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Au départ de la descente "A-Line" |
Pedalator avait écrit dans son CR de l'édition initiale "La Granit se mérite". Une première participation en 2012 m'avait plus que convaincu de la pertinence de cette affirmation. Aussi bien physiquement que techniquement, l'improvisation n'est pas de mise sur ce parcours d'une rare exigence. Ayant fini dernier et épuisé en 2012, j'ai fait de mon mieux pour améliorer les choses en 2013. Pour commencer, passage au 29" qui me semblait une option bien adaptée à ce parcours truffé d'obstacles et de gros cailloux de granit. Séances d'entraînement en mode "chamois" avec Xav pour améliorer l'assurance dans les passages techniques. Et malgré un emploi du temps professionnel ne laissant que peu de temps disponible, j'ai roulé nettement plus ces trois derniers mois que l'année précédente, atteignant progressivement une forme qui me semblait bien adaptée au contexte. Tout cela a porté ses fruits même si un paramètre imprévu est un peu venu perturber le scénario : le retour de la chaleur après 8 mois de mauvais temps. Mais revenons au début de l'histoire. La période de préparation n'a pas été exempte de difficultés, ne serait-ce que la pire météo de ces 20 dernières années en région parisienne, comme partout ailleurs en fait :-) . Puis la chute malheureuse de Benoit qui le laisse sur le carreau pour quelques temps, et me voilà privé de l'ami avec qui j'ai fait tous les beaux raids. Heureusement, la motivation pour l'objectif est toujours là et l'ambiance dans notre petit groupe reste dynamique. Je passe finalement sur un cadre carbone, la faute à Patrick qui atomise les parcours depuis 2 mois avec son Canyon 29"' SLX et qui a eu le malheur de me le faire soupeser. A la Granit, le poids est un ennemi avec la répétition des bosses raides qui n'en finit jamais. Je me laisse donc tenter, et je travaille aussi sur le poids du vététiste :-) . Le résultat est probant, le vélo est à la fois super efficace dans le technique et dans les relances. J'ai ressorti ma vieille Gravity Dropper, la tige de selle télescopique ne fait pas de mal sur ce type de parcours malgré les 400g de plus. Me voilà en confiance pour les descentes où j'avais bien souffert en 2012. Bastien nous entraîne dans des parcours de plus en plus techniques et longs, il roulerait bien du matin au soir si on le laissait faire ! Xav montre de son coté un enthousiasme de plus en plus galopant pour la technique, il nous impressionne mais ses vélos n'en sortent pas indemnes à tous les coups ! Patrick retrouve ses jambes de 20 ans malgré quelques soucis de rythme cardiaque, pendant qu'Olivier prépare son affaire avec son flegme habituel mais une motivation sans faille. Ce sont des centaines de mails qui s'échangent pendant cette phase, la pression monte petit à petit. Et puis voilà, c'est le jour J . 13h, Savigny sur Orge, nous nous retrouvons pour prendre la route vers Saint-Sylvestre. Le sort est jeté, maintenant place à la course qui a boosté notre motivation pendant l'hiver et le printemps. Voyage sans encombres, nous arrivons vers 17h pour retirer nos plaques. Et quelle n'est pas ma surprise de voir l'équipe d'organisation venir me serrer la main "alors JP de retour ? Et dans les premiers inscrits en plus ! " . Vraiment une équipe super sympa :-) . Je retire donc mon numéro 16 pendant qu'on regarde avec Patrick l'impressionnant profil du parcours. Notre organisateur en chef nous met la pression "attention à la chaleur, le sol est gorgé ça va être humide et dur pour les organismes, il faudra boire . Le parcours a été modifié, on a retiré tous les passages roulants (!) , cette année ce sera encore plus dur". Gloups . Olivier, Xav et Bastien arrivent à leur tour. Bastien ne peut résister à l'envie de descendre le VTT de la voiture pour une petite reco, on le suit ... à pieds . D'évidence, le terrain sera bien plus sec qu'en 2012 quand bien même serait-il gorgé en profondeur. Voilà qui est rassurant. Puis on file à l'hôtel avec une alerte, Bastien a soudain mal à la tête et il faut trouver une pharmacie de garde. De mon côté, l'appareil photo est HS, on fait un détour par le Cora pour en acheter un autre histoire d'avoir quelques petits souvenirs. Finalement, tout est bien qui finit bien et on se retrouve à la pizzeria pour le traditionnel plat de pâtes, puis dodo. 8h15, on se rapproche de l'aire de départ, je n'avais pas trop fait attention et il y déjà plein de monde, on se retrouve tout derrière, c'est raté pour le départ canon que j'avais projeté de faire pour éviter les bouchons dans les premiers passages techniques. 8h30 , c'est parti !
Pas de chutes au départ cette année, je pousse fort sur les pédales pour remonter un maximum de monde. Ca ralentit à l'approche de la première descente, mais ça ne coince pas trop. Je prends mon rythme, décidé à ne pas trop taper dans la machine sur la première partie du parcours, je me cale sur une moyenne autour de 10 km/h. Première grimpette du jour et ensuite première descente technique, ici ça s'appelle des "défis". Je me sens à l'aise contrairement à 2012 et je suis tout content de passer les épingles sur ce qui me semble être une belle trajectoire. Alors que nous sommes partis depuis 45 minutes, un bruit de vélo qui se rapproche derrière et une voix très gentille qui me dit " est-ce que tu peux serrer un peu à droite pour que je passe". Ca change des "attentions à gauche" parfois un peu agressifs qu'il arrive d'entendre. Je m'exécute immédiatement et j'ai alors l'agréable surprise de voir passer le maillot du champion du monde. JP Stephan himself parti 10 minutes après nous sur le 55km. Je suis bluffé par la fluidité de sa trajectoire, il enquille une épingle juste devant moi où le vélo semble tourner par magie. Chapeau le champion ! J'essaie de suivre pour voir, mais il faut se résoudre à la dure réalité : mission impossible. Peu après le ravito 1 où je ne m'arrête que 2 minutes , j'entends la voix de Patrick parti doucement pour caler son coeur et qui revient. Chic, on va pouvoir rouler ensemble . Le profil du parcours ne permet pas plus que ça les bavardages amicaux, donc je continue ma descente en slalomant entre arbres et cailloux sur une pente vertigineuse. Cette première partie de parcours a nettement évolué depuis l'année dernière. Plus aucun instant de répit, la moyenne baisse et je me dis qu'il ne va falloir s'endormir pour passer la porte horaire. Au lieu de subir les descentes, j'en profite cette année et je me fais plaisir. Le parcours est terriblement physique mais aussi génialement ludique, du vrai VTT, mais alors du vrai de vrai. De grimpettes en défi, nous progressons lentement mais surement. La terminologie locale est simple à retenir. Grimpette : montée raide pleine de gros cailloux qui vous extermine les jambes. Descente : partie descendante raide qui tabasse, donc facile. Défi : descente technique de la mort qui tue avec des gaps , des sauts de rochers, des épingles en dévers pleines de cailloux, quelques racines judicieusement placé là où il ne faudrait pas, et autres gâteries pour amateur de VTT. Je ne vois plus Patrick et me demande où il est passé. Un coup de mou est toujours possible sur ce parcours. En fait, je ne le sais pas encore, mais il est dans le camion des pompiers après une chute. Je roulerai longtemps avec les mêmes gars, dont un très sympa avec l'accent chantant du Lot. Me voilà au ravito 2, je ne m'éternise pas, je commence à m'inquiéter de la porte horaire. Il este 1h20 pour 8km et sur ce terrain, on ne sait jamais. Autant cette partie était relativement plus facile en 2012, autant le ton est encore monté d'un cran cette fois. Les organisateurs, vraiment aux petits soins, m'ont même prévu des défis rien que pour moi : je prend en photo le "défi du moulin" :-) .
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Mon défi à moi :-) |
Voilà enfin la porte horaire, 13h05, 25 minutes de marge, c'est moins qu'en 2012. Youpi, maintenant c'est bon, je peux lâcher les chevaux. Après avoir récupéré la petite pastille collée sur la plaque, je tombe deux dents derrière, objectif 8h30 de temps total. Oui ... mais c'était compter sans la chaleur. Dans la grimpette qui suit, alors que je viens de passer trois concurrents, je sens soudain une douleur électrique remonter le long de la cuisse gauche : crampe ! Aie ! Je suis obligé de stopper et marcher 200m pour la faire passer. A partir de là, j'aurai beau boire à en avoir mal au ventre, rien à faire, me voilà équipé d'un limiteur de régime intégré. Alors qu'il me reste plein de forces, impossible de dépasser une certaine intensité sinon les crampes reviennent. Je bénis l'idée d'avoir monté un 20 dents à l'avant pour l'occasion. En moulinant sur 20x36, ça passe, le souci c'est que j'avance doucement. Mais bon, tant pis, je profite du paysage magnifique sous le soleil et de la qualité du parcours. Je rêve d'un portion plate de 2 ou 3 km pour éliminer les toxines mais ça restera du domaine du fantasme Juste avant le ravito 3, un gars en bleu me rattrape. C'est David ! Un lecteur de mon blog que j'avais croisé à St Germain. Il a eu plein de soucis mécaniques et m'explique avoir perdu 1h30 suite à quatre bris de chaînes. On lui en a ramené une de St Sylvestre et le voilà reparti. Bigre, il m'a donc mis 1h30 quand même le garçon ! On discute un peu, pas moyen de le suivre avec les crampes. Je parviens à me hisser jusqu'au ravito 3 en moulinant, où je suis accueilli par un "ça va JP?" . Si ça continue, je déménage à Limoges et je m'inscris au club :-) . La charmante dame du ravito est toujours là cette année et son mari toujours signaleur, mais cette fois, il a appris le parcours par coeur ( voir l'histoire du ravito à 800m de 2012 ) . Je m'hydrate un maximum et me jette sur le salé espérant refaire les stocks de sodium. Je repars rapidement, les 8h30 semblent toujours accessibles en frôlant les 10 de moyenne, pourquoi pas. Après tout, je suis juché sur l'arme secrète, le vélo en est capable mais le vététiste le pourra-t-il ? Magnifique descente après ce ravito, c'est fluide et je me fais plaisir, je suis reparti avec le gars du Lot toujours aussi sympa. Je rate un peu un virage et pars dans la nature, il me suit et nous jardinons quelques mètres hors piste. Nous sommes sur le tronçon entre les km 50 et 65 que je sais être le plus dur avec de longues grimpettes raides entrecoupées de descentes raides qui ne permettent pas de récupérer. Je suis toujours en mode moulinage ( après tout, ça doit être normal pour un dumoulin ), rien à faire, les crampes reviennent si j'essaie de forcer. Mais je suis dans le même rythme qu'un petit groupe dans lequel nous nous retrouvons, c'est toujours bon pour le moral de rouler à plusieurs. Au grès des difficultés, chacun prend un peu d'avance ou de retard . La grimpette avant
le ravito 4 est interminable, je me demande si je finirais par y arriver. Soudain, je vois un concurrent devant, ça me rebooste, et j'arrive peu après lui au ravito. Dernière séance salé/sucré/boisson. Et c'est reparti pour les 10 derniers km. Je sais que la fin de parcours est - un peu - moins dure que ce que nous venons de faire. Mais bon, c'est très relatif hein ! Je reconnais des passages que j'avais pris avec les "fermeurs" derrière moi en 2012. Là, je suis tout seul, ma cible est repartie avant moi et a pris le large. Je reconnais la descente qui passe entre les blocs de granit, mais ayant un gros doute sur le cintre de 720 du vélo, je passe prudemment sur la gauche en mode contournement. Les dernières descentes sont bien fun, les montées ... un peu moins bien que pas trop raides. Le 20x36 est toujours de sortie. Une descente rapide et je retrouve le gars qui était devant, chaine cassée. Je lui demande s'il a de quoi réparer, c'est ok, je continue, en fait je ne suis pas sûr qu'il en reste derrière et mon honneur est en jeu, j'aimerai bien éviter de finir dernier.
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David |
Les 8h30 se sont envolées depuis longtemps et je suis parti pour faire un temps comparable à l'année dernière. Pas de panneaux décomptant les km, je reconnais l'avant dernière grimpette, qui passe sans crampes. Surtout ménager la machine, je veux absolument monter la dernière sur le vélo ! Voilà la descente du Castor, c'est pas la plus facile avec les épingles en devers que je passe ... un peu moins vite que JP Stephan mais sur le vélo. L'avantage du 29", c'est qu'on peut facilement l'arrêter, examiner la topographie des lieux, méditer la trajectoire et repartir, le tout sans poser le pied. Et si, si, ceux qui n'ont pas encore essayé devraient le faire. Je passe tranquillement la descente en mode tortue "lentement mais surement". Et voilà l'ultime grimpette. Ca tabasse dans les cailloux au départ, je bute et pose pied à terre. J'en profite pour me retourner, raaaahhh, le gars derrière revient. Je saute sur la selle, oublie les crampes et pédale tout ce que je peux. Et voilà un gars qui descend m'encourager "allez encore 300m" puis Bastien. Putain, ça booste bien les encouragements. Le souci c'est que je sens que ça tire sur la cuisse gauche, je ralentis le ryhtme et essaie de décontracter la cuisse, ne pas poser le pied, c'est mon obsession du moment. Miraculeusement ça tient, la petite bute d'arrivée, Yes ! J'y suis . 9h54, incroyable le même temps qu'en 2012 mais presque 50 places de mieux, le parcours à fait de gros dégâts cette année. Quelle course mes amis ! Malgré les crampes, j'ai pris beaucoup de plaisir sur le parcours. Juste une petite chute sur une racine en diagonale dans une descente le long d'un grillage, j'étais d'ailleurs déjà tombé l'an dernier au même endroit. Le seul paramètre imprévu c'était la chaleur, il faudra revoir l'alimentation en course dans ces conditions. Mais le plus important reste le plaisir et il était au rendez-vous. Pas le moindre souci mécanique, le vélo à fonctionné à merveille, super efficace et confortable. Bravo et merci aux organisateurs pour votre talent et votre gentillesse. Balisage au top, ravitos parfaits, continuez ainsi ! Seul bémol, Patrick a fait une chute malchanceuse en posant le pied dans un trou à l'arrêt, il a versé sur un rocher, deux côtes fêlées, bon rétablissement à lui. Olivier a raté la porte horaire pour 5 minutes, allez, ça va finir par le faire ! Bastien quant à lui a carburé, finissant dans le top 40, et notre chamois Xav a largué tout le monde dans les descentes, souffrant un peu dans les montées avec quand même moins de 8h30 pour une première participation. A l'arrivée il manquait 2 rayons sur la roue avant et il a arraché la pédale sur un rocher mais rien ne l'arrête :-). 74km et 3050m de D+ au GPS.
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Arrivée après 9h54 d'efforts |