentale, j'aime pas quand ça tire comme ça dans les jambes. Je parviens quand même en haut, encore une petite enfilade et des jolis passages, on revient au ravito, tout va bien, donc je ne m'arrête pas, je me dis que ça va se calmer. Et non, pas du tout ! Un portage de la mort, où je dois m'accrocher aux arbres pour pas redescendre. Encore plein de beaux passages en descentes raides dans la tourbe, voyant au loin une zone molle, je me lance plein gaz dans un tobbogan et bien, insuffisant : le vélo s'arrête net au milieu de la masse noire dans laquelle je m'étale de tout mon long, surpris par ce ralentissement express. Encore des montées, j'ai en mémoire un profil descendant après le km 63. Ah ben pas tout à fait, on se retrouve sur un micro single au bord d'un énième ruisseau qui serpente en montagnes russes au milieu de racines énormes. Ca monte moins mais ça avance pas plus vite pour autant. Je prend du mauvais coté du ruisseau à un moment, la roue avant se bloque dans un trou et me voila en tonneau dans un buisson de ronces, aie, ça pique. Je repart avec un gars du club de Mornac. La chute m'a filé une crampe à la cuisse gauche, pas moyen de le suivre, ça tire dès que je mouline; Puis je me souviens d'un conseil d'Eric, faut mettre du braquet. Ah, essayons : je me mets à grimper en danseuse avec 5 dents de moins et ça marche d'enfer : je me rend compte que j'ai encore du jus , dépasse mon camarade de jeu, et je retrouve un très bon rythme pour le final qui me ramène au point de départ avec un grand sourire, 6h10 de roulage au GPS , 2400m de D+ (ça suffisait ! ) et 73,7 km. Une sacré belle épreuve que j'ai adoré, et un bon entraînement pour dans 15 jours. Organisation au top, balisage vraiment parfait, ravitos bien fournis, sucré/salé à partir du 2ème, plateau repas à l'arrivée, et beaucoup de sourires et de bonne humeur, bravo ! Ah j'oubliais : pour la Granit, aucune hésitation, plateau de 26 devant :-)