vendredi 16 août 2019

Mercredi 14/09/19 : l'Artzamendi, la montée ultime




L'Artzamendi et ses 3,5 km à 19% de moyenne sur la partie finale ( et les passages à 20% ne manquent pas avant ! ) . La litterature le présente comme la montée la plus dure en France. Ce qui est sur , c'est que c'est la montée la plus difficile que j'ai eu l'occasion de voir. Un truc de malade. 11 km de montee au total et un mur de 3,5 km comme final avec  juste 300m de repit au col de Mehatze avant la dernière rampe droit dans la pente.

J'avais inscrit cette sortie de longue date au programme de mes vacances 2019 à Hendaye. Et prévu pour l'occasion une cassette 11x36 , permise par ma transmission Sram Force 22 .

Après avoir lu tous les CR disponibles sur cette ascension,  mon développement habituel de 34x32 pour les vacances m'avait semblé juste. Je n'ai pas trouvé trace dans le répertoire des cols Français de quelque-chose de plus terrible que les 4 derniers km de l'Artzamendi. Au point de me demander si je pourrais en venir à bout. On lit des trucs incroyables dans les CR , comme l'histoire du gars qui y est retourné en voiture pour montrer le sommet à sa femme, mais la voiture a explosé son radiateur sous l'effort !  Le hasard a fait que Benoit était finalement dispo pour une semaine et qu'il m'a rejoint à Hendaye. Beaucoup plus sympa de relever un tel défi à deux .

Nous prenons la voiture jusqu'à Saint-Pée sur Nivelle, afin de faire tenir la sortie dans un horaire raisonnable compatible avec le programme chargé de la journée ( ascension du Gorramakil l'après-midi avec ma fille ) . Destination Itxassou pour prendre le depart de la montée ( possible aussi depuis Espelette , nous emprunterons cette option au retour ) .

Départ magnifique avec une route à flanc de falaise surplombant une rivière sauvage sur laquelle on peut pratiquer le rafting .




La route est quasi plate à cet endroit, mais on y va très tranquillement avec Benoit. L'objectif est d'arriver en haut sur le vélo, pas de faire un temps .

Et puis ça se met à monter avec des taquets à 20% suivis de replats et de petits descentes. Rapidement, le pignon de 36 est engagé. Et il faut tirer fort sur le guidon. Benoit n'a qu'un développement de 30x28. On a tenté de monter une cassette de 32 mais elle n'était pas compatible avec son dérailleur Campagnolo.

On grimpe dans la forêt sur une route en zigzag. Un peu trop de voitures à mon goût ce matin, il n'y a pas la place pour se croiser et c'est stressant d'entendre un moteur derrière soi. Heureusement, plus on monte plus les voitures se font rares.

Ca devient de plus en plus raide avec  quelques replats et descentes pour relâcher la tension. Dans le raide, je vois Benoit s'éloigner tout doucement devant moi sans essayer de le suivre. Je reste sur mon rythme, je tire plus petit que lui et je cherche à m'économiser ne sachant pas comment va se passer la suite.

On arrive à découvert et on voit enfin le sommet  avec le dôme radar qui surveille la région. Nous voilà au départ des fameux derniers 3,5 km. C'est le moment de vérité. La route s'élève incroyablement raide. Je vois Benoit devant moi dans la première rampe à quelques dizaines de mètres mais ça fait un paquet de secondes pour les parcourir !

Nous y voilà donc . Waouh que c'est dur ! Je regarde derrière pensant que le 36 n'a pas voulu passer mais si , je suis bien tout à gauche. Hélas !c Meme avec ce développement j'ai du mal à rester assis sur la selle et je suis obligé de me mettre parfois en danseuse ce qui donne un pédalage sacadé avec un si petit rapport.  Je repasse sur le 32 , oulala , c'est trop dur. Je remets le 36 me rassoit et donne tout ce que peux pour avancer. Ca tire dans les jambes. Je croise des pietons qui me crient "Allez Allez , bravo bravo , il est juste devant !" . Je souris, aucune ambition de faire la course avec Benoit, c'est plus une lutte contre moi même, il faut tenir. Raaahhh banzai, je tire fort sur le guidon et essaie d'accélérer ... et je manque de faire un looping arrière, la roue avant se lève de 20cm , je me couche sur le vélo pour la reposer. Première fois que je lève l'avant sur la route. Heureusement,  les réflexes VTT sont là . Chose incroyable les rares voitures stoppent pour m'encourager. Sympa et ça fait du bien car ce genre de montee est d'abord une affaire de mental.

Je sais qu'il y a le Col de Mehatze à environ 700m d'altitude, avec un petit replat, il faut tenir jusque là. Un virage à droite affreusement raide, je m'arrache en danseuse, mais ça se calme à peine derrière, c'est dur , faut serrer les dents . J'ai l'impression d'avancer comme un escargot, mais l'altimètre défile vite , voilà les 700m et le replat de 200m . Je le parcoure au ralenti pour faire redescendre le coeur pendant que je vois Benoit s'élancer dans la terrible rampe finale, bien droite.

M'y voilà à mon tour, l'idée d'accélérer pour tenter de revenir me traverse l'esprit une milliseconde et je me ravise, ne pas se mettre dans le rouge ce serait redhibitoire ici. Je change la page du GPS je ne veux plus voir la vitesse qui oscille entre 5 et 7 km/h.

Et je monte, je l'avoue parfois en zigzag pour réduire la douleur dans les cuisses. Ca monte, ça monte, ça n'en finira jamais ?  Je regarde le profil sur le GPS, pas la moindre trace de replat avant le sommet.

Enfin, j'y suis, les 200 dernières mètres sont presque plat, la douleur disparait enfin et fait place au plaisir d'y être arrivé et à la vue , magnifique, extraordinaire, incomparable . Vue à 360° , le monde nous appartient. Quel endroit magique !

 Il a vraiment fallu serrer les dents et y croire jusqu'au bout avec les jambes qui brulaient et le soleil qui tapait. Mais on l'a fait . Yes, youpi , waouh , victoire !! . D'un coté toute la Côte Basque et de l'autre la chaînes de Pyrénées. Fabuleux, ça méritait tous ces efforts.  Retour bien costaud avec le terrible col de Legarré, un petit Artzmendi avec une rampe de 1km à 20%. Sacré Pays Basque, mais quel pied ! On s'est regalé . Attention, ne pas s'aventurer dans cette ascension sans savoir ce qui vous attend. On a croisé quelques cylistes complétement rétamés au bout de quelques dizaines de mètres dans la partie finale.










3 commentaires:

Unknown a dit…

Suspense séquence raide et non Benoît encore devant au sommet 😉
Hey jp tu roules tu roules mais tu manques de relance dans la montée 😆

Unknown a dit…

Bravo mon coach😊

khs91 a dit…

@Seb, la prochaine fois, on t'emmène pour que tu puisses attaquer Benoit dans la partie finale :-)